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La nationalisation : capitaliste ou socialiste ?

La question de la nationalisation a été remise à l’ordre du jour par l’affaire de Florange. L’URCF, Union des révolutionnaires-communistes de France, a également lancé une pétition pour la nationalisation de PSA, sans indemnité et sous contrôle ouvrier. La nationalisation avait disparu des programmes réformistes, la voilà qui ressurgit. L’Humanité en reparle aussi, et exige la nationalisation de l’industrie pharmaceutique.
La proposition de nationaliser, provisoirement, Florange, s’inscrit parfaitement dans le rôle de l’Etat bourgeois se substituant à la défaillance d’un capitaliste particulier pour assurer la continuité d’une production. On a même vu récemment aux USA les nationalisations temporaires de General Motors et de certaines banques. Mais le gouvernement français a capitulé devant Mittal, qui pouvait mettre dans la balance ses investissements dans ses autres sites en France.
La pétition de l’URCF se veut un outil d’intervention politique. Mais peut-on faire une campagne politique juste, qui construit et organise, avec un objectif qui sème des illusions ? Première illusion : sur les conditions d’expropriation, car la condition politique d’expropriation sans indemnité de PSA, c’est que le pouvoir soit aux mains des ouvriers. Deuxième illusion : c’est que des ouvriers contrôlant une entreprise dont l’environnement resterait en tout point le même (marché et concurrence) finiraient par adopter les mêmes règles de gestion que les capitalistes eux-mêmes (c’est le problème des SCOP).
Ce mot d’ordre faux, de nationalisation, se nourrit de deux mots-d’ordre justes, le syndical « Zéro suppression d’emploi », et le politique « Expropriation des entreprises par un pouvoir ouvrier ». L’URCF, comme tous les trotskistes et les réformistes, mélangent les deux niveaux, pour en inventer un troisième, de « transition ». Alors que « Zéro suppression d’emploi » nécessite de « Travailler tous, moins, autrement », et exige déjà, pour se réaliser vraiment, un pouvoir ouvrier ; et qu’inversement l’expropriation des entreprises pointe le bout de son nez lors d’une grève avec occupation, d’une grève « active » (LIP en 1973), d’une « réquisition » comme à Marseille et Lyon en 1944, de la création d’une SCOP (voir Partisan 261), et surtout avec le renforcement de l’organisation communiste qui a cette expropriation au coeur de son programme.

 

Hugo

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