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Contre tous les amalgames, c’est la barbarie impérialiste l’ennemi des exploités !

Déclaration

Les exécutions médiatisées d’otages occidentaux par Daech et ses émules ont suscité un dégoût et un émoi légitimes. Ces actes sont commis par des groupes politiques réactionnaires qui puisent dans l’Islam des justifications idéologiques qui en trahissent l’esprit et les valeurs.

 

La bourgeoise française, son Président, comme la plupart des médias de ce pays trouvent dans ces actes la légitimation des interventions militaires dans lesquelles la France est engagée. Mais ils construisent aussi un discours qui oppose la civilisation, la démocratie à la barbarie et à l’obscurantisme. Les mêmes exhortent les musulmans et les autorités religieuses musulmanes à désavouer ces actes, à se démarquer, pour selon elles-éviter l’amalgame entre Daech et les musulmans. Mais ces appels présupposent un soupçon de sympathie et de connivence entre les groupes de l’Islam politique et les musulmans de France. Ils induisent que ces groupes sont mus par des buts religieux alors qu’ils ne le sont que par des objectifs politiques et sociaux réactionnaires. Si l’on exhorte les musulmans à se démarquer des crimes commis au nom d’un « Etat islamique », aucun média aucun ministre ne l’a fait à l’égard des juifs, alors qu’un Etat dit « juif » massacrait les Palestiniens de Gaza.

 

La bourgeoise et les médias français appellent à l’union nationale « contre les égorgeurs » pour défendre nos « valeurs », » notre « démocratie » contre des hommes qui méprisent la vie humaine. Sans doute faut-il beaucoup plus de détermination et de passion fanatique pour égorger de sa main un autre homme et sentir son sang couler sur ses mains que de tuer en appuyant sur le bouton qui larguera la bombe sur une école et sur des civils que l’on ne voit pas. De même qu’il ne coûtait rien à un fonctionnaire consciencieux, comme Papon et bien d’autres, de signer un ordre de déportation de milliers d’enfants juifs …

 

L’impérialisme a toujours cherché une légitimité dans l’opposition de la civilisation (dont il serait porteur) à la barbarie (dont les dominés seraient inévitablement porteurs). C’est au nom des « valeurs de la société occidentale » qu’il dit entreprendre ses conquêtes, d’abord coloniales, puis proprement impérialistes. Pourtant qui au siècle passé s’est montré le plus « barbare » ? Les pauvres des pays dominés, privés d’accès aux conditions de vie digne, maintenus dans l’ignorance, soumises au travail forcé dans les colonies, où les grandes nations occidentales prospères et « cultivées » ? Ce ne sont pas des pauvres « incultes » qui ont organisé le génocide de millions de juifs d’Europe, mais des individus, souvent des intellectuels, appartenant à l’une des nation les plus « cultivée » qu’est l’Allemagne. La bourgeoisie française s’en est faite complice, et dans ses colonies, elle n’a jamais hésité au massacre. Au Rwanda, elle a couvert le massacre des Tutsi. C’est la « grande démocratie américaine » qui a largué deux bombes atomiques sur le Japon alors même que celui-ci perdait la guerre, pour expérimenter cette arme et montrer au monde sa puissance militaire sans égale. Tout cela au mépris de la vie, mépris qui n’est donc pas du seul fait des forces réactionnaires que prétend combattre la coalition. Nous tenons assi à rappeler que les premières victimes de Daesh et consort restent bien les autres musulmans d’Irak et d’ailleurs.

 

Au fond l’opposition civilisation / barbarie instrumentalise l’émotion, permettant de justifier les interventions impérialistes en masquant les causes profondes du désordre mondial. Désordre qui s’accroît après chaque intervention impérialiste qui prétendait le réduire, ainsi que les menaces pesant sur les peuples du monde. Irak, Libye, Daech, …. Il est vain de croire que l’on réduira les massacres, les crimes dont sont victimes les peuples du monde par des interventions impérialistes, qui elles mêmes provoquent leur lot de victimes.

 

Les causes des désordres du monde et de la montée de groupes tels que Daech ou Boko Haram, ne tiennent pas à des facteurs idéologiques. A leur source il y a des causes politiques et sociales. Pourquoi les États, en particulier arabes, mais pas seulement, sont incapables de faire face à de tels mouvements ? Pourquoi y a-t-il dans les pays dominés, soit des Etats despotiques aux mains d’une bourgeoise bureaucratique, ou des Etats contrôlés par des fractions bourgeoises corrompues à la solde de l’impérialisme ? Ce n’est pas une question de « culture », comme les bourgeoisies impérialistes bien pensantes, qui font la morale au reste du monde, le disent. Etats dictatoriaux, Etats corrompus : ce ne sont que le produit de la domination impérialiste, du pillage des pays dominés. Sans base économique solide, assise comme dans les pays capitalistes développés sur l’exploitation économique des prolétaires, les bourgeoises des pays dominés ne peuvent prospérer que par les « rentes pétrolières » ou des moyens « extra économiques », par le contrôle despotique de l’Etat souvent par l’armée qui devient un acteur économique majeur, comme en Egypte, et par la corruption.

 

Les espoirs mis dans les indépendances, les soulèvements nationalistes dans les pays arabes ont amené au pouvoir des fractions des bourgeoisies nationalistes, comme Nasser en Egypte, ou les Partis Baas en Syrie et en Irak. Bien que certains dirigeants comme Nasser aient incarné une fierté arabe contre la domination impérialiste, ils n’ont pas réalisés les espoirs sociaux et de liberté que les peuples avaient mis en eux, d’autant que les impérialistes n’ont cessé de les combattre. Soutenus généralement par des Partis se réclamant du communisme au nom d’un front anti-impérialiste (Syrie, Algérie de Boumediene), le discrédit populaires des régimes nationalistes arabes, entre autre, a entraîné celui de ceux, qui bien que communistes, étaient devenus les auxiliaires des oppresseurs des peuples.
Alors, la seule « idéologie » politique mobilisatrice des peuples a puisé sa légitimité dans une radicalisation sur le fond religieuse. La montée de la réaction djihadiste ou de l’« Islam politique » est le produit de la domination impérialiste, du discrédit des bourgeoisies nationales et de l’opportunisme des communistes qui, en soutenant des régimes d’oppression, ont abandonné la lutte de classe, et l’organisation des exploités pour leur libération.

 

Notre bourgeoise en nous appelant à l’unité nationale « contre la Barbarie », en faisant « injonctions aux musulmans de ce pays de se démarquer des crimes », entretien le soupçon de sympathie possible des musulmans avec ces groupes fascisant. Bref divise les exploités, en instrumentalisant l’émotion légitime. En l’orientant unilatéralement, elle cherche à ressembler une fraction des exploités derrière elle alors même qu’elle nous écrase chaque jour plus, comme elle le fait dans le reste des régions qu’elle domine.

 

L’opposition n’est pas entre civilisation et barbarie des pauvres, mais entre barbarie impérialiste et lutte pour la libération nationale, sociale et politique des exploités du monde. Nos remarques critiques à l’égard des communistes arabes seraient que de l’hypocrisie, si nous répondions aux appels à l’unité nationale de notre bourgeoisie.
La tâche des communistes d’ici est justement de la combattre, car l’ « ennemi est dans nôtre pays ».
L’organisation révolutionnaire des exploités est leur seule vraie protection que ce soit contre la bourgeoise ou contre les réactionnaires fascisant de toutes origines.


Le 02 octobre 2014

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