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Vive les nouvelles formes de résistance ouvrière

Partisan N°231 - Octobre 2009

DE QUELLE VIOLENCE PARLE-T-ON ?

La classe ouvrière ne se couche pas face à la violence inouïe de restructurations qui brisent leur vie de travailleurs et celle de leurs familles.

Ces réactions collectives réaffirment le rôle essentiel des producteurs dans l’économie à une heure où l’on voudrait nous faire croire que « le talent des traders » justifie leurs rémunérations exorbitantes. Ces actions sont souvent revendiquées comme des actes indispensables de survie : l’obtention d’une prime plus ou moins élevée, seule compensation de la perte d’emploi, en dépend. Aucune négociation à froid ne permet d’en obtenir autant.

En même temps, les ouvriers de ces entreprises jettent un pavé dans la mare pour échapper à « la mort dans l’oubli ». Pour avoir un article dans la presse, pour que les médias parlent des fermetures d’usines et des restructurations, il faut en venir à menacer de faire sauter la bonbonne de gaz ! Ce silence-là est bien une forme de violence insidieuse, il est légitime de se révolter aussi contre lui.

EST-CE QUE ÇA FAIT AVANCER ?

Face à une stratégie syndicale de plus en plus coordonnée dans une direction de réformes concertées avec le patronat, ces luttes font avancer puisqu’elles manifestent au grand jour un désaccord avec cette orientation : la CGT, dont la direction confédérale se rapproche de plus en plus de la CFDT, ne parle plus que de « recentrage sur les coeurs de métiers », de projets industriels à négocier… Derrière quoi se trouve un renoncement au maintien de tous les emplois au moment même où la confédé reproche aux salariés de ne se battre que pour la prime !

Le message de ces luttes de résistance, c’est aussi l’indispensable coordination des boites en lutte, comme cela s’était organisé autour des LU dans les années 2000, ou encore la coordination Daewoo-Métaleurop en 2003. Une coordination que les centrales syndicales ont tous les moyens d’organiser, mais qu’elle ne mettent pas sur pied malgré le slogan « tous ensemble » crié en manif. Les ouvriers qui résistent collectivement haut et fort, dénoncent l’impasse de la stratégie « une boite, une lutte ». Car, comme le déclare justement Xavier Mathieu (voir blog ouvalacgt) « le syndicalisme, c’est de la politique ».

COMMENT CRÉER DES SOLIDARITÉS DURABLES POUR ALLER PLUS LOIN ?

Malgré des déclarations qui se veulent rassurantes, face à une crise du taux de profit qui va forcément engendrer de nouvelles disparitions d’emplois, les patrons et l’Etat se consultent avant tout pour organiser la répression de ces actions, en individualisant au maximum la responsabilité des actes de rébellion : plaintes en référé, mesures disciplinaires…

De même, le droit des entreprises confirme son caractère bourgeois : les UTI, sous-traitants de Continental, n’auraient pas droit aux mêmes indemnités !

Mais la conscience de classe permet de voir plus loin les enjeux de cette résistance ouvrière coordonnée face à la crise : les Conti n’ont pas baissé les bras et manifestent leur solidarité aux luttes en cours malgré la répression qui les a touchés. Les ouvriers de l’automobile qui se préparent à une rencontre internationale en Allemagne avec le CITA montrent aussi l’exemple.

En tant que militants communistes, nous reconnaissons la pleine légitimité des nouvelles formes de résistance ouvrière, qui ne discréditent en rien les syndicalistes qui les mènent, bien au contraire. Certaines de ces luttes, comme à Goodyear, vont même plus loin, puisqu’elles sont offensives : refuser les 4/8 parce que cela rend la vie impossible, c’est un pion avancé dans la direction d’une autre société où le travail sera au service de l’être humain, non du profit

Nous prenons ces avancées comme tremplin pour affirmer que le capitalisme n’est pas immortel : la crise pose ouvertement la nécessité d’un autre type de société, où, fondamentalement, la décision de ce qu’il est utile de produire, comment, dans quelles conditions, reviendra aux producteurs, non aux détenteurs de capitaux protégés par un appareil d’Etat à leur service.

Les enjeux sont d’envergure, seule la lutte collective permettra de les atteindre et de créer le rapport de forces qui limitera la répression que les voyous en cravate préparent dans leurs états-majors.

Brigitte Clément

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