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LE MAOISME, NOTRE ARME DE COMBAT

Introduction au dossier du N°5 du Magazine Partisan

Ce dossier sur le maoïsme et la Révolution culturelle (« Grande révolution culturelle prolétarienne », GRCP) en Chine marque l’importance politique, pour nous mais aussi pour la théorie du socialisme dans son entier, que revêt le rôle historique des communistes chinois. Nous savons, par notre expérience politique, que la question des échecs historiques des révolutions communistes est au cœur des réserves que les ouvriers avancés vivent quant à leur engagement. Et ils ont bien raison d’y regarder à deux fois, tellement les boniments dominent ! Ce dossier a donc pour but de retirer quelques voiles sur ces événements fondateurs de notre ligne politique et de mieux comprendre beaucoup d’événements révolutionnaires (et contre-révolutionnaires) de par le monde...

L’importance politique de ces événements tient à deux caractéristiques :

La révision de la théorie marxiste révolutionnaire qui a eu lieu depuis les années 1920, concernait l’édification du socialisme en URSS mais aussi tous les aspects stratégiques de la révolution dans le monde. Ce qui a été appelé par les communistes chinois le Révisionnisme (puis par extension, les partis révisionnistes). Caractéristique déjà employée par Lénine à propos des adaptations réformistes du marxisme par Kautsky et d’autres réformistes de par le monde. La révolution russe de 1917 et la constitution de la llle Internationale ont constitué des démentis théoriques et pratiques de ces allégations réformistes faites au nom du marxisme. De la même façon, la Révolution chinoise de 1949 a apporté un démenti radical aux défenseurs de l’impossibilité d’une révolution pour le socialisme dans un pays semi-féodal semi-colonial comme la Chine l’était à l’époque. Avant la GRCP, la théorie communiste révolutionnaire avait aussi été noyée sous des flots de conceptions révisionnistes : théorie des forces productives, théorie de l’Etat du peuple tout entier, fusion parti/Etat sous le socialisme , théorie du passage pacifique au socialisme... Il y avait bien du nettoyage à faire pour retrouver l’essence critique révolutionnaire du marxisme ! Ces théories imprégnaient le mouvement communiste mondial et ses partis communistes issus de la llle Internationale. Les communistes chinois leur donneront l’ampleur et la cohérence basées sur leur propre expérience critique des difficultés de l’expérience de la révolution en Chine.

Car l’autre caractéristique de cette révolution dans la Révolution est qu’elle a concerné, mis en branle et fait avancer des millions de personnes, impliquées dans la critique théorique et pratique des « dirigeants engagés dans la voie capitaliste » et la compréhension de la transition au socialisme.

Maintenant, il faut préciser quelles sont les nouveautés théoriques élaborées durant cette période dans le feu de la lutte, impulsée par Mao Tsé-toung, contre la bourgeoisie dans le PCC (Parti communiste chinois) :

COMPRÉHENSION DU CAPITALISME

Les communistes et révolutionnaires chinois nous ont rappelé que l’essence du capitalisme se trouve dans les rapports de production qui se nouent entre les hommes, et non dans l’état de développement des forces de production. Aussi le contenu du renversement du capitalisme s’en trouve bousculé, par rapport aux objectifs réformistes de nationalisation + planification qui étaient développées par les partis révisionnistes avec le PC de l’URSS. C’est la place de l’ouvrier dans l’usine et dans toute la société qui est à la base de l’exploitation capitaliste et qu’il s’agit de transformer radicalement. Loin de l’économisme (tout ramener aux rapports juridiques de propriété des moyens de production, ou au développement du “niveau de vie” de la population), la compréhension et la critique du capitalisme en acquièrent une profondeur et une étendue nouvelles...

COMPRÉHENSION DE LA TRANSITION AU COMMUNISME

Le déclenchement, les cibles et le déroulement politique de la GRCP ont permis de bousculer radicalement la compréhension qui était généralement répandue du socialisme, linéaire et sans accrocs, ce qui convenait bien aux nouvelles couches exploiteuses en formation :
• établissement de la poursuite de la lutte de classe pendant toute cette période, qui se manifeste en particulier entre les défenseurs du nouveau statu quo obtenu par la révolution, et ceux qui savent que le capitalisme est toujours présent et qu’il s’agit de continuer à l’éliminer par une pratique et des moyens révolutionnaires : par les masses en action.
• reconstitution sur les bases de la société nouvelle issue de la révolution d’une nouvelle bourgeoisie, dans le Parti et l’Etat, qui détient les rênes du pouvoir réel et cherche à tout prix à le conserver et l’élargir, aux dépens donc du peuple qui est enrayé dans son aspiration à prendre en main tous les aspects de la vie collective.
• rôle déterminant des masses pour mener cette lutte de classes. Personne ne peut le faire à leur place et se substituer à leur élan pour abattre les anciens rouages de la société (pour reprendre cette image de juin 68 en France)
• rôle éminent de la classe ouvrière, à l’intérieur du peuple, pour prendre et organiser sa « direction en tout » (la formule date des années 1970 en Chine).
• rôle essentiel de l’idéologie pour combattre les idées anciennes dans la tête de chacun. Dans toute société, de nombreuses pensées, réactions, comportements, sont issus des idées distillées par les classes dominantes. Cela continue d’être vrai même dans une société dite socialiste où ses membres continuent de penser et véhiculer des idées anciennes sur lesquelles la nouvelle bourgeoisie s’appuie pour la restauration totale du capitalisme à laquelle elle travaille (au nom du drapeau rouge, sinon, ce serait trop simple). D’où l’importance de cette révolution culturelle (au sens large de culture, toutes les idées et comportements qui imprègnent une société).

COMPRÉHENSION DE LA PLACE DU PARTI COMMUNISTE DANS LA TRANSITION

Dans la mesure où le Parti a le rôle dirigeant dans la société, c’est en son sein que va naître et éventuellement se développer la nouvelle bourgeoisie. D’où l’importance d’y mener la lutte de ligne, qui implique à un niveau stratégique une lutte entre deux voies, celle participant à l’avancée vers le communisme ou celle inversement qui facilite la régression vers une société entièrement capitaliste. On perçoit d’emblée la difficulté, impulsée par le mot d’ordre « Feu sur le quartier général » de lancer le Parti à l’assaut de sa propre direction et de beaucoup de ses propres responsables !
• Aussi le Parti communiste, qui a été un vecteur dirigeant de la révolution, doit travailler à son propre dépérissement, au profit des masses, en leur permettant d’être elles-mêmes plus conscientes et organisées. En même temps, le Parti a un rôle décisif pour impulser et organiser son propre dépérissement. Comme déjà avant la révolution, c’est la « ligne de masses » (la synthèse et reproposition des idées les plus avancées des masses pour qu’elles s’en emparent elles-mêmes) qui est la meilleure garantie (avec sa clarté politique à ses objectifs révolutionnaires) du maintien de son caractère communiste.

Beaucoup d’idées nouvelles, qui renouent mais prolongent et développent les idées les plus audacieuses des fondateurs du marxisme. Ces idées nous sont aussi des guides pour une meilleure compréhension, et donc un combat contre le capitalisme dans les sociétés capitalistes développées et toutes celles où il est dominant dans les rapports sociaux. Elles sont un profond stimulant à une attitude consciente et révolutionnaire dans la lutte.

C’est pourquoi nous vous invitons à vous en emparer avec nous.

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