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Salaire, prix et profit

Partisan N°218 - Février 2008

« Travailler plus pour gagner plus », tel serait le nouvel art de vivre. Mais comment se fait-il que ceux qui se lèvent tôt, travaillent dur ont bien souvent des salaires qui leur permettent à peine (et parfois pas du tout) de faire face à leurs besoins. Paradoxalement, ceux qui gagnent plus (et même possèdent un capital immense) ne sont pas épuisés par leur propre travail. Ces rapports entre le Travail et le Capital sont à la base de l’exploitation que nous vivons tous. Mais pour abolir cette exploitation de l’homme par l’homme, nous devons comprendre les mécanismes de cette exploitation.

1 Salaire et prix

Quand ils sont employés par un capitaliste, les travailleurs reçoivent un salaire. Contre ce salaire, fixé par le contrat de travail, ils cèdent au patron le droit d’utiliser leur force de travail pendant 7, 8... voire 10 ou 12 heures par jour. Cette force de travail, manuel et intellectuel, si les travailleurs la vendent c’est qu’ils ne peuvent pas vendre autre chose, ils ne possèdent pas d’autres marchandises. La grande majorité des travailleurs ne possède pas, ou ne possède plus, de moyens de production (les outils, les machines,…).
Le capitaliste acquiert donc, pour un temps donné, le droit de faire l’usage qu’il veut de la force de travail. Le salaire est donc le prix de la « force de travail », mais pas le prix de la totalité du temps travaillé. En fait, la journée de travail se divise en deux parties : l’une paie la force de travail, la seconde est du travail gratuit.
Le montant du salaire ? La force de travail devenue marchandise a donc, comme toute marchandise, une valeur d’échange. Comment cette valeur est-elle déterminée, comment se calcule le salaire ? Comme celle des autres marchandises : par le temps nécessaire pour la produire. Mais quel est ce temps de travail nécessaire ?
La force de travail se produit et reproduit en mangeant, en se reposant, en s’habillant, en se formant, en se soignant, en se distrayant… Et pour satisfaire tous ces besoins, nous consommons des marchandises. On voit alors que la valeur de notre force de travail, c’est la somme des valeurs de tous les biens et services que nous devons consommer pour la reproduire. Le salaire doit donc couvrir les besoins suivants : le logement, la nourriture, l’habillement, les transports, l’enseignement et la formation, la santé, les distractions indispensables au repos et à la détente, l’éducation des enfants, etc…
Toutefois, le prix de la force de travail (le salaire) n’est pas fixé en fonction de nos besoins personnels ou de nos désirs. Ce prix est déterminé socialement, géographiquement et historiquement. Il existe donc des écarts, en plus ou en moins, entre le prix social de la force de travail et le salaire effectivement perçu par un travailleur, ou un groupe de travailleurs.
La valeur de la force de travail, c’est donc la quantité de travail contenue dans les marchandises nécessaires pour la reproduire. Son prix : c’est le salaire. Salaire qui est social et donc différent d’un lieu à un autre, d’une époque à une autre…

2 Salaire et Profit

Lorsqu’un patron achète la force de travail d’un ouvrier pour 8 heures, ce qui l’intéresse, c’est qu’il ne la paye que pour sa valeur, par exemple pour 4 heures. La différence entre ces 4 heures payées et les 8 heures produites, il va se l’approprier. Les 4 heures de salaire sont le prix de la force de travail, autrement dit la valeur des marchandises nécessaires à l’ouvrier pour reproduire sa force de travail.
Comment est-ce possible ? La force de travail humaine a une propriété, c’est de produire plus de richesses qu’elle n’en consomme pour se reproduire. La différence entre ce qu’elle produit et ce qu’elle consomme, c’est ce qu’on appelle le travail gratuit, ou surtravail. Et la quantité de valeur que représente ce surtravail, c’est la plus-value.
La plus-value est la source de tout le profit capitaliste. Elle est le fondement et le moteur du mode de production capitaliste. L’exploitation est justement là, dans le fait que le capitaliste s’approprie en toute « légalité » le surtravail produit par l’ouvrier. Il n’est pas besoin pour cela qu’il nous « vole » sur les salaires.
C’est donc sur la vente de la force de travail que repose l’exploitation capitaliste.
Souvent on entend parler d’un salaire « juste ». Un salaire juste ce n’est que celui qui paye toute la force de travail de l’ouvrier. Se battre pour un salaire juste, qui permette de vivre et non pas de survivre, ne peut suffire. En rester là, c’est tout simplement admettre notre exploitation, puisque l’exploitation se réalise quand la force de travail est payée à sa valeur.
Le but des marxistes, des communistes, c’est de ne plus subir l’exploitation. Si nous voulons changer la société, transformer le monde, nous ne devons pas limiter nos exigences à ce qui est acceptable par ceux qui nous exploitent.
Les intérêts ouvriers fondamentaux sont contradictoires à la bonne santé du capital.

