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Election de Donald Trump : face à la fuite en avant chauvine et xénophobe, unité et organisation !

Aux USA, Donald Trump vient d’être élu. Stupeur dans les médias qui voyaient déjà Clinton présidente. Comment un milliardaire, raciste, sexiste, qui se la joue anti-système, a t-il pu l’emporter face à Hillary Clinton, candidate favorite de la grande bourgeoisie, des groupes de presse et des haut-fonctionnaires, qui devait devenir la première femme présidente des USA ?

 

On ne peut parler de ces élections sans parler du bilan d’Obama. Rappelons comment, jusqu’en France, on a fait croire que son élection représentait un tournant. Mais comme cela était prévisible, il n’a fait qu’endosser la politique agressive de l’impérialisme américain, il a fait pleuvoir les frappes aveugles de drones sur le Pakistan et l’Afghanistan, assassinant des centaines de civils innocents. Il a relancé les interventions militaires au Moyen-Orient. Obama se vante d’avoir fait baisser le chômage, mais c’est au profit d’une importante augmentation de la précarité et d’une baisse des salaires ouvriers. Les étudiants sont encore plus endettés. Malgré sa réforme de l’Obamacare, des millions de personnes sont encore dépourvues d’assurance maladie. 2,5 millions d’immigrés sans-papiers, principalement latinos, ont été expulsés sous son mandat. Le gouvernement américain a plus expulsé sous Obama que sous ses prédécesseurs ! Enfin, Obama a couvert les meurtres racistes de la Police ; alors que les noirs américains manifestaient pour demander justice, Obama appelait au calme et à faire confiance à l’Etat... Sous couvert d’un président noir, l’oppression des noirs s’est perpétuée de manière tout aussi brutale.

 

Aux Etats-Unis comme en France, des franges importantes de la population, de la petite-bourgeoisie, du prolétariat, se réfugient dans le chauvinisme et la xénophobie, en espérant trouver leur salut en faisant front avec leur impérialisme contre les noirs américains, les Musulmans, la classe ouvrière immigrée ou les pays dominés ; c’est le sens du vote Trump, comme de celui du vote Le Pen. C’est un mélange confus de révolte, et de soumission aux idées dominantes. Mais il n’y a pas d’espoir dans le soutien à la politique impérialiste, dans la division du peuple, dans la concurrence entre prolétaires. Au final, c’est la bourgeoisie qui gagne. Si celle-ci peut parfois s’appuyer sur les uns contre les autres, elle sera au final sans pitié avec tous pour sauvegarder ses intérêts.

 

Donald Trump au pouvoir, ce sera avant tout la perpétuation du gouvernement de la grande-bourgeoisie, de la politique impérialiste hégémonique des Etats-Unis, avec une accentuation réactionnaire dont les noirs américains, les immigrés, les femmes, les LGBT seront les premières victimes. Déjà, son élection a été tristement saluée par une recrudescence des agressions racistes. Les USA sont en crise d’hégémonie et Trump veut redonner espoir aux éléments les plus réactionnaires. Comme tout habile politicien bourgeois, il s’est appuyé sur les aspirations de certaines couches de la population pour mieux assurer la continuation du système politique et économique capitaliste et sa restructuration. Quoi qu’on en dise, Obama avait usé des mêmes manœuvres pour se faire élire, en s’appuyant, lui, sur des aspirations progressistes.

 

Comme Obama qui a été un espoir pour les minorités nationales, la petite-bourgeoisie progressiste et les prolétaires issus de l’immigration, Trump se prépare à laisser tomber ceux qui ont voté pour lui. Qui peut penser qu’il va redonner du travail à la classe ouvrière américaine ? Qui peut penser qu’il va dompter le capital financier, alors qu’il est fusionné depuis longtemps avec le capital industriel, et mène la danse ? Trump est lui-même un grand capitaliste, qui a fait fortune dans la spéculation immobilière et dans le textile confectionné en Chine. Déjà, le nouveau président a nommé aux postes clés des représentants fiables de la grande bourgeoisie. Son vice-président, Michael Pence, est un chrétien intégriste homophobe et patriarcal, membre de la Chambre des représentants depuis plus de 15 ans, partisan du libre-échange, opposé au relèvement du salaire minimum. Le nouveau secrétaire général de la Maison Blanche, R. Priebus, est un avocat président du Parti républicain. Les candidats pressentis aux postes gouvernementaux sont pour la plupart issus de ces « élites », c’est à dire la grande-bourgeoisie, les haut-fonctionnaires et les politiciens professionnels qui dirigent les Etats-Unis depuis toujours.

