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Afrique de l’Ouest : la Françafrique à bout de souffle !

Déclaration - 1er février 2022

Après la Guinée-Conakry et le Mali, c’est au tour du gouvernement du Burkina-Faso d’être renversé par un coup d’État militaire.
Ces coups de force sont le fruit de la défaillance des États néo-coloniaux. Cette défaillance vire à l’effondrement sous la pression des insurrections djihadistes au Mali et au Burkina.

Les populations en ont assez de l’incapacité des gouvernements successifs à assurer leur sécurité et leurs besoins vitaux de base. Ces gouvernements sont - à juste titre - assimilés à des agents de l’impérialisme français. Comment Macron et Parly peuvent-ils faire la leçon aux Africaines et Africains, alors qu’en 60 ans de mainmise française leur situation ne s’est guère améliorée ? Le gouvernement et les médias français se défaussent et mettent en cause la propagande russe sur les réseaux sociaux, qui aurait retourné les Africaines et Africains contre la France. Mais le rejet du néo-colonialisme a des ressorts bien plus profonds, ancrés dans la réalité de la vie quotidienne, et dans le constat que la France n’a fait que soutenir des régimes inefficaces, corrompus et brutaux.

Dans ce contexte, beaucoup se disent qu’il n’y a rien à perdre à laisser sa chance à un gouvernement militaire qui promet de balayer ces monceaux d’inefficacité et de corruption.
Mais cette issue est illusoire. Dans les trois pays, les officiers qui ont pris le pouvoir n’ont jamais brillé par leur engagement aux côtés du peuple. Ils ont fait carrière sans encombre au sein des appareils d’État, et ont même parfois par le passé participé à la répression dans le sang des révoltes populaires. Aucun n’a de programme clair, ni pris jusqu’ici les mesures radicales qui s’imposent pour sortir leurs pays de l’ornière.

Au Mali, à la suite du putsch, La Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) a décidé le 9 janvier de sanctions économiques très dures contre le pays. Le pays est désormais placé sous embargo, et les frontières avec ses pays voisins ont été fermées. Normalement, les produits de premières nécessités sont exemptés. Les gouvernements membres de la Cédéao reprochent officiellement à la junte militaire au pouvoir d’avoir encore repoussé (jusqu’en 2026) les élections et la passation du pouvoir à un gouvernement civil.

Ces sanctions sont totalement hypocrites de la part d’une organisation qui jusqu’ici tolère dans ses rangs sans trop de scrupules des régimes autocratiques et sanguinaires, comme celui de la dynastie Gnassingbé au Togo.

Mais tout ces régimes ont en commun de n’avoir jamais contesté les ingérences de la France. La faute de la junte militaire malienne, c’est de remettre en cause (ou faire mine de remettre en cause - voir l’expulsion de l’ambassadeur) la présence militaire française au Mali. Tout laisse à penser que les sanctions de la Cédéao ont été encouragées par la France pour punir une néo-colonie qui ose sortir du rang.

Les sanctions économiques ne feront qu’aggraver les conditions d’existences du peuple malien, déjà un des plus pauvres du monde. Les gouvernements français et ouest-africains jouent avec cynisme avec la vie des Maliennes et des Maliens.

Les peuples d’Afrique ont tout à fait raison d’exiger le respect de la souveraineté de leur pays et le retrait des intérêts français. Les sanctions de la Cédéao doivent être levées sans conditions. Les troupes françaises doivent être retirées de la sous-région.

La solution politique passe d’abord par la rupture avec les ingérences impérialistes de la France. Pour se défausser de leur responsabilité, les dirigeants africains peuvent parfois dénoncer verbalement les ingérences étrangères sans jamais effectivement s’y opposer. Eux aussi doivent être balayés ! La Russie de Poutine n’agira pas davantage en faveur des intérêts des peuples de la région, elle cherche juste à se tailler une aire d’influence néo-coloniale. La solution n’est pas non plus dans le soutien à une junte militaire opportuniste et sans programme clair. Les peuples doivent construire leur auto-organisation politique pour instaurer un pouvoir populaire et révolutionnaire.

Solidarité avec les peuples d’Afrique en lutte !

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