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C’était la fête des grévistes d’Ibis Batignolles

Intervention de l’OCML Voie Prolétarienne

Lundi 28, c’était la fête devant le théâtre de Jolie Môme, avec toutes les grévistes et les soutiens, pour fêter la victoire. Beaucoup de joie, d’émotion et de remerciements.
Pour l’occasion, l’OCML Voie Prolétarienne a fait une intervention, certes un peu tranchante, mais très bien reçue tant par les grévistes que les soutiens présents.

Il y a 150 ans, les femmes de combat s’appelaient Léonie, Elisabeth, Paule, Victorine, Anna, Nathalie ou Louise ces héroïnes de la Commune dont nous commémorons le 150ème anniversaire. Aujourd’hui, elles s’appellent Rachel, Sylvie, Mariam, Mariama, Djeneba, Naye, Kama, Lala, Nana, Valérie, Sandra, Mama, Kadidiata, Kani, Aissata, Aurélie, Koumba, Mademou, - et Tiziri - et aussi Aboubacar – et Claude. Elles ont gagné après un combat mémorable. Aux côtés d’Assa Traoré, de Ramata Dieng et d’autres, elles sont le symbole de la lutte des classes et des luttes populaires de notre époque.

Mais nous n’allons pas « chanter les louanges » de ces guerrières et de leur victoire, même si elles le méritent amplement – les griots s’en chargeront. Après 22 mois de luttes et de silences, quand il ne s’agissait pas de dénigrement sournois et souterrain, tout le monde encense aujourd’hui ce combat historique qui restera dans les mémoires de notre classe. Tous les articles de presse félicitent les combattantes, symboles des « seconds de cordée » si méprisés par Macron, par les exploiteurs des entreprises et des ministères.

Non. Le plus important, après la victoire, c’est d’en tirer les leçons pour nous toutes et tous. Au-delà du courage, de la détermination, d’un syndicat de lutte de classe et d’une solidarité sans failles, la leçon la plus importante donnée par les grévistes de l’Ibis Batignolles, c’est qu’elles ont permis de voir et de comprendre où sont les amis, qui sont les ennemis.

Les ennemis les plus visibles, ce sont les bourgeois, Accor, STN, les patrons voyous, les syndicalistes corrompus du Nettoyage Ports et Docks, la presse et les ministres à leurs bottes. Ceux-là, c’est facile, c’est visible, on les connaît – on s’en méfie, on les combat.

Mais il y a les ennemis qui se cachent, qui se présentent comme les « vrais défenseurs » des prolétaires et qui les poignardent dans le dos.
Ces réformistes qui ont perdu tout objectif de changement radical, et qui réduisent la lutte sociale à grappiller quelques miettes pour rendre plus humaine l’exploitation capitaliste.
Ces réformistes, ils ont gagné la reconnaissance des experts bourgeois pour savoir maintenir la paix sociale. Ils nous répètent qu’on n’y arrivera jamais parce qu’on est trop radicales. Ils nous découragent en prétendant que nous sommes manipulées. Ils nous trahissent en souterrain auprès des administrations, ils multiplient les procédures judiciaires contre nos dirigeants en pleine lutte, ils refusent une salle pour une conférence de presse.
Ils ont gagné leurs galons d’interlocuteurs officiels et raisonnables face aux exploiteurs, avec qui ils négocient les licenciements ou la régression sociale dans leurs réunions clandestines.

Ces réformistes ne jurent que par les experts, les cadres, y compris les cadres syndicaux, vous savez « celles et ceux qui savent » ce qui est bon pour nous – en n’imaginant pas une seconde que nous sommes capables de nous débrouiller sans eux. Ils n’imaginent les prolétaires qu’à leur place, soumises, obéissantes, à la chaîne et au balai, même si on leur lâche un « meilleur partage des richesses ».
Ces réformistes, syndicaux, politiciens, associatifs, ils sont partout. Ils sont la pourriture du mouvement ouvrier, achetés avec les miettes de l’impérialisme comme disait Lénine. Ce ne sont pas des amis qui veulent bien faire et se trompent, ce sont des ennemis qui se cachent et que nous devons débusquer et chasser de nos rangs.

Voilà la grande leçon des grévistes d’Ibis Batignolles. Elles nous ont montré qu’il fallait être radicales, sans aucun doute, mais aussi vigilantes, déterminées et sans concession sur qui sont les amis, qui sont les ennemis.
Car le combat des prolétaires ne s’arrête pas à une victoire, aussi brillante soit-elle. L’enjeu n’est pas seulement de mettre un coup d’arrêt à l’exploitation, à gagner la dignité et la fierté. Bien sûr c’est important.
Mais l’enjeu final, c’est bien d’en finir avec ce système d’exploitation barbare et féroce qui sévit des hôtels aux usines, des hôpitaux aux chantiers, des cités au chômage à la précarité et à la sous-traitance. De construire notre monde, à nous les prolétaires, sans les embrouilles des experts bourgeois qui nous mènent à l’impasse, pour un « autre monde » construit autour de nos besoins prioritaires – nos besoins à nous. Activité productive enrichissante et pas esclavage salarié, éducation et culture pour comprendre et organiser la vie sociale collective, santé, logement, protection de la nature, suppressions des activités parasitaires et inutiles (comme l’armement, ou la publicité).

On n’en est pas là, mais c’est ce chemin qu’on prend dans nos combats quotidiens, et l’importance de nos camarades d’Ibis, c’est de nous avoir montré, dans la pratique, qu’il faut aussi se méfier des « ennemis qui se cachent »… celles et ceux qui au final, nous maintiennent dans notre situation d’exploités, toujours dans le capitalisme, même à visage humain – un rêve.

Vive le combat des prolétaires radicales contre l’exploitation capitaliste !

Débusquons les faux amis qui se cachent !

Reprenons les mots d’ordre de la Commune de Paris : Egalité, Justice, Révolution Sociale !

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