 

La suite est prévisible. Trump assumera que pour lui, redresser l’industrie américaine passe par aligner les salaires des ouvriers américains sur ceux des ouvriers mexicains. Ses mesures contre les travailleurs immigrés latinos ne donneront pas plus de travail aux travailleurs de nationalité américaine, mais plongeront les immigrés dans une précarité et une pauvreté encore plus grande, pour accroître leur exploitation, tout en attisant la concurrence entre les uns et les autres. Comme en France, des secteurs importants du capitalisme américain reposent sur la force de travail des sans-papiers.

 

Ce qui crée le chômage, c’est la capitalisme, par la concurrence, par la recherche du profit qui pousse les capitalistes à supprimer des emplois, à remplacer les ouvriers par des machines... travailleurs immigrés ou pas. La seule réponse de la classe ouvrière, c’est la solidarité et l’unité entre les ouvriers et entre les peuples, pour briser la concurrence et l’individualisme dans lesquels la bourgeoisie veut nous enfermer ; c’est de nous battre pour travailler tous, moins et autrement.

 

La réforme de l’assurance sociale passée sous la présidence précédente, l’Obamacare ne sera pas abrogée comme Trump l’avait promis ; il ne s’agit pas de compassion pour les travailleurs pauvres, mais Trump écoute l’avis de grandes entreprises qui ont aussi profité de cette réforme, qui consiste à faire subventionner par l’Etat l’assurance maladie que souscrivent les entreprises pour leurs salariés.

 

Trump se dit opposé à l’interventionnisme des Etats-Unis à l’étranger, mais son discours anti-musulman très violent durant sa campagne ne peut que préparer le terrain à de nouvelles interventions militaires. L’impérialisme américain, si il ne veut pas renoncer à son statut de superpuissance, continuera inlassablement ses guerres d’agression.

 

On entend maintenant dire des Américains qu’ils sont un peuple d’imbéciles pour avoir élu un démagogue de cette trempe. Mais croire que Obama, lors de son élection, allait changer radicalement les choses, c’était aussi faire preuve de naïveté, et beaucoup chez nous y ont cru ! Trump a été élu sur les décombres des illusions perdues vis-à-vis d’Obama. Les masses, successivement, se tournent vers les différentes solutions que le cirque électoral leur propose, désespérées d’en trouver une qui résoudra leurs problèmes, sans pouvoir concevoir leur avenir au delà des limites du systèmes, tout en se laissant imprégnés des idées réactionnaires bourgeoises.

 

Le taux d’abstention a été de près de 50% à ces élections : aux USA comme en France, la confiance dans les institutions bourgeoises s’érode, et beaucoup n’ont cru ni en l’un ni en l’autre des candidats. Le peuple et la classe ouvrière ne font pas que céder aux sirènes réactionnaires ; ils sont avant tout déboussolés, découragés. Il existe aux USA un mouvement révolutionnaire et démocratique combatif, déterminé, avec une longue histoire de lutte et de critique acerbe de cette société impérialiste. La classe ouvrière et le prolétariat, les noirs américains et les latinos opprimés, les femmes et les LGBT se battent et ne se laissent pas abattre par la victoire du candidat ultra-réactionnaire. Ils ont tout notre soutien.

 

Au lendemain de son élection, des milliers de personnes et en particulier des jeunes ont manifesté dans les grandes villes américaines autour du mot d’ordre « Dump Trump  » (« Ejectez Trump  »). Cela démontre la vivacité des luttes populaires qui ne cessent de se développer ces dernières années aux USA sur différents fronts, comme le mouvement Black Lives Matter, ou pour le salaire minimum.

 

Finalement, c’est là la seule perspective ici comme là bas  : peu importe le résultat du cirque électoral, le salue est dans l’organisation consciente de plus en plus de secteurs du prolétariat. Dans cette tâche, les communistes doivent prendre toute leur place et organiser les éléments les plus conscients de ces combats. C’est à cela que nous travaillons !

 

OCML Voie Prolétarienne, le 17 novembre 2016

 

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