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Une réforme de l’Assurance chômage au service de la flexibilité capitaliste

Une nouvelle réforme des règles de l’Assurance chômage devrait être « proposée » par le gouvernement au Parlement mi-novembre. Au menu, la modulation de la durée d’indemnisation en fonction de la conjoncture économique ; en gros lorsque le patronat aura besoin de main-d’œuvre, cette durée sera réduite pour contraindre les chômeurs à retourner au travail. Il est également question d’augmenter la durée de cotisation ouvrant droit au chômage (actuellement, elle doit être d’au moins 6 mois sur les 24 derniers mois).

Un premier texte de loi « technique » (voté en octobre pour proroger l’indemnisation des chômeurs jusqu’à la fin de l’année) fut l’occasion d’une surenchère anti-prolétaire. Le Sénat, dominé par la Droite, a fait inscrire dans le texte la privation des droits au chômage pour un travailleur en CDD qui refuserait 3 fois de suite un CDI (payé au moins au même salaire), et pour un intérimaire au premier refus ! C’est aussi dans ce texte qu’a été introduit le concept de « Présomption de démission » en cas de désertion de poste : dans ce cas, plus droit au chômage non plus.

Le gouvernement promet que tout cela sera fait en concertation avec les « partenaires sociaux ». Les syndicats rechigneront pour la forme, mais ils finiront par avaler la pilule. D’ailleurs, la direction de la CGT défend depuis des années un projet de « Sécurité sociale professionnelle » qui n’est qu’un projet chimérique d’acceptation de la précarité et de la flexibilité de masse contre quelques contreparties. Idéologiquement, elle est déjà sur la même longueur d’onde que le gouvernement.

Pour justifier cette politique anti-chômeurs, le gouvernement Macron nous parle d’atteindre le « plein emploi ». Mais dans une économie capitaliste, c’est quoi le plein emploi ? C’est contraindre les prolétaires à accepter n’importe quel boulot, même aux conditions les plus pourries. Là où ce plein emploi est censé exister (comme en Allemagne où au Royaume-Uni) c’est le règne des boulots minables, payés au lance-pierre, à temps partiel imposé. Quand il ne s’agit pas tout simplement de radiations massives des chômeurs pour un oui ou pour un non. Dans ces pays, les réformes ayant mené au « plein emploi » ont certes fait baisser le taux de chômage, mais fait exploser le nombre de travailleurs pauvres.

L’économie capitaliste est une économie cyclique par nature, avec des crises périodiques inévitables. Au Royaume-Uni, malgré des décennies de politique anti-chômeurs ayant menées à un moment à ce fameux plein emploi, le chômage repart à la hausse depuis la dernière crise. Le plein emploi est donc un objectif illusoire sous le Capitalisme, surtout si on l’entend comme la possibilité de donner à chacun un emploi stable, pas trop mal payé, à des conditions correctes. Les chômeurs sont bien des « travailleurs privés d’emploi » par l’économie capitaliste.

La précarité et la flexibilité sont devenus indispensables aux capitalistes pour être concurrentiels, pour encaisser les hauts et les bas de la conjoncture économique. Le rêve de la bourgeoisie, c’est une main-d’œuvre qui obéit au doigt et à l’œil, qui accepte de se faire mettre à la porte quand on n’a plus besoin d’elle, tout comme elle accepte sans rechigner de bosser aux conditions qu’on lui impose. Une main d’œuvre docile, c’est ainsi un atout de charme pour attirer les investisseurs. Dans la même logique, le projet de « loi immigration » qui sera présenté par Gérald Darmanin prévoit de créer un titre de séjour « Métiers en tension », qui sera accordé et retiré aussi sec en fonction des besoins de main d’œuvre dans certains métiers.

Alors la première chose à faire, c’est de se battre pied à pied contre les licenciements. C’est ensuite d’arracher une réduction massive du temps de travail, pour donner un vrai travail à tout le monde, et desserrer les chaînes de l’exploitation. Enfin, c’est d’obtenir des allocations chômage portée au minimum au niveau du SMIC, lui-même relevé à un niveau suffisant pour vivre (2000 euros). La précarité et la flexibilité ne sont pas négociables. Commencer à en accepter le principe c’est accepter de soumettre nos vies à la logique capitaliste ; ça ne s’arrêtera jamais et nous finiront broyés. A moins que nous défendions nos intérêts de classe sans concession en portant un autre projet de société.

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