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Avec le projet de loi Darmanin/Dussopt, le retour en force de l’immigration choisie.

Le drame des migrants recueillis par l’Ocean Viking en Méditerranée nous rappelle ô combien l’Europe impérialiste se considère comme une forteresse assiégée, pleine de mépris pour les peuples des pays dominés. Pourtant, celles et ceux qui prennent la mer à leurs risques et périls sont des victimes des agissements de nos pays impérialistes fauteurs de misère, de guerres, de dictatures (en Libye, en Afghanistan, en Syrie, au Mali etc.).
Mais pour les gouvernements européens, pas de pitié pour ceux qui réussissent à passer. Darmanin a annoncé que 44 des passagers du navire seront bientôt expulsés. Les réfugiés ne sont pas considérés comme des victimes, mais comme des coupables. Mais la France se réserve le droit aussi d’en piocher quelques un pour les besoins de son économie capitaliste ; c’est ça l’immigration choisie.

C’est tout le sens de la « Loi Darmanin-Dussopt » que les deux ministres (de l’Intérieur et du Travail) nous mijotent. Ils en ont déjà donné la couleur dans une interview au journal Le Monde le 2 novembre – interview au cours de laquelle ils n’ont jamais été contredits malgré l’enchaînement de mensonges et de contradictions flagrantes. Darmanin a par exemple répété la Fake-news classique de l’Extrême-droite selon laquelle les sans-papiers auraient accès au logement social et aux prestations sociales – c’est faux.

Déjà, Darmanin souhaite réduire les droits de recours des personnes sans papiers menacées d’expulsion. Fini la protection automatique pour les étrangers arrivés en France avant l’âge de 13 ans : on pourra donc avoir demain des jeunes expulsés en Algérie ou au Mali, même s’ils n’en connaissent pas la langue et n’y ont plus de famille. C’est ce qui est arrivé chaque année à des centaines de jeunes latinos expulsés des USA. Il est aussi question, à mots couverts, de trouver un arrangement avec les Talibans ou le régime sanguinaire de Bachar El-Assad pour pouvoir renvoyer en enfer les Afghans et Syriens jusqu’ici – heureusement – inexpulsables. Pour les demandeurs d’asile, les audiences pourraient avoir lieu devant un juge unique (au lieu de trois) et par vidéo... un peu léger lorsqu’il s’agit d’une question de vie ou de mort ! Voilà pour le bâton.

Et la carotte ? C’est la promesse de faciliter la régularisation de celles et ceux qui s’engagent à travailler dans des « métiers en tension ». Ainsi dans le cadre de la Circulaire Valls (qui permet d’obtenir sa régularisation en prouvant un certain nombre d’années de présence et d’activité salariée sur le territoire), il n’y aurait plus besoin de solliciter l’employeur (et donc de dépendre de son bon vouloir) avant de déposer une demande. Mais c’est tout bonnement impossible pour toutes celles et ceux qui travaillent sous alias depuis des années et ont besoin que leur patron leur délivre une attestation de concordance. Il y a aussi la promesse du renouvellement automatique du titre de séjour pluriannuel pour les « bons étrangers » ; dans ce cas pourquoi ne pas délivrer tout simplement des cartes de séjours de 10 ans ? Dussopt s’est aussi senti obligé de dire que le gouvernement allait « poser la question » au patronat de ses obligations en matière d’accès au logement ou de formation professionnelle, mais sans rien promettre bien sûr.

Les travailleurs sans-papiers et les demandeurs d’asile n’ont rien à attendre de ce nouveau tour de piste démagogique. Des secteurs entiers de l’économie capitaliste reposent sur les travailleurs immigrés qui constituent les secteurs les plus précaires et surexploités de la classe ouvrière. Au fil des lois, faites par des gouvernements de Droite comme de Gauche, l’objectif n’a jamais été d’en finir avec les sans-papiers, indispensables au patronat du BTP ou du Nettoyage. Chaque loi est un savant dosage de coups de bâton pour satisfaire la xénophobie électorale, et de procédures de régularisation semées d’embûches pour maintenir chez les sans-papiers l’espoir d’une régularisation illusoire. La synthèse est toujours plus ou moins au service du maintien du statu quo. Même le député raciste du RN Grégoire de Fournas trouve intérêt à employer des travailleurs étrangers dans son vignoble.

L’OCML-VP assume de défendre la libre-circulation des réfugiés et des travailleurs et leur régularisation sans conditions, car ce ne sont que des victimes de ce système impérialiste. Elle revendique le retrait de toutes les troupes françaises des pays dominés. C’est tout bonnement une ligne de démarcation entre être au service de la classe ouvrière et être au service de l’Impérialisme.

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