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Des rythmes scolaires pour les enfants ?

Le gouvernement Sarkozy, sous l’égide du ministre Darcos, avait supprimé le samedi matin afin de flatter une base électorale. Mais en diminuant les heures d’apprentissage des élèves, il augmentait dans le même temps les programmes scolaires, il démantelait les réseaux d’aide aux enfants en difficulté (RASED), les renvoyant à des heures de soutien, il diminuait le nombre de postes aux concours et sabrait la formation des maîtres. Globalement, les élèves perdaient 2 heures d’enseignement par semaine avec des programmes surchargés et des professeurs non formés et précaires en face d’eux. Les conséquences sont que les programmes lourds obligent les enseignants à évacuer de leur enseignement toutes les matières culturelles, artistiques, ludiques, et les amènent à se concentrer sur ce que les programmes nomment « le socle commun » : lire, écrire et compter. Ces conséquences sont désastreuses pour les quartiers populaires puisqu’elles réduisent l’enseignement au basique et provoque un désintéressement des enfants qui sont plongés dans leurs difficultés. Les enseignants ont lutté contre cette réforme (grèves et manifestations de 2009), majoritairement contre la suppression du samedi matin et contre les programmes de 2008.

La réforme que propose le gouvernement actuel ne change rien à celle de Darcos.

Au contraire, elle l’alourdit. Les programmes ne sont pas remis en question. Les postes promis sont amoindris du fait des départs en retraite et ne combleront pas le déficit criant d’enseignants (250 classes sans élèves dans le 93 à la rentrée 2012). La semaine est surchargée par une journée supplémentaire qui n’apporte aucune heure en plus puisque les élèves sont censés quitter les cours 45 minutes plus tôt chaque jour.
De plus, cette réforme aura pour effet d’appauvrir davantage les municipalités en difficulté puisque les textes précisent qu’aucun enfant ne doit quitter l’école avant l’heure habituelle. Ceci oblige donc les mairies à organiser des activités péri- scolaires qui ne seront pas financées par les seules subventions ponctuelles de l’Etat. Dans le 93, la ville de Montreuil a testé l’emploi du temps proposé par le gouvernement. Résultat : plus d’accidents dans les cours de récréation le vendredi après midi du fait de la fatigue et plus d’absences de professeurs. Dans un contexte où les enseignants absents ne sont quasiment plus remplacés, cette réforme est mal venue. Peu de villes mettront en place cette réforme en 2013 et celles qui le font passent en force contre l’avis des enseignants, des parents d’élèves locaux, des employés municipaux travaillant dans les écoles, des animateurs de centres de loisirs. A Aubervilliers, après une consultation des 33 conseils d’écoles unanimement contre, c’est sous les huées d’une assemblée d’environ 200 personnes que le maire a imposé la réforme.

Cette réforme n’est pas faite pour le bien des enfants.

Les villes populaires n’auront pas la possibilité de tous les accueillir, et les renverront aux familles dont l’un des parents ne travaille pas. Les effets d’annonces concernant la formation, la réduction des vacances d’été, ne rassurent pas les enseignants, car ces chantiers auraient dû être menés dans le même temps. Ce gouvernement a voulu répondre aux inquiétudes de son électorat et se démarquer de son prédécesseur, mais du fait de la crise, il n’a pas les moyens de ses ambitions : la preuve en est qu’il se met à dos son électorat historique en imposant une réforme dénigrée de tous.

 

Une camarade

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