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L’OCML Voie Prolétarienne a la tristesse d’annoncer le décès de son camarade Philippe Boisseau

Déclaration - 1er Août 2021

Notre camarade est décédé d’une crise cardiaque le 30 juillet à l’âge de 74 ans. Il sera incinéré vendredi à Poitiers, et un hommage aura probablement lieu en région parisienne en Septembre.

Militant des CLAJ influencés par les maoïstes de 1968 avec qui il était déjà sur les barricades, il s’embauche à l’usine Bosch de Saint-Ouen en 1975. Dans cette usine où se sont établis des militants de VP, il rejoint l’organisation dès sa création en 1979, née de la fusion de PLP et de la Voix prolétarienne de Lyon. Membre actif de la cellule de l’usine (une des premières de l’histoire de VP), il contribue au rapprochement et au ralliement de plusieurs camarades immigrés. Il y restera jusqu’à la fermeture en 1980.
En parallèle, notre camarade était un soutien très présent de la grande grève des foyers Sonacotra en 1979-1980. Il restera un militant actif de l’unité de la classe ouvrière, s’engageant dans le soutien aux luttes pour la régularisation de tous les sans-papiers de 1997 – 2000, puis aux mouvements engagés par la CGT en 2008 – 2010. Dans le syndicat, il lutta avec de nombreux ouvriers immigrés, dont il avait gagné la confiance dans les années 1990, contre toutes les variantes réformistes de la régularisation au cas par cas et de l’intégration à la logique capitaliste de la sélection des immigrés selon les besoins de main d’œuvre du capitalisme et de l’exploitation.

Après son licenciement à Bosch et une formation professionnelle, il sera embauché à Renault Billancourt en mai 1981 comme rectifieur au « 57 Métal ». Par ses qualités de militant, ferme dans ses convictions, mais ouvert et modeste dans la polémique, il était devenu un des leaders respectés de cet atelier certes dominé par l’opportunisme du PCF, mais où de nombreux ouvriers qualifiés avaient une tradition de lutte de classe depuis 1968. Pour avoir été un des principaux animateurs de la dernière et longue lutte contre le licenciement d’ouvriers jugés excédentaires, la direction prit prétexte d’une altercation entre un militant du PCF et un gardien, qu’il avait voulu séparer, pour le licencier. Il reçut alors le soutien unanime de son atelier. Il gagna au prud’hommes, mais son atelier avait fermé.
Ensuite après divers essais infructueux, il suit une formation d’infirmier et finit sa carrière comme infirmier psychiatrique à l’hôpital de Ville Evard.

Philippe, notre camarade « Paul », a eu des responsabilités importantes dans l’organisation. Il a été un des principaux organisateurs et animateurs des premiers cycles de l’école de formation de l’OCML Voie Prolétarienne – ce que nous appelons l’école de base. Et nombre de militants se souviennent des sessions de formation dans sa maison de Bobigny.
Il a été un des principaux organisateurs et animateurs de la tournée en 2002 de la militante Sahar Saba, jeune femme afghane de l’organisation RAWA, venue à l’invitation de VP contrer la désinformation impérialiste sur l’intervention en Afghanistan et dénoncer le soutien de la France impérialiste au féodal Massoud. Il fut son garde du corps durant toute la tournée et pour l’anecdote a organisé pour elle un passage clandestin dans les services de l’hôpital Avicenne pour une batterie d’examens médicaux, avec la complicité et la solidarité militante du personnel soignant.

A la retraite depuis 2007, son activité militante n’en était pas finie pour autant. Toujours actif dans le soutien aux sans-papiers, il s’investissait dans la lutte écologique victorieuse contre un méthaniseur à Romainville en 2012. En 2011, il créait un site sur l’histoire du Paris révolutionnaire, une bible historique pour tous les amateurs d’histoire et de révolution. Le prolongement des visites qu’il organisait pour Voie Prolétarienne sur les traces de la Commune de Paris dont il était devenu un historien expert.

Il quitte de fait VP en 2014 suite à une première alerte cardiaque, tout en maintenant des contacts distants. Il s’installe à Poitiers où il continue à militer. Ces dernières années, son énergie fut mobilisée par l’attention qu’il devait porter à sa compagne Vera Correia touchée par une longue et pénible maladie. Il l’avait connue à Bosch où elle était ouvrière et où elle fut brièvement militante de VP. Militante communiste de l’OCMLP portugaise sous le fascisme, elle avait été arrêtée et torturée dans les geôles de Caetano, et depuis toujours déterminée dans le combat de classe.

Notre camarade – Eugène, Paul – n’était plus actif depuis quelques années dans l’organisation.
C’est néanmoins un camarade clé de notre histoire qui disparaît aujourd’hui, heureusement maintenu vivant grâce à un article de Libération (https://www.liberation.fr/france/2019/02/27/philippe-boisseau-l-insurrection-il-y-tient_1712004/), à son site Paris Révolutionnaire (http://parisrevolutionnaire.com) et une notice du dictionnaire du Maitron (https://maitron.fr/spip.php?article187210). C’était un camarade extrêmement apprécié de tou.te.s, chaleureux et convivial, un excellent chanteur – en particulier de chansons révolutionnaires. Son décès brutal quoi que peu surprenant (il avait le cœur fragile) a suscité beaucoup d’émotion parmi les camarades de l’organisation, comme parmi celles et ceux qui l’ont quittée, ainsi que par tous les camarades dont il avait gagné la confiance et l’amitié dans les combats dans lesquels il s’était engagé, à Bosch, à Renault, comme dans les foyers de travailleurs immigrés du 93.

L’OCML Voie Prolétarienne transmets toutes ses condoléances à sa famille, au premier chef sa compagne et ses enfants, et poursuivra le combat et les idéaux de ce camarade avec détermination.

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