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Grandeur et décadence de l’Etat national

Né avec la division de la société en classes aux
intérêts antagoniques, l’État devient l’instrument de pouvoir
de la classe dominante. Il est l’expression
de la nature irréconciliable des
contradictions de classes. Pour cette raison
il ne disparaîtra qu’au moment où,dans la
société communiste, les classes et les
contradictions de classes seront abolies.

- L’ÉTAT, INSTRUMENT DE LA CLASSE DOMINANTE.
Les critiques petits-bourgeois de la
« mondialisation » nient cette réalité fondamentale.
Ainsi les théoriciens « alter mondialistes » (Attac et compagnie) réclament
« la main forte et visible de l’État » pour
réguler le marché. C’est donner l’impression
que l’État est un instrument de régulation
neutre, planant au-dessus des classes,
et non l’organe de pouvoir sans partage
des monopoles sur toute la société. Lénine
dira à ce sujet : « La lutte pour soustraire les
masses laborieuses à l’influence de la bourgeoisie
en général, et de la bourgeoisie impérialiste
en particulier, est impossible sans une
lutte contre les préjugés à l’égard de l’État
… Que l’État soit l’organisme de domination
d’une classe déterminée, qui ne peut pas
être conciliée avec son antipode (avec la
classe qui lui est opposée), c’est ce que la
démocratie petite-bourgeoise ne peut jamais
comprendre. »

- DU FÉODALISME AU CAPITALISME NATIONAL.
Pour le capitalisme, l’État national est la
forme caractéristique d’organisation de la
production et de la vie sociale. Lénine montre
que : « Dans le monde entier, l’époque de la
victoire définitive du capitalisme sur le féodalisme
a été liée à des mouvements nationaux.
Le fondement économique de ces mouvements,
c’est que la victoire complète de la production
marchande exige la conquête du
marché intérieur par la bourgeoisie, le rassemblement
au sein d’un même État des territoires
dont la population parle la même langue,
et l’élimination de tout obstacle de nature
à entraver le développement de cette langue
et sa consécration par une littérature…
La formation d’États nationaux, qui
satisfont le mieux à ces exigences du capitalisme
moderne, est donc une tendance propre
à tout mouvement national. Les facteurs
économiques les plus profonds y contribuent ;
et, pour l’Europe occidentale,— plus encore
 : pour le monde civilisé tout entier,— ce
qui est typique,normal en période capitaliste,
c’est donc l’État national. » [1]

- CONSTRUCTION ET DESTRUCTION DES BARRIÈRES
NATIONALES.

Concernant l’État
national, le capitalisme a engendré deux
tendances divergentes qui se combattent
du début à la fin : « Le capitalisme connaît
au cours de son développement deux tendances
historiques en ce qui concerne la question
nationale. La première réside dans l’éveil
de la vie nationale et des mouvements
nationaux, la lutte contre toute oppression
nationale, la création d’États nationaux.La
seconde réside dans le développement et la
multiplication de relations de toutes sortes
entre les nations,dans la destruction des barrières
nationales et la création de l’unité internationale
du capital, de la vie économique en
général, de la politique,de la science, etc.
Ces deux tendances constituent la loi universelle
du capitalisme. La première domine
au début de son développement, la seconde
caractérise le capitalisme déjà mûr et qui va
vers sa transformation en une société socialiste.
 » [2]
C’est sur cette loi universelle que repose
le triomphe irrésistible du capitalisme sur le
féodalisme. La première tendance continue
à produire son effet, à l’époque impérialiste,
surtout dans les pays dominés qui
agissent pour l’autodétermination nationale
et contre l’oppression impérialiste.

- L’ÉTAT UN OBSTACLE AU DÉVELOPPEMENT
ÉCONOMIQUE.

