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Multinationale ou travailleurs : le gouvernement peine à donner le change !

Fralib

Depuis le dernier procès (3ème plan social) perdu en avril par les Fralib de Gémenos, près de Marseille, les militants occupent l’usine, de crainte justifiée que le groupe Unilever ne la vide de ses machines de conditionnement de thés parfumés. Or, depuis deux ans maintenant que dure cette lutte contre la fermeture de l’usine, les Fralib ont plus que jamais le projet de faire redémarrer la production, en SCOP si possible, pour sauvegarder leur emploi, produire localement et prouver la rentabilité de l’entreprise… si la direction et les actionnaires n’accaparent pas 60% des richesses produites.
L’arrivée du PS au pouvoir a modifié la donne politique autour de leur lutte : le gouvernement n’affiche plus un soutien ostentatoire à Unilever. Au contraire, une mesure importante a été décidée et mise en application : l’achat par la Communauté urbaine de Marseille du terrain, des bâtiments et de tous les équipements de production. Unilever a encore fin août essayé de déposséder l’usine de ses machines les plus performantes. Alors que la justification économique de la fermeture de l’usine était la surproduction ! D’ailleurs l’usine Unilever de Katowice en Pologne s’est vue équipée de nouvelles machines représentant la totalité de la production de Gémenos, 3000 tonnes.

 

L’optimisation des profits et la combativité de l’usine de Gémenos sont les vraies raisons de la volonté de fermeture d’Unilever.
Unilever qui continue de se battre bec et ongles pour empêcher les Fralib de mettre en œuvre leur projet alternatif : une SCOP produisant pour le marché français les thés L’Eléphant. Et se retrouver à leur compte dans le grand bain de la concurrence capitaliste ! Ce n’est pas seulement que la victoire des ouvriers leur créerait un concurrent sur un marché où ils sont hégémoniques avec la marque Lipton. Surtout, cela créerait un désaveu cinglant de leur argumentaire économique (par la capacité des ouvriers à résoudre les problèmes qu’ils invoquent eux-mêmes pour leurs choix économiques), écologique (Unilever se targue d’écologie tout en faisant parcourir l’Europe en camions à ses productions !), et politique (capacité des ouvriers à organiser et pérenniser eux-mêmes leur emploi).
Restent de gros écueils pour lesquels le gouvernement PS a bien du mal à trouver une solution qui ne lèse pas Unilever (ce que les Fralib, qui confondent gouvernement et Etat, ont du mal à comprendre sans illusions) :
- imposer à Unilever ce qu’il ne veut pas lâcher : la marque Eléphant et plusieurs années de volumes de production,
- faire passer une loi (Montebourg le présentait comme acquis) qui oblige les boites qui délocalisent à laisser la marque et la production à des repreneurs,
- remettre aux salariés la lettre de la Direction régionale du Travail, bloquée par le ministre du Travail de Sarkozy, dont l’absence avait permis au juge d’avaliser le 3ème plan social (l’appel aura lieu en octobre).
L’Etat n’a pas changé, il n’est pas neutre mais toujours au service des monopoles ! Le gouvernement peut céder sur des aspects en fonction du rapport de forces (Mitterrand avait lâché sur le Larzac et la centrale nucléaire de Plogoff pour mieux continuer les politiques militaires et nucléaires de ses prédécesseurs !). C’est ce que les Fralib espèrent. Réguler l’économie, le gouvernement le prétend. Mais remettre en cause l’économie des monopoles, n’y comptons pas ! Kif-kif pour PSA ; Arcelor-Mittal et bien d’autres.

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