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Après les élections régionales, continuons à organiser le camp des prolétaires

L’abstention, le premier vote populaire

Même si l’abstention a diminué de près de 10 points d’un tour à l’autre, elle reste massive, essentiellement dans les quartiers populaires des grandes villes. Dans les villes de Seine-Saint-Denis, dans les banlieues lyonnaises, les cités de Toulouse, Montpellier, Dreux ou ailleurs, ce sont encore plus de 60% des électeurs qui ne se sont pas déplacés, les ¾ au premier tour… Une fois de plus, il faut l’affirmer haut et fort : l’abstention est le premier « vote » parmi les travailleurs et dans la jeunesse… Et non, ce n’est pas une abstention d’ignorants, d’abrutis qui ne comprennent rien à la politique ou de pêcheurs à la ligne, comme on l’a trop entendu entre les deux tours : pour l’essentiel c’était un choix conscient, de rejet de ce système politicien de plus en plus déconsidéré. On peut noter l’échec consommé du Front du Gauche qui ne capitalise pas d’espérance sociale sur son programme de réforme du capitalisme.
Il y a aussi tous ceux et celles, sans-papiers, étrangers, immigrés depuis parfois des décennies qui restent exclus du droit de vote, une « promesse » jadis du PS enterrée six pieds sous terre…
C’est quelque part la conscience que les prolétaires n’ont aujourd’hui aucune place dans le jeu électoraliste et parlementaire.

Le FN, faux parti antisystème, vrai ennemi de classe.

Même si le FN ne remporte aucune région, sa progression reste très préoccupante. Car si elle est le reflet d’un rejet du système, il s’agit là d’un rejet réactionnaire, avec un fond revanchard, nationaliste, diviseur et raciste qui promet des combats difficiles autour de nous.
Cependant si le FN progresse encore en nombre de voix depuis les présidentielles de 2012 ce n’est certainement pas le raz de marée annoncé. 6,8 millions de voix rapportées, non aux suffrages exprimés mais aux 50 millions d’adultes de plus de 18 ans, ne représentent réellement que 13,6% de la population, au final. Il perd même des voix dans certains quartiers populaires où l’abstention atteint des sommets.

Pas de « tremblement de terre » donc à l’issue de ce deuxième tour électoral.
Le PS et Les Républicains se partagent les régions, au point que tout le monde est content : les débâcles promises aux uns et aux autres débouchent au final sur le partage du gâteau… Même le FN se retrouve dans le résultat pour préparer l’avenir. La domination bourgeoisie peut continuer, Hollande, Macron et Valls sont ses dignes représentants, guerre en Syrie, Etat d’urgence et lois anti-immigrés, lois anti-ouvrières s’enchaînent au rythme de la mitrailleuse et font consensus – contre les prolétaires.
Une domination de plus en plus réactionnaire où, le FN polarise les Républicains, qui tirent le PS, qui lui-même entraine Verts et Front de Gauche à soutenir Estrosi ou approuver l’Etat d’’urgence… Mais ils mangent tous plus ou moins la même soupe, avec plus ou moins de grimaces !

Ne nous laissons pas emprisonner dans cette perspective électorale

L’apparition du troisième larron FN, empêcheur de ronronner lors des élections successives, provoque une crise du système de représentation électoral et de l’alternance habituelle. Et ils sont déjà tétanisés à la perspective des présidentielles de 2017. Tous les politiciens bourgeois, tous les médias veulent nous emprisonner dans cette perspective électorale, dans ces débats sans issue. Ne nous laissons pas enfumer l’esprit, ouvrons les yeux  : le système électoral bourgeois n’est qu’un leurre pour nous détourner de la réalité, pour nous déposséder encore plus du contrôle sur notre vie, pour nous amener un peu plus à remettre notre sort dans ces experts en politique qui parlent en notre nom et nous explique ce qui est bon pour nous. Le système parlementaire est largement décrédibilisé, il n’y a aucune alternative à attendre de ce côté.
L’abstention massive montre que les yeux commencent à s’ouvrir, c’est une bonne chose. Maintenant, il faut passer le cran suivant, redevenir acteur, s’engager dans le combat. Faute de quoi, l’abstention ne restera qu’une protestation sans suite, et au final sans vrai danger pour nos ennemis.

On veut nous faire peur avec le FN et sa brutalité. Ne perdons pas de vue où sont les ennemis d’aujourd’hui !

Ceux qui votent les lois anti-immigrés et la restriction du droit d’asile à l’heure où les migrants fuient la guerre. Ceux qui font la chasse aux travailleurs à Air France ou Goodyear. Ceux qui réforment en douce le Code du Travail, votent l’ANI, les lois Macrons et tutti quanti. Ceux qui répriment dans les quartiers, renforcent l’Etat d’urgence, votent les lois liberticides. Ceux qui font la guerre en Syrie ou au Mali, pillent les ressources du Tiers Monde comme l’uranium.
Ces ennemis qui se succèdent d’une élection à l’autre, ce sont le PS, les « centristes » ou les « républicains » ! Ce sont eux que nous avons en face, ce sont eux que nous combattons.
Le FN est dans la même logique, de ce point de vue c’est bien « un parti comme les autres », porteur de mesures toujours plus réactionnaires et anti-ouvrières. Là où il se distingue, c’est qu’il draine avec lui tout ce courant ultra-réactionnaire et fascisant, de la Manif pour tous aux nazillons identitaires, en passant par les jaunes dans les usines et les intégristes de tous poils. Il y a des combats contre eux, des combats particuliers, et ils vont sans doute se multiplier, nous en serons, il faudra en être.
Mais jamais nous n’oublierons Hollande, Valls, Macron et Cazeneuve, on ne nous fera jamais le coup du Front républicain !

Il faut redresser la tête, et commencer par dire Non, ne pas laisser parler les réactionnaires décomplexés, assumer l’affrontement.

Autour de nous beaucoup d’amis, de voisins et de collègues sont un peu abattus, désemparés. Mais il y a aussi un socle de résistances, ceux et celles qui ne veulent rien lâcher, il faut nous regrouper, nous organiser, agir sur le terrain de la politique de classe, sortir de l’abattement.
Ils veulent nous réduire à l’impuissance par le système électoral et le harcèlement des lois anti-ouvrières ? Regroupons-nous, proposons un autre projet de société qui commence par refuser de laisser notre avenir dans les mains des experts en politique !

Si tu ne t’occupes pas de la politique, les politiciens bourgeois s’en occuperont pour toi !
De cette société capitaliste, on n’en veut plus !
Construisons le parti politique qui nous manque pour la mettre à bas !

OCML Voie Prolétarienne, le 15 décembre 2015

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