La « mondialisation », est une
caractéristique fondamentale du capitalisme
à l’époque de l’impérialisme. Lénine
dira que « dans les pays avancés,le capital a
débordé le cadre des États nationaux et substitué
le monopole à la concurrence, en
créant toutes les prémisses objectives pour la
réalisation du socialisme. » [3]
C’est pourquoi l’État national capitaliste
est constamment remis en question par
l’internationalisation de la production,
Lénine a écrit à ce propos que : « Le cadre
national bourgeois des États,qui avait fourni
dans la première époque un point d’appui
au développement des forces productives
de l’humanité en train de se libérer du système
féodal, est maintenant devenu, dans la
troisième époque, un obstacle à l’essor ultérieur
de ces mêmes forces. Naguère classe
avancée et ascendante, la bourgeoisie est
devenue une classe décadente, déclinante,
moribonde, réactionnaire. » [4]

- VERS UNE « SOCIÉTÉ MONDIALE »...
L’État
national sous sa forme actuelle entrave le
déploiement des forces productives internationalisées
par des frontières, des normes,
des droits de douane, des impôts et
des législations différents, par des langues
et des modes de vie distincts. La production
internationalisée tend à dépasser et
abolir le cadre national trop étroit.
Le magnat financier américain, George
Soros, pronostique une « société mondiale ». « Pour stabiliser et réguler une économie
mondiale authentique, nous avons besoin
d’un système mondial de prises de décision.
Il nous manque une nouvelle société pour
soutenir notre nouvelle économie. Une société
mondiale n’implique absolument pas un
État mondial. Abolir l’existence des États
n’est ni concevable, ni souhaitable. Mais
dans la mesure où il existe des intérêts collectifs
qui transcendent les frontières, la souveraineté
des États devrait être subordonnée
aux lois et aux institutions internationales.
 » [5]

-  … SOUS L’HÉGÉMONIE IMPÉRIALISTE ? Soros
décrit justement le processus en cours ; et il
rassure sur le maintien des États nationaux
tout en posant la question « d’une société
mondiale » qui ne pourrait que se soumettre
les États nationaux. Car, qui fera les « lois
internationales » ? Qui déterminera « les intérêts
collectifs qui transcendent les frontières
 » ? À l’époque de l’impérialisme ce ne
peut être que les puissances économiques et
politiques dominantes qui en décident
comme on peut le voir quotidiennement.
C’est pourquoi la « société mondiale » de
Georges Soros n’est ni démocratique, ni
égalitaire, elle ne peut être que la suprématie
des grandes puissances impérialistes.Et il
le dit très clairement en prenant la défense
du Fond Monétaire International : « On a
souvent reproché au FMI d’imposer trop de
conditions et de trop s’immiscer dans les affaires
intérieures des pays qui réclament son
assistance… Je serais pour ma part de l’avis
contraire… Loin de trop s’immiscer, ils (les
programmes du FMI) ne l’ont pas fait suffisamment.
 » Tout est dit sur l’hégémonie
impérialiste !

- DES ÉTATS PLUS FORTS ET PLUS FAIBLES !
L’illusion réformiste selon laquelle l’État se
trouverait au-dessus des classes et serait
apte à réfréner le pouvoir des monopoles,
devrait aujourd’hui se réaliser dans une
« république mondiale » ! Et quand Soros
voit dans le Conseil de sécurité,dominé par
quelques grandes puissances, de l’ONU,
l’autorité principalement responsable de la
sauvegarde de la paix mondiale », il ne reste
plus de la « république démocratique mondiale
 » rien d’autre que l’hégémonie des
États impérialistes les plus forts, USA en
tête.L’État national particulier est dépossédé
relativement de son pouvoir de régulation,
de sa fonction sociale tout en conservant
ces fonctions d’encadrement des classes
dominées. Ainsi si les États nationaux
sont les instruments de pouvoir de la classe
dominante,cela ne se fait que vassalisés aux
États impérialistes les plus puissants. Car
les monopoles impérialistes tentent, au
niveau mondial,de structurer,de codifier et
de réguler le marché et la concurrence
mondiale, soit par la création de structures
internationales telles que la Banque
Mondiale, le FMI, l’ONU, l’OMC,… ; soit
encore au niveau d’un continent,comme le
tentent les monopoles européens avec
l’Union Européenne. Mais ce ne sont là
que vaines tentatives. Car elles se heurtent
à la terrible guerre économique que se
mènent les monopoles internationaux pour
la domination du marché mondial, qui
reste l’objectif fondamental,quelque soit les
alliances tissées.
SM

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