Actualité > Quitter l’Union européenne ou y rester : pour les prolétaires, c’est du pareil (...)

Quitter l’Union européenne ou y rester : pour les prolétaires, c’est du pareil au même

La sortie de l’Union européenne l’a emporté d’une courte tête au Royaume Uni. L’impérialisme mondial est en pleine restructuration, et il va falloir voir si seule la façade va changer avec le maintien des liens privilégiés qui subsisteront l’UE (c’est la volonté des monopoles), ou si une restructuration des blocs mondiaux va se mettre en place à cette occasion. De toute manière, quitter l’UE prendra plusieurs années au pays et les partisans chauvins de la rupture crient victoire un peu vite...

 

Ce référendum avait été proposé par le gouvernement conservateur du premier ministre David Cameron dans l’espoir de détourner la population britannique vers le nationalisme, afin de pointer du doigt un responsable fantasmé aux difficultés sociales et économiques.

 

Le Royaume-Uni, pays impérialiste dirigé par le capital financier, a rejoins la Communauté européenne en 1973. Ce sont les capitalistes britanniques qui, dès les années 1960, ont violemment restructuré l’économie du pays, laminant son industrie, générant un chômage massif, plongeant des millions d’ouvrières et ouvriers dans la pauvreté, pour réinvestir leurs capitaux ailleurs ou sous forme de placements financiers... ils n’ont pas attendu les directives de l’Union européenne pour cela.

 

Au Royaume-Uni comme ailleurs, l’Union européenne (UE) ne fait qu’accompagner ce mouvement de restructuration. L’UE est en quelque sorte le syndicat des puissances européennes, comme la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, réunies pour trois raisons : défendre leurs intérêts communs face aux autres grandes puissances, fixer des règles communes pour faciliter la circulation du Capital sur le continent, et organiser leur domination sur les petits pays dominés d’Europe du Sud et de l’Est.

 

Le Royaume-Uni occupe historiquement une place particulière dans l’UE, car le pays est très lié économiquement et politiquement aux États-Unis : c’est pour cela que le pays est moins intégré à l’Union que ne le sont la France ou l’Allemagne. Les capitaux britanniques et étasuniens veulent pouvoir circuler librement en Europe, mais en même temps le Royaume-Uni ne peut pas trop s’investir dans un projet qui menacerait la suprématie des USA. Les gouvernements britanniques ont souvent attisé le sentiment anti-européen, sous prétexte qu’il serait soucieux des intérêts du peuple britanniques : il s’agit juste, à chaque fois, de défendre les intérêts particuliers du Capital britannique et de la bourgeoisie qui le possède.

 

Certes, le capital financier britannique est massivement partisan du maintien du pays dans l’UE, on pourrait penser que l’intérêt du peuple serait inverse. En effet, l’UE applique la politique que les intérêts des grands groupes capitalistes lui ordonnent d’appliquer. Mais c’est également ce que faisaient déjà sans elle les gouvernements nationaux. Si le Royaume-Uni quittait l’UE, son gouvernement ne fera qu’appliquer la politique pro-capitaliste de l’Europe à sa place, tant que le gouvernement restera celui de la grande bourgeoisie.

 

Par ailleurs, aussi bien chez les partisans de la sortie que du maintien dans l’Union européenne, ce sont souvent les arguments les plus réactionnaires qui ont le vent en poupe. Les partisans de la sortie de l’UE, le parti UKIP ou des membres du Parti conservateur, sont des néo-libéraux qui affirment que l’Union entrave la liberté des capitaux britanniques ou est trop ouverte aux migrants. Le premier ministre David Cameron défend qu’au contraire, rester dans l’UE est le meilleurs moyen de se « débarrasser » des immigrés sur les autres pays d’Europe.

 

Des courants trotskystes ou réformistes prétendent donner un contenu progressiste soit à la campagne pour le maintien dans l’UE, soit à la campagne pour la quitter. Le chef du parti travailliste, Jeremy Corbyn, prétend que l’UE protège les « emplois et les droits des travailleurs »  : tous les prolétaires d’Europe ont pu constater le contraire. Le parti trotskyste SWP affirme que la sortie de l’UE peut prendre une orientation « ouvrière, de gauche, internationaliste ». Mais lorsque ce sont les idées racistes et néo-libérales qui dirigent cette campagne, que peuvent-ils espérer  ?

 

Mais ils ne font, dans les deux cas, que servir des campagnes réactionnaires. Au Royaume Uni, la position ne pouvait être que d’appeler au boycott de ce référendum. Tant que les pays impérialistes le resteront, la sortie de l’UE ne peut être une démarche progressiste. Il n’y a que par la révolution prolétarienne que cela est possible.

 

OCML Voie Prolétarienne, le 24 juin 2016

Soutenir par un don