Karl Marx et la bataille pour les salaires

Il y a plus d’un siècle, des militants socialistes anglais appelaient les ouvriers à ne pas se battre pour les salaires car les augmentations seraient reprises par la hausse des prix. Marx montrera dans un fameux texte, « Salaire, prix et profit », que le seul effet d’une augmentation massive des salaires, c’est au contraire un rééquilibrage entre salaires et profits et un déplacement des investissements vers des secteurs utiles aux besoins sociaux.
Pourquoi ? Parce que la force de travail étant une marchandise, son coût (donc le salaire) est lui aussi déterminé fondamentalement par le coût de la reconstitution de la force de travail.
En fait le montant du salaire est lié au rapport de forces entre capital et travail… Quel que soit le niveau de profit, le capitalisme cherchera toujours à faire baisser les salaires ! Et les travailleurs ont toujours intérêt à se battre pour augmenter les salaires !
Alors ? travailler plus pour gagner plus ? Supposons que les patrons acceptent de payer les heures supplémentaires alors qu’on sait que dans beaucoup de secteurs, les patrons imposent ces heures supplémentaires sans jamais les payer ! Les revenus salariaux vont-ils augmenter pour autant ?
Si on suit le raisonnement de Marx, pas du tout ! En travaillant plus, l’entreprise va augmenter son chiffre d’affaires, donc la masse de ses profits au détriment de la masse salariale. Les quelques heures supplémentaires payées seront absorbées rapidement par la hausse des prix.
En résumé, quand un salarié travaille plus au même taux horaire, les profits augmentent, ce qui renforce le capital !
La réponse des salariés doit être partout de se battre pour augmenter les salaires et pour réduire le temps de travail…
Ce que nous propose Sarkozy est très simple : travaillez plus pour que les riches gagnent plus !
Preuves concrètes ?

Travailler plus, pour gagner moins. Avec la flexibilité, le sous-paiement des heures supplémentaires, le recul de l’âge de départ à la retraite (en augmentant le nombre d’annuités nécessaires), les salariés travaillent plus pour gagner moins. On compte déjà seize millions de bas salaires dans l’Union européenne. La « valeur travail » rapporte gros… aux capitalistes…
Gagner toujours plus. En 2007, 77% des grands patrons d’entreprises françaises ont vu leur rémunération augmenter de 40% en 2007. C’est ce qui ressort d’une étude, du Hay Group, des comptes de 135 groupes. Ainsi, la rémunération annuelle des grands patrons du CAC 40 dépasse 6 millions d’euros (salaire de base, bonus et stock-options compris). Celle des dirigeants des sociétés les moins importantes du CAC 40 et des plus grosses de l’indice élargi SBF 120, atteint 2,6 millions d’euros. Quant aux patrons des plus petites entreprises du SBF 120, leur rémunération atteint 882 000 euros.
Salaire et richesse.
Durant les années 1960 et 1970, les salaires représentaient près des 75% du produit intérieur brut (PIB) en Europe. Depuis les années 1980, cette part n’a pratiquement pas cessé de reculer, pour atteindre 66,2 % en 2006. La perte équivaut en moyenne à sept points de PIB par rapport à 1983. En France, les revenus du travail ne totalisaient plus que 53 % du revenu disponible des ménages en 2003, contre 67 % en 1978, alors même que la proportion de salariés a augmenté entre-temps de 83,6 % de la population active occupée à 91,4 %. Devinez qui gagne la différence ?

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