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Grippe A, danger : L’Etat est capitaliste !

Partisan N°234 - Janvier 2010

Roselyne Bachelot a eu beau faire deux pas en arrière en décrétant que les enfants de moins de 23 mois, les femmes enceintes et les personnes « porteuses d’une maladie de système ou d’une immunodéficience » seraient dorénavant vaccinés sans adjuvants mais à deux reprises, tandis que, pour toutes les autres personnes, il suffirait d’une seule piqûre.
Docteur en pharmacie elle-même, ayant passé douze ans au service de l’industrie pharmaceutique (dont ICI Pharma, aujourd’hui AstraZeneca, UK), Mme la ministre continue à entretenir ses relations étroites avec ce secteur capitaliste. La majorité des scientifiques, membres du Haut conseil de la santé publique française, des autorités européennes de veille sanitaire, de pharmacovigilance et d’admission de médicaments, y compris les experts représentants de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) ont tous eu un parcours exceptionnel d’ « impartialité » : Les 3/4 sont directement ou indirectement en liaison avec - et rémunérés par - les plus grands monopoles pharmaceutiques tels que Sanofi-Aventis (F), GSK GlaxoSmithKline (UK), Merck et Wyeth (Etats-Unis), Novartis et Roche (Suisse). Ils savent donc, eux, que les vaccins sans adjuvants, tel que Celvapan de Baxter, sont issus d’un nouveau procédé de production virale, non validé, sur des cellules de singe au lieu de cellules d’œufs de poule. Une modification aussi considérable aurait exigé des études durant plusieurs années avant d’obtenir une autorisation de mise sur le marché.
La précipitation de mise sur le marché de tous les vaccins contre la grippe A sans que soient vérifiées par des études ni leur efficacité, ni leur inoffensivité, est sans précédent. Elle ne s’explique que par la soumission de l’OMS aux intérêts de valorisation du capital engagé dans les grands groupes pharmaceutiques. En mai 2009, l’OMS a déclaré son plus haut niveau d’alerte 6 par rapport à la grippe « porcine » en modifiant brusquement sa définition de la « pandémie » : plus besoin d’un nombre très élevé de malades à l’échelle mondiale ni de sévérité de symptômes.

Dans la même ardeur de soumission aux intérêts des multinationales, l’Etat français – comme tous les gouvernements de l’UE – a vite passé commande en exonérant de toute responsabilité les firmes pharmaceutiques en cas d’effets nocifs sur la santé des vaccinés, dus par exemple au risque bien connu de neurotoxicité de certains adjuvants et composants. Le recours juridique sera sans issue !
Quant au solde de 1,15 milliard d’euros versé aux monopoles pour les 144 millions d’ampoules à 8 € en moyenne, avec une augmentation de prix d’environ 14% contre celui du vaccin antigrippal de 2007, il est imputé aux contribuables... pour se faire exposer à une expérimentation humaine à grande échelle !

Bon, on les connaît un peu... Et la majorité de la classe ouvrière et des travailleurs résiste toujours à la propagande de panique et d’hystérie, même si elle est martelée dans nos têtes tous les jours. 58% des médecins sont contre la vaccination, et 70% des infirmières, et avec de bonnes raisons : la grippe A s’avère comme une « grippette », avec un nombre de nouveaux malades qui varie entre 5000 et 20 000 par semaine. Les autorités font volontiers l’amalgame avec la grippe saisonnière qui en France implique chaque année environ 6 millions de malades et 6000 morts. Ne sont cependant aucunement fiables ni sérieuses les informations sur les véritables causes des décès imputés au virus H1N1, et c’est le silence total sur les cas de réactions graves, tels que les chocs anaphylactiques. En Suède, où les vaccinations ont commencé plus tôt, on a enregistré 5 morts sur 150 000 vaccinés. Auprès de l’OMS, 40 décès ont été « dépistés ».

Même avec une affluence modeste au cours des 4 premières semaines, les centres de vaccination étaient débordés, avec une durée d’attente de plusieurs heures et, souvent, autant d’absentéisme au travail. Pour les patrons, la campagne a ainsi fait preuve d’une flagrante mauvaise gestion de la part des services publics. La solution a été très classiquement capitaliste : extension des jours ouvrables du personnel engagés dans les centres, en incluant le dimanche, allongement des horaires, réquisition de médecins, d’infirmières et – oui, vous lisez bien - de réservistes de l’armée « pour faire partie des recrues complémentaires » (M. Morin, le 30 novembre). Tout en confirmant la vaccination prioritaire de 40 000 soldats et militaires de l’armée française nécessaires au maintien du « système de défense ».
Quant à la pression médiatique pour se faire piquer, « il s’agit moins d’éviter des problèmes sanitaires qu’une panne économique du pays », explique Le Monde du 21 octobre 2009. Panne qui se traduirait par des absences massives, des soins pris à domicile par des dizaines de milliers de travailleurs. Voilà le scénario qui préoccupe l’Etat, vu sa tâche de sauvegarder le système d’exploitation de la force de travail et sa libre disponibilité à tout moment et à tout prix. Par temps de crise, les conditions de licenciements de masse, de chômage partiel et total, de travail intérimaire et précaire de millions d’ouvriers et travailleurs ne font qu’exciter l’avidité insatiable du capital à la plus-value. Pas étonnant donc qu’il existe un document ministériel de juillet 2009, intitulé « Planification logistique d’une campagne de vaccination contre le nouveau virus A(H1N1) » révélé par le Syndicat national de la magistrature. Cet arrêt prévoit une vaccination obligatoire et, pour sa mise en œuvre, des mesures de fichage et de traçabilité personnelle, voire un état d’exception. La lutte ne fait que commencer !

Manon Bonneval

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