Hommage à Madjiguène Cissé

L’OCML Voie Prolétarienne tient à rendre hommage à Madijguène Cissé, décédée lundi dernier.

Proche de l’extrême-gauche maoïste sénégalaise, elle était une militante déterminée ayant déjà participé aux manifestations de 1968 dans son pays. Arrivée en France en 1993, elle participe très activement au soutien à la lutte des sans-papiers, dont elle devient une des porte-paroles autour de l’occupation de l’Eglise de Saint-Bernard au printemps 1996.
Madjiguène était bien connue des sans-papiers et des mouvements de soutien et nous avions travaillé de concert. Féministe convaincue, elle portait une parole différente dans un milieu essentiellement masculin. Radicale, elle avait tout fait pour développer l’indépendance du mouvement des sans-papiers et le délimiter des soutiens réformistes qui ne faisaient que chercher le compromis avec le gouvernement. Déterminée, elle avait donné tous ses efforts pour l’organisation d’un mouvement autonome des sans-papiers, et elle fut fondatrice de la Coordination Nationale des Sans-Papiers en juillet 1996.

Voici ce que nous écrivions (Partisan N°112) en septembre 1996 : « L’aile « radicale », représentée par un certain nombre de familles, de militants et Madjiguène Cissé mène le débat et avance le refus des critères, la remise en cause de 20 ans de lois anti-immigrés et l’élargissement de la lutte. Cela aboutit au meeting du 20 juillet [1996], où sont constituées les Coordinations régionales et nationale des collectifs de sans-papiers ». Déjà à cette époque, elle représentait la fraction la plus avancée du mouvement des sans-papiers contre les courants réformistes tels SOS-Racisme.

De retour au Sénégal en 2000, dans la phase de décomposition du mouvement révolutionnaire, après plusieurs tentatives, elle choisit de concentrer ses efforts sur la défense des femmes, qu’il s’agisse du Planning familial ou leur indépendance économique et politique, par le biais d’un Réseau des femmes pour le développement durable en Afrique.
Tout au long de sa vie, Madjiguène a défendu avec conviction ses positions féministes et progressistes, et reste pour nous une des figures marquantes du mouvement des sans-papiers en France.

Hommage à elle, nous poursuivons son combat, face à une nouvelle loi anti-immigrés et raciste de Darmanin, toujours sur les critères, toujours sur le contrôle et la répression.

OCML Voie prolétarienne – 17 mai 2023