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Une trentaine de personnes à Paris pour une Palestine libre, laïque, démocratique
Vendredi 14 mars 2025
C’est sûr, nous aurions espérés être un peu plus nombreux ; beaucoup s’étaient dits intéressé.e.s, mais au final n’ont pu venir. Néanmoins, le débat attendu a eu lieu et les questions épineuses ont été soulevées.
- Sur la manière de mettre à bas l’Etat colonial, raciste et génocidaire d’Israël.
- Sur le rapport entre lutte armée et lutte idéologique pacifique.
- Sur le projet d’un Etat unique, laïque et démocratique dont l’idée progresse tant chez les Palestiniens que chez les Juifs israéliens, contre l’illusion des deux Etats qui perd chaque jour un peu plus de crédibilité.
- Sur la contradiction entre vouloir une Palestine égalitaire pour Juifs et Arabes tout en garantissant le droit au retour des réfugiés et la restitution de la terre spoliée.
- Sur le projet de démocratie radicale proposé par ODSI, point de départ incontournable du combat en cours, et la butée auquel il est confronté avec la colonisation et l’impérialisme…
Et surtout sur la possibilité de rallier une fraction notable de la population juive à ce projet politique. En effet, le colonialisme n’est pas qu’une domination politique, c’est aussi un rapport social basé sur l’exploitation et l’appropriation, et c’est là que réside fondamentalement la difficulté à rallier une partie de la société coloniale à la lutte des colonisés...
Nous sommes satisfaits d’avoir pu proposer un temps de discussion politique de fond. Même dans le feu de la mobilisation, il faut savoir prendre le temps de réfléchir. Il n’est jamais trop tôt pour discuter d’un projet politique, car c’est cela qui oriente toute une lutte. Comme nous ne cessons de le dire, nous récolterons demain ce que nous semons aujourd’hui…
Naji El Khatib est apparu comme un conférencier modeste et pédagogue, et nous soutenons l’organisation ODSI à laquelle il participe. Nous remercions l’association « Résistance et Solidarité », qui a pu présenter sa campagne de solidarité avec l’organisation sanitaire palestinien Al-Awda, ainsi que la Coopérative andine, venue proposer à la vente des produits solidaires de Palestine.
Voici l’intervention introductive de VP :
"Nous nous retrouvons aujourd’hui alors que la situation est toujours dramatique pour le peuple palestinien, malgré le cessez-le-feu.
La bande de Gaza a été détruite. Au moins 40 000 Palestiniens ont été assassinés par l’armée israélienne. La population qui en a réchappé est désormais sans abri, maintenue dans un état de disette et de misère par Israël qui ne laisse passer qu’au compte goutte l’aide humanitaire. En Cisjordanie, l’Etat sioniste, les colons, appliquent une politique de confiscation de terre et de pogroms plus violente que jamais.
Oui, à Gaza, c’est bien un génocide qui a eu lieu sous nos yeux. Aux impérialistes, aux sionistes, nous ne le pardonnerons jamais. Génocide mené avec la complicité, avant tout, bien sûr, des USA. Mais aussi celle des autres, dont la France, qui fait semblant de maintenir une « position équilibrée ». Mais lorsqu’un peuple, hommes, femmes, enfants, est massacré sans retenu, à qui profite la « position équilibrée » ?
D’autant plus que les gouvernements successifs criminalisent la solidarité avec la Palestine, assimilée à de l’antisémitisme. Parlons de la dissolution des collectifs. Des manifs interdites. Parlons des militants licenciés. Parlons de celles et ceux placés en garde à vue et menacés de poursuite. Leur tort ? Avoir réaffirmé la droit d’un peuple colonisé à se défendre, par les armes si nécessaire. Avoir critiqué le consensus impérialiste qui refuse toute remise en question de l’Etat d’Israël, qui n’est qu’une colonie de peuplement occidentale, au même titre que l’Afrique du Sud de l’Apartheid.
Oui, nous nous tenons aux côtés du peuple palestinien lorsqu’il se bat pour retrouver son pays, de la Mer au Jourdain. Notre soutien inconditionnel va au peuple palestinien, dans sa lutte contre la colonisation sioniste. Depuis l’origine de notre organisation, dans les années 70, nous avons soutenu la lutte nationale et démocratique du peuple palestinien, bafoués par la création de l’Etat d’Israël en 1948. En cela nous nous démarquons bien sûr de tous les prétendus « démocrates » bourgeois qui continuent à défendre la « solution à deux Etats », qui ne sont que des soutiens plus ou moins cachés de l’Etat sioniste, mais aussi des trotskistes comme Lutte Ouvrière ou le NPA-R qui refusent tout soutien à une quelconque lutte nationale et démocratique, en rêvant à une unité abstraite entre ouvriers juifs et ouvriers palestiniens – dont on se demande bien sur quelle base elle peut se construire.
Mais à VP, par ailleurs, nous sommes des communistes internationalistes, donc oui nous avons un avis sur ce qui se passe chez les autres (ou nous efforçons d’en avoir un), et choisissons d’apporter notre soutien à tel projet politique plutôt qu’à un autre. Cela paraît hors de propos, tellement cette perspective paraît lointaine, mais une lutte de libération nationale est orientée par un projet politique « pour l’après » projet qu’il faut construire dès maintenant. « On verra plus tard », nous dit-on, « l’heure est à la lutte et à l’unité sans critique ». On connait la chanson, et notre réponse est simple : on récolte demain ce qu’on sème aujourd’hui.
Sur la base d’un juste soutien au combat national et démocratique du peuple palestinien, certains courants dans le mouvement de solidarité prétendent imposer un « Soutien inconditionnel, non pas à la lutte du peuple palestinien, mais « aux organisation de la résistance palestinienne » quelque soit leur stratégie et leurs tactiques. Nous ne sommes pas d’accord.
Dans le combat démocratique et national, nous l’avons dit, il y a dès le début deux orientations. Premièrement, une orientation réactionnaire, bourgeoise, capitaliste qui va entraîner la révolution à son échec – ce fut d’abord celle de la direction du Fatah, qui s’est transformée en agent de l’impérialisme et du sionisme. Mais l’orientation du Hamas, mène également, pour nous à l’échec de la lutte de libération nationale.
Et deuxièmement, une orientation populaire, communiste, progressiste qui dès le début va orienter ce combat démocratique et national vers un avenir libérateur. Nous nous plaçons donc du côté des forces qui portent un projet réellement démocratique, progressiste, émancipateur. Nous soutenons bien de manière inconditionnelle le droit à la résistance du peuple Palestinien, mais nous refusons de nous aligner systématiquement derrière les forces qui dirigent cette lutte, en l’occurrence derrière le Hamas, parti politique réactionnaire, anti-démocratique, antisémite.
Il y a trente ans, les accords d’Oslo prétendaient valider l’existence de deux Etats voisins. Chaque année qui passe montre que la solution à deux États est totalement illusoire, et que seule une Palestine Libre, Laïque et Démocratique dans ses frontières historique, garantissant le droit au retour des réfugiés, peut offrir une perspective progressiste à tous les peuples de la région. C’est évidemment inacceptable pour la réaction, les Etats réactionnaires arabes et les réformistes impérialistes de chez nous.
On récoltera demain ce qu’on sème aujourd’hui. C’est cela l’enjeu.C’est pour cela que notre soutien positif, aujourd’hui, va aux organisations comme l’ODSI, qui défendent un projet progressiste et révolutionnaire pour la Palestine."