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Quelques conseils de lecture à propos de la Révolution blochévique

Beaucoup de livres sont très tranchés selon le courant politique représenté (anarchistes, trotskystes... et anticommunistes bourgeois) sans forcément contextualiser les évènements. Il faut toujours rechercher le contexte d’écriture et rechercher le croisement des sources, car c’est dans la contradiction qu’on se fait un point de vue critique.

JOHN REED

Dix jours qui ébranlèrent le monde
Diverses éditions
Un roman-reportage du journaliste communiste américain John Reed. C’est un ouvrage assez exalté qui retrace bien l’effervescence d’une révolution, un témoignage à chaud et d’époque. Le livre ne propose pas une réflexion critique mais offre une plongée dans les événements.

ANTE CILIGA

Dix ans au pays du mensonge déconcertant
Éditions Champ libre, 1977.
Le récit de voyage d’Ante Ciliga, communiste yougoslave croate, entre 1926 et 1936, qui découvre - et déchante sur - la situation de la Russie révolutionnaire, entre lutte du prolétariat et processus de bureaucratisation. Partisan de l’opposition de gauche, il sera emprisonné, puis exilé. Une analyse à chaud du capitalisme d’Etat en formation et aussi une sacrée aventure, qu’il faut prendre avec bien entendu un peu de recul, car son point de vue n’est pas neutre ! L’auteur a ensuite dérivé vers des positions social-démocrates, mais cela ne retire rien à ce texte. Livre difficile à trouver (sans doute en bibliothèque), à se procurer directement auprès des militants.

ERIC AUNOBLE

La révolution russe, une histoire française
Éditions La Fabrique, 2016.
C’est un historien libertaire, spécialiste de l’Ukraine, qui fait un gros travail de recherche, y compris dans les archives de langue russe. Il y critique notamment le manque d’explication politique de la Révolution en France, entre le rejet bourgeois du « bolcho le couteau entre les dents » et l’exaltation sans aucune vision critique et la transformation en image creuse voire pieuse par les staliniens en France.

CHARLES BETTELHEIM

Les luttes de classes en URSS
Editions Seuil-Maspéro. 4 volumes. 1974.
[La troisième période se décompose en deux tomes « Les dominés » et « les dominants »]. C’est une somme qui essaie d’analyser les conditions sociales, économiques et politiques sous le socialisme. Bettelheim, en marxiste, essaie de comprendre comment se bâtit une nouvelle société dans les rapports de production, critique l’économisme (donner la priorité à produire plutôt qu’à transformer la société). Pour ceux et celles qui veulent creuser ! Néanmoins, Bettelheim a toujours été critiqué pour sa vision très mouvementiste et somme toute assez anti-parti de la révolution russe. Il existe même un essai critique de cette somme, « Critique de Bettelheim », par Claude Varlet en 1978 aux Editions NBE (introuvable aujourd’hui), critique assez doctrinaire mais qui mérite d’être lue pour mesurer l’ampleur du débat sur la révolution bolchevique. En bibliothèque ; librairie le Point du Jour à Paris ; ou auprès des militants ; extraits sur internet.

ROBERT LINHART

Lénine, les paysans et Taylor
Éditions du Seuil, 2010.
Robert Linhart est un des fondateurs du mouvement maoïste en France. C’est un livre polémique sur les contradictions de la NEP et du socialisme dans les campagnes. Comment dans les contradictions du développement révolutionnaire, alors que Lénine défend le mouvement des masses paysannes, c’est une division sociale du travail de type tayloriste qui finira par prendre le pas. Néanmoins, comme pour Bettelheim, l’interrogation clé des dialectiques Parti/Etat/masses n’est abordée que sous un angle assez unilatéral. Le livre paru en 1976 a été ré-édité en 2010.


On ne peut que conseiller la lecture en direct des textes de Lénine et des documents des congrès du Parti Communiste d’Union Soviétique disponibles, ainsi que les textes d’Alexandra Kollontaï et de Clara Zetkin sur www.marxists.org.

D’autres livres à connaître, même si nous avons des désaccords politiques : Pierre Broué (trotskyste) « Histoire du Parti Bolchévique », et Alfred Rosmer (trotskyste), « Moscou sous Lénine » sur www.marxists.org. Sur les communistes de gauche, l’Opposition ouvrière (Luxembourg), aller voir le travail d’archives et d’éditions du collectif Smolny http://www.collectif-smolny.org/. Enfin, « L’an 1 de la Révolution russe » de Victor Serge, témoin des évènements, qui est un révolutionnaire initialement anarchiste.

La Révolution bolchevique, c’est aussi une effervescence culturelle, connue sous le nom des avant-gardes russes : cinéma, théâtre, photographie, poésie, littérature, etc. bien loin de Tintin au pays des Soviets ! Parmi quelques noms à découvrir sur le web, peut-être moins connus que Sergueï Eisenstein ou Vladimir Maïakovski : Ossip (dramaturge) et Nadejda (écrivaine) Mandelstam, le photographe Alexander Rodcencko, les peintres Lazar Lissitzky, Kasimir Malevitch, Vassily Kandinsky... ou encore moins connues les femmes des avant-gardes : http://gillesbastianelli.blogspot.fr/2015/08/hommage-aux-femmes-de-lavant-garde-russe.html.
Enfin, sur le fondateur de la pédagogie et de la psychologie scientifique, Lev Vygotsky, on peut lire « Avec Vigotsky » d’Yves Clôt, éditions La Dispute, 2002.

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