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Solidarité avec les travailleurs et le peuple de Haïti !

Partisan N°2235 - Février 2010

Les médias passent en boucle la misère du peuple haïtien. On nous dit que la nature est ingrate, que c’est la malchance. Haïti est l’un des pays les plus pauvres du monde, sa capitale, Port au Prince, est aujourd’hui en ruine. Ce pays et ce peuple semblent être « maudits ».
Des dizaines de milliers de morts, de blessés, de sans abri. Il n’y a aucune fatalité à cela. Il n’y a aucune « malédiction » divine. La violence destructrice du tremblement de terre, c’est la violence de l’exploitation, de la domination coloniale puis impérialiste, plus que deux fois centenaire, et de la misère qui en résulte.
L’élan de solidarité qui se porte vers le peuple haïtien ne doit pas masquer les causes politiques et sociales de l’ampleur du drame. Notre juste émotion ne doit pas être manipulée par ceux, USA et puissances européennes, qui ont fait le lit de la misère, après l’avoir colonisé, et soutenu des gouvernements dictatoriaux et corrompus comme les Duvalier.

Le peuple haïtien : deux cents ans de lutte

Pour mieux justifier la mise sous tutelle de Haïti par l’ONU et des puissances impérialistes, les gouvernements et les médias nous donnent une image d’un peuple incapable de s’organiser, un peuple de « pilleurs » violents.
En 1793, le peuple de Haïti impose à la Convention révolutionnaire française l’abolition de l’esclavage. Puis il bat l’armée de Napoléon venue pour le rétablir. Il arrache son indépendance en 1804. En 1803, Toussaint Louverture, héros de la libération noire, meurt dans une prison en France. En 1825, la France, par le blocus de île, exige le dédommagement des esclavagistes par le versement d’une somme égale à 450 millions de dollars d’aujourd’hui. Elle sera payée jusqu’à la fin du 19e siècle. C’est à ce prix que la France a reconnu l’indépendance de Haïti.
Depuis, Haïti a été occupée par les USA en 1925, puis soumise à la dictature dont celle des Duvalier pendant 29 ans, protégés des USA et de l’Occident. Aristide, homme de la « théologie de la libération », bénéficiant d’un soutien populaire et devenu président, a accepté les diktats du FMI. Il abaisse alors les barrières douanières de 55% à 5%. La production agricole du pays en est anéantie. Les entreprises publiques ont été vendues. Quelles politiques de préventions (ouragans, tremblements de terre...) et de solidarité sont possibles dans un pays ruiné, livré aux rapaces impérialistes ? Haïti n’a pas de dettes à payer au FMI, c’est l’impérialisme qui est en dette avec le peuple de Haïti.
Les Haïtiens de France sont victimes de contrôles et de tracasseries, alors que l’ex-dictateur Jean-Claude Duvalier, qui vit près de Nice avec une immense fortune, n’a aucun problème. Il doit être jugé à Haïti, son argent doit être rendu au peuple. Dans un pays où 75% des personnes ont moins de 2 dollars par jour, les conséquences terribles d’un tremblement de terre n’ont rien de naturelles ou accidentelles.

Les responsables du désastre humain se pressent maintenant au chevet des victimes

Les USA envoient des milliers de soldats pour « sécuriser » Haïti. Leur drapeau flotte partout. Ils contrôlent les accès à l’île. Ceux qui l’ont colonisée et qui ont soutenu Duvalier, veulent montrer au monde entier qu’ils sont seuls capables de répondre à une crise humanitaire. Comme le dit Obama, ils sont seuls à pouvoir exercer un « leadership » mondial.
L’intervention « humanitaire » en Haïti, c’est par d’autres moyens la même politique que celle menée en Afghanistan : une politique impérialiste.
Pour cela, il s’assure le complicité du Brésil qui double sa présence militaire dans le pays. Le Brésil qui en 1965, toujours aux ordres des USA, était intervenu contre le gouvernement progressiste de la République Dominicaine voisine.
Obama saisit l’occasion pour consolider le consensus autour de sa politique. Il a nommé co-président de la « mission de sauvetage de Haïti », G.W. Bush, l’homme de la guerre en Irak et en Afghanistan. Celui qui a laissé sans secours les victimes du cyclone Katrina. On ne saurait donner plus de gages à la continuité de la politique impérialiste américaine.
Le FMI, dirigé par Strauss-Khan, possible candidat socialiste à la prochaine présidentielle en France, est prêt à accorder quelques millions de dollars d’aide à Haïti, mais il n’a pas renoncé à exiger le paiement intégral de 1,4 milliard de dollars de sa dette extérieure. Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères de Sarkozy a, parmi ses premières réactions, affirmé la nécessité de « préserver l’ordre, d’arrêter les pillages, de garantir la propriété ». Quel mépris pour les Haïtiens, quel mépris pour leur mobilisation dans les secours aux victimes.
Aujourd’hui, que ce soient les USA ou les Européens, tous s’emploient à fermer leurs frontières pour éviter un afflux de réfugiés. Et Besson refuse de régulariser les milliers de Haïtiens sans papiers.

Oui à la solidarité, oui à l’entraide entre les peuples, contre l’impérialisme.

Travailleurs, notre émotion est grande, notre élan de solidarité juste. Comment venir en aide à nos frères de Haïti ? Nous ne pouvons pas laisser notre émotion manipulée par ceux qui font main basse sur le pays et se disputent pour faire triompher leurs intérêts dans la région.
Le peuple a besoin de secours immédiats, mais il devra reconstruire son pays, indépendant et libre. Pleinement souverain. Il a besoin d’aide et de solidarité, pas d’occupation ou de mise sous tutelle. Seuls d’autres exploités peuvent apporter cette aide, parce que nous avons les mêmes intérêts, les mêmes ennemis. Il y a des blessés à soigner, il y a des maisons à reconstruire, il y a aussi des organisations de lutte à soutenir : syndicats de classe, associations, organisations politiques du peuple.
Avec nos syndicats si nous organisons des collectes, assurons-nous de leur destination, de leur usage, contrôlons-les. Car les impérialistes utilisent l’aide humanitaire pour leurs intérêts. Débattons de cela dans nos ateliers et bureaux. Dénonçons les discours méprisants qui justifient l’occupation de Haïti. Etablissons des contacts avec les syndicats haïtiens et des liens durables avec eux.
Là où nous travaillons, là où nous habitons, il y a des Haïtiens. Rencontrons-les. Discutons avec eux de la solidarité à organiser.
Apportons-leur notre soutien matériel et moral. Exigeons avec eux la libre circulation de tous les travailleurs et la régularisation des sans-papiers.
En tant que communistes et internationalistes, nous sommes solidaires du peuple de Haïti, qui a besoin comme tous les peuples de solidarité. Nous sommes unis par la volonté commune de changer ce système d’exploitation et de pillage. En s’engageant sur la voie du socialisme, les peuples vivront la véritable solidarité. Nous envoyons nos salutations au peuple de Haïti et au Nouveau Parti Communiste de Haïti.

Vive l’internationalisme prolétarien !
Annulation de la dette de Haïti !
Arrêt de l’occupation militaire !
Non à la fermeture des frontières !
Solidarité avec les travailleurs et le peuple haïtien !

Voir le site du Nouveau Parti Communiste Haïtien : npch.net
adresse postale : NPCH, Grand Rue n°1, Nan Gonmye Haïti

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