Actualité > Alep : pointons du doigt les criminels !

Alep : pointons du doigt les criminels !

Au moment des attentats contre Charlie Hebdo puis du 13 novembre 2015, nous mettions en garde contre le fait que l’émotion suscitée par ces crimes ne justifie de nouvelles interventions impérialistes meurtrières au Moyen-Orient. C’est exactement ce que subit aujourd’hui la population de Alep.

 

C’est en prétendant lutter contre le terrorisme que la Russie s’est rangée du côté du régime sanguinaire de Bachar El-Assad. C’est, comme nous le savons, la Russie qui le fournit en munitions pour écraser Alep sous les obus, qui appuie l’avancée de son armée et de ses milices avec ses bombardements aériens. Rien qu’à Alep, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été victimes de ces crimes. Certains, ici, admirent Poutine pour sa brutalité face aux « terroristes », pensent que la France devrait agir de même pour « venger nos morts » ; en réalité, cela signifie accepter les massacres commis par une puissance impérialiste agressive et le régime fasciste syrien qu’il a sous son aile. L’impérialisme russe est un ennemi des peuples.
Les souffrances de la population d’Alep nous révoltent profondément, comme hier ceux des habitants de Sarajevo pendant la guerre en Bosnie, ou de Grozny en Tchétchénie. Nous devons dénoncer les agissements criminels du régime fasciste syrien et de l’impérialisme russe, et démasquer leur vraie nature. Cependant, cela ne doit pas justifier un soutien à la guerre menée par notre propre impérialisme.
Les médias français nous informent allègrement des crimes commis par Poutine et El-Assad. Ils sont presque muets sur les crimes commis, cette fois, par l’aviation française en Irak. Depuis le début des frappes de la coalition menée par les USA, en septembre 2014, une organisation non-gouvernementale, Airwars, estimait le 12 décembre que 1 900 civils avaient été tués par ces bombardements, alors que la coalition n’en reconnaît que moins de 200. Dans un article de ce même jour, le journal Le Monde cite « une source militaire » qui affirme au journaliste que le nombre de victimes estimées par l’ONG « reste une estimation normale voire basse en comparaison à de précédentes campagnes aériennes. » Nos généraux, notre gouvernement, massacrent eux aussi des civils en toute impunité.

 

Les interventions impérialistes règlent rarement les problèmes des peuples, au contraire, elles les aggravent. Ce sont les USA, la France, la Russie, Le Royaume-Uni, qui sont à la racine des guerres et des dictatures du Moyen-Orient ; en prétendant régler le chaos, ces puissances ne font que l’aggraver. Au total, ce sont douze armées étrangères qui bombardent d’une manière ou d’une autre les peuples de Syrie, en plus du régime El-Assad. Nous ne devons pas, sous le coup de la colère et de l’émotion, nous laisser aveugler par les discours guerriers de nos gouvernements, sous prétexte de mettre fin aux attentats aveugles qui nous touchent. La France et les USA prétendent combattre Daesh tout en soutenant des groupes similaires en Syrie, comme l’ex-Front Al-Nosra. La Syrie est le terrain d’affrontement entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, puissances régionales soutenues respectivement la Russie et les États-Unis. Les peuples du Moyen-Orient en payent le prix. La guerre civile syrienne est l’histoire d’une juste révolte populaire contre un régime tyrannique dévoyée par les interventions étrangères et les groupes armés intégristes.

 

Le gouvernement français lui-même a soutenu pendant des années le régime syrien dont il dénonce les crimes : souvenons-nous de Bachar El-Assad invité le 14 juillet 2008, ou de François Fillon visitant la Syrie en 2010. Lors des primaires de la Droite, les candidats souhaitaient soient intensifier les frappes françaises, soient fermer les yeux sur les crimes d’El-Assad et de Poutine : voilà la seule alternative proposée aux peuples de Syrie ! A Gauche, Jean-Luc Mélenchon use d’un discours nationaliste, parle de « défense des intérêts de la France » en s’alliant avec la Russie, sans dire un mot des crimes commis par elle. Les négationnistes envahissent les réseaux sociaux pour justifier l’injustifiable…

 

Les peuples de Syrie devront compter avant tout sur leurs propres forces pour se libérer d’El-Assad. Nous devons nous mobiliser pour exprimer et organiser notre solidarité à la base, que l’étau qui opprime les peuples de Syrie soit desserré par la solidarité entre les peuples, et non pas par les missiles et les marchandages diplomatiques inavouables.

 

Apportons notre solidarité aux forces progressistes et révolutionnaires qui se battent en Syrie pour porter une alternative politique émancipatrice. C’est le sens de notre engagement dans la campagne de soutien au Bataillon International de Libération au Rojava.

 

Solidarité avec les peuples de Syrie !
Non aux frappes aériennes occidentales et russes !
A bas le régime fasciste syrien !

 

OCML Voie Prolétarienne, 16 décembre 2016

Soutenir par un don