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Comment peut-on lutter sans être maoïstes ?

Partisan N°232 - Novembre 2009

COMMUNISTES AUJOURD’HUI, OUI !

En y réfléchissant un peu, ce n’est pas si étonnant que ça. Comment, en effet, ne pas être communistes aujourd’hui ? Le capitalisme nous mène de catastrophes en catastrophes toujours plus grandes. On nous annonce la « reprise » tous les matins, mais les commentateurs les plus honnêtes reconnaissent que la crise ne fait que commencer. Elle est profonde, mondiale, multiforme : financière, industrielle, énergétique, écologique... C’est tout le système, le mode de production, toute la société qui sont à revoir. Les dirigeants de la classe dominante ont, plus que jamais, à gérer leurs contradictions ingérables : comment sauver les capitalistes et faire payer les travailleurs sans provoquer trop de révoltes et surtout pas de révolutions ; comment réprimer ces dangers révolutionnaires sans avoir l’air trop « fascistes » ?
Nous aussi, dans le camp des travailleurs, nous sommes plus que jamais confrontés à notre lutte essentielle : la seule sortie de crise véritable du capitalisme, c’est le communisme, qui passe par le pouvoir ouvrier. Tous ceux qui en ont conscience doivent s’organiser au sein d’un même parti pour agir en conséquence, dès maintenant.

COMMUNISTE OUI ! MAIS COMMENT ?

Se battre contre les licenciements, pour des papiers pour tous, pour l’égalité hommes-femmes, pour des logements pas chers, etc. C’est vital, c’est nécessaire, mais pas suffisant. Oui, bien sûr, il faut s’opposer radicalement aux licenciements, comme les ouvriers de l’automobile le 17 septembre. Il faut exiger la régularisation de tous, comme le font les ouvriers sans papiers qui ont engagé un mouvement d’occupations dans la région parisienne. Mais les réformistes, dans ces combats, nous appellent à tendre la main pour quelques miettes, bref à rester des esclaves. Nous, les communistes, nous luttons pour relier nos révoltes au programme de liquidation du capitalisme, à la préparation de la prise du pouvoir. Nous luttons pour « les intérêts du mouvement dans sa totalité ». Pour y développer une politique de classe. Si on en reste au syndicalisme, on ne s’attaque pas au pouvoir de la bourgeoisie ! On la laisse maître du jeu. On nage, qu’on le veuille ou non, dans le réformisme.

IL Y A DEUX COMMUNISMES

Peut-on rappeler ces vérités de base sans tomber immédiatement sur un os : le projet communiste a abouti à échec au XXe siècle. Le « camp socialiste » s’est effondré, et plus localement, le PCF, qui n’avait, depuis longtemps, plus grand chose à voir avec le communisme. Nous devons affronter ce défit, et pas le contourner comme le fait le nouveau parti anticapitaliste, le NPA de Besancenot, qui refuse de se déclarer communiste et révolutionnaire pour n’être que le parti des luttes …et des élections. Nous sommes maoïstes parce que les expériences de la Révolution chinoise, de la Révolution culturelle sont des ruptures pratique et théorique avec les erreurs qui ont conduit à l’échec des premières tentatives socialistes. Elles nous ont permis de comprendre que ce qui s’est effondré à l’Est, ce n’était pas un Etat socialiste, mais un capitalisme d’Etat. Derrière l’affirmation communiste, il y a deux voies. Il y a le communisme comme programme de la libération de la classe ouvrière, de la suppression de la propriété privée des moyens de production. Et il y a le communisme comme le programme des « cadres » et intermédiaires du « mouvement social », de ceux qui, à l’aide de grands mots historiques et populaires, veulent mettre les travailleurs dans leur poche et leurs bulletins de vote dans les urnes, pour avoir, eux, les places dirigeantes, pour être les nouveaux bourgeois à la place des bourgeois. Comme disaient les maoïstes chinois, certains se disent communistes mais « sont engagés dans la voie capitaliste, ils agitent le drapeau rouge pour mieux combattre le drapeau rouge ».

MAOÏSTES, OUI !

« VP est une organisation maoïste », non seulement parce que les communistes chinois, autour de Mao, ont beaucoup fait pour démasquer les faux communistes, ceux d’URSS comme de Chine. Pas seulement parce qu’ils nous ont permis de comprendre que le socialisme n’était pas que l’étatisation de la société. Nous sommes maoïstes parce que nous savons que l’on apprend autant des échecs que des succès. Et cela s’applique aussi à l’expérience chinoise. Nous sommes maoïstes mais pas des adorateurs de Mao ! Nous pensons, comme le dit notre plate-forme, que « Mao a sous-estimé le rôle des ouvriers dans la 1re phase de la révolution ». Nous ne reprochons pas à Mao et aux communistes chinois d’avoir été des « despotes » et des assoiffés de pouvoir. Nous leur reprocherions plutôt de n’avoir pas pu ou pas su maintenir et renforcer le pouvoir ouvrier et d’avoir été trop gentils avec les « engagés dans la voie capitaliste », comme Teng Tsiao-ping, qui ne fut même pas exclu du parti communiste lors de la Révolution Culturelle.
Sans le « maoïsme », comment comprendre que des « communistes » n’agissent pas en communistes, que des « défenseurs des travailleurs » ne défendent pas les travailleurs, que des « révolutionnaires » ne travaillent pas à la préparation de la révolution ? Comment comprendre que les dirigeants réformistes ne sont pas des militants un peu modérés, des amis qui se trompent, mais bien des ennemis qui se cachent ? Sans le maoïsme, sans une politique et sans une organisation maoïstes, comment peut-on militer ?

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