Vous êtes dans la rubrique > Archives > Amiens, le 25 octobre

Amiens, le 25 octobre

Comme l’a vigoureusement déclaré un cheminot d’Amiens en lutte depuis 15 jours, lors du meeting organisé par le journal Fakir à la mairie de Longueau le lundi 25 octobre, « lutter, c’est savoir prendre des risques ». « Ca fait longtemps qu’on attendait ça », affirme de son côté un camarade de Goodyear engagé depuis des mois dans la lutte contre le passage en 4x8 qui ruine toute vie pour les ouvriers. Des risques, tous les grévistes de la zone d’Amiens en ont pris : celui de perdre du salaire, celui de se faire taper dessus par « plus de 400 CRS mobilisés », celui d’être traînés en justice par les patrons ; Mulliez, propriétaire d’Auchan et de Décathlon, intente un procès aux bloqueurs de la zone industrielle. Celui enfin que prennent les ouvriers à l’avant-garde du mouvement, ceux qui montrent la voie à suivre pour avancer.

Fédérer les luttes
Le collectif d’organisation de ce meeting a réussi à rassembler non seulement tous les secteurs en lutte jusque-là séparés selon les professions et les quartiers, mais aussi à les réunir autour d’objectifs communs dans la lutte contre le projet de loi sur les retraites. Les prises de parole ont révélé que la conscience s’approfondit, que c’est toute l’organisation de la vie sociale qu’il faut changer : salaires, conditions de travail...
« Bloquer l’économie » est repris dans les interventions comme le levier pour faire basculer le rapport de forces. C’est ce qu’ont fait les anciens (1936...) et ce que nous devons faire. « Taper où ça fait mal ; ils ont perdu 4 millions d’euros pendant le blocage, on doit au moins doubler la mise ».
Personne ne dira que cette fédération des luttes devrait être précisément le rôle d’un syndicat de classe, car ce meeting est sous le signe d’une unité sans faille, ce qui a fait à la fois sa force et sa faiblesse. Car comment aller plus loin si on s’interdit la critique ?

Organiser la solidarité
Cela se fait au quotidien sur la zone. Collectes à la sortie de Géant, sur les autoroutes... et sous forme de ravitaillement des grévistes aux piquets selon des initiatives interpros. Un véritable maillage de solidarité qui laissera des traces.
Mais l’essentiel de la solidarité, plusieurs grévistes le disent, les cheminots en particulier, c’est la solidarité par extension de la lutte. « Nous ne sommes pas du tout responsables de la crise, pourtant on va nous la faire payer à 90% ; il faut bloquer l’économie, faire le tour des secteurs pour faire débrayer ».
Justement, nous sommes venus annoncer une collecte de solidarité organisée par des grévistes du 93 en direction de ceux d’Amiens, dont on a moins parlé que de la raffinerie de Grandpuits. Mais l’organisation du meeting n’a pas prévu d’interventions hors liste fixée par le collectif. Le contact se fera dans la salle. Dommage sans doute, car dans la période, savoir qu’on est aussi soutenu en-dehors de la région, cela redonne des forces.

Un pas en avant dans la construction du tous ensemble ouvrier, c’est ce qu’a représenté ce meeting déterminé et courageux.

Lire aussi le blog OUVALCGT du mardi 26 octobre

Soutenir par un don