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Egypte : Morsi destitué par l’armée ! Amère victoire !

Déclaration - Egypte

Déclaration de l’Organisation Communiste Marxiste-Léniniste Voie Prolétarienne

Le 3 juin à 21 heures, au terme d’un ultimatum, l’Armée égyptienne a destitué Mohamed Morsi, président élu démocratiquement. Elle affirmait ainsi répondre aux aspirations du peuple égyptien qui depuis la fin du mois de juin, hommes et femmes confondus, manifestait par millions contre la politique des Frères musulmans au pouvoir et les menaces qu’ils font peser sur les libertés politiques. Le fond social de ces manifestations est la dégradation de la situation économique du pays, avec ses conséquences dramatiques pour les travailleurs : chômage, inflation. Les grèves des ouvriers et ouvrières des usines, qui avaient commencé avant la chute de Moubarak, n’ont cessé de se développer. Le mouvement d’opposition à Morsi a commencé dans les villes, qui pour la plupart n’avaient pas voté en faveur du candidat des Frères musulmans, s’est ensuite étendu à toute l’Egypte. Le mouvement qui a exigé le départ de Morsi s’étend des travailleurs exploités à la bourgeoisie libérale. Cette dernière partage avec les Frères musulmans la défense de l’économie libérale et l’attachement à l’alliance avec les USA. Elle s’oppose à leurs conceptions sociales qui expriment les aspirations d’une moyenne bourgeoisie rurale et traditionaliste, bien qu’ils aient aussi en leur sein de grands bourgeois.

 

L’Armée, en dépit de son soutien affirmé au peuple, n’est en rien porteuse de ses intérêts. Elle représente une force économique considérable et une puissance politique qui a contrôlé le pouvoir depuis 1952. Depuis l’élection de Morsi, elle se trouvait confrontée à une tentative de marginalisation toute relative. Cette armée n’a jamais reculé, depuis la chute de Moubarak, devant une répression violente des manifestations lorsqu’elle l’a jugé nécessaire. Le 9 octobre 2011, ses chars ont écrasé des coptes qui protestaient contre la censure par la télévision des agressions dont ils étaient victimes : 25 personnes tuées et 300 blessées. Cette armée, équipée par les USA, qui lui allouent chaque année plus d’un milliard de dollars, est plus une affaire commerciale, une force de contrôle populaire par ses services de sécurité hypertrophiés, qu’une force combattante.

 

Le peuple mobilisé a obtenu le départ de Morsi. Il a fait preuve de sa détermination et de son courage. Il a exprimé la profondeur de ses aspirations à une autre vie. Mais il n’a changé que la couleur de ses oppresseurs. Les programmes des libéraux ainsi que de l’armée d’une part, des Frères musulmans d’autre part, sont bien différents dans le domaine sociétal, dans le rapport à la religion, mais ils sont identiques sur le plan économique (libéralisme) et en politique étrangère, en particulier pour ce qui concerne la coopération avec Israël. Il ne faut pas attendre de l’Armée qu’elle défende les droits des femmes, agressées et violées par centaines pendant les manifestations. En 2011, ce sont ses soldats qui avaient agressé sur la place Tahir, une femme voilée, lui arrachant ses vêtements.

 

Le peuple mobilisé a obtenu le départ de Morsi. Ce départ est applaudi aussi bien par l’Arabie saoudite qui y voit un revers pour le Qatar, principal soutien et bailleur des fonts du gouvernement Morsi, que par Bachar el Assad, le « démocrate » bien connu. Les USA ont eu une réaction mesurée, car les Frères musulmans ne les gênaient guère. Toutefois, ils n’ont pas à craindre de l’Armée une orientation politique et économique qui aille à l’encontre de leurs intérêts. Et ils savent qu’elle s’emploiera à assurer un retour à l’ordre en Egypte.

 

Le peuple, les travailleurs exploités, ont été « volés » de leurs mobilisations. Inorganisés, ils n’étaient pas en mesure de faire valoir leurs intérêts économiques et politiques, en face des deux principales forces politiques de l’Egypte, l’Armée et la Confrérie des Frères musulmans. Ce sera nécessairement contre elles qu’ils devront imposer ses intérêts. Sans organisation, sans parti porteur des intérêts des exploités, ces derniers seront toujours frustrés de leurs combats et de leurs sacrifices et contraints de choisir entre la peste et le choléra.

 

Les soulèvements populaires ne cesseront pas. Pas plus en Egypte qu’ailleurs. Mais les conditions politiques et organisationnelles pour les transformer en une véritable révolution, ouvrant une autre perspective, sont à construire, aussi bien en Egypte, dans les autres pays arabes, que dans les pays d’Europe.

 

Vive les luttes du peuple égyptien !
Vive la solidarité ouvrière et internationaliste !

Le 4 juillet 2013

Egypte : Morsi destitué par l’armée ! Amère victoire !
Déclaration de l’OCML-VP
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