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Non à l’intervention militaire au Niger !
Après la Guinée, le Mali et le Burkina, un nouveau coup d’Etat, cette fois au Niger. Là encore, les militaires qui ont pris le pouvoir semblent vouloir se passer de l’ingérence française, et se tournent vers la Russie. Le gouvernement français, toujours aussi condescendant, s’insurge : après tout ce que la France aurait fait pour ces pays, quelle bande d’ingrats ! Et la lutte contre le terrorisme, et l’aide au développement ? Le Niger était depuis quelques années le « bon élève » de la région en matière de « lutte contre le terrorisme » en accueillant sur son sol des bases militaires françaises et américaines sans broncher.
Mais la France récolte ce qu’elle a semé. Les gouvernements balayés par les coups d’Etat, elle les avait soutenus à bout de bras. Si personne là-bas ne les a défendus face aux militaires, c’est parce que ces régimes pseudo-démocratiques étaient honnis de la vaste majorité de leur population. Ces Etats faillis, corrompus et inefficaces, n’ont été que des prédateurs pour la grande masse des Africains, entre les mains d’une bourgeoisie bureaucratique et compradore dont l’armée est un élément capital. Qu’ont gagné les Nigériens à voir se succéder depuis plus de 60 ans des régimes inféodés à la France, eux qui vivent dans un des pays les plus pauvres de la planète ?
L’Aide au développement a surtout servi à gaver les classes dominantes de ces pays. Les gouvernements français successifs l’ont toujours su, mais les Hollande et Macron prétendent aujourd’hui qu’ils ont été « trompés » par Compaoré (l’ex-président du Burkina) ou Amadou Toumani Touré (au Mali). L’impérialisme français peut-il prétendre ignorer la vraie nature des régimes de Biya au Cameroun ou de Déby au Tchad ? Il y a bien deux poids deux mesures dans les réactions de la France aux coups d’Etat.
La vérité, c’est que la France a soutenu les pires régimes à conditions qu’ils lui soient inféodés. On parle beaucoup des matières premières, comme de l’importance pour notre impérialisme de garder le contrôle de l’Uranium nigérien. Mais il existe d’autres raisons assumées aux ingérences françaises : le contrôle des flux migratoires, et la nécessité, pour garder son rang de puissance mondiale, de pouvoir justifier d’une aire d’influence.
Pour autant, les officiers qui ont procédé aux coups d’Etat au Mali, en Guinée, au Burkina et au Niger ne sont pas des démocrates. Ils ont souvent servi sans scrupule la répression sous les régimes précédents. Ils ont recyclé le vieux personnel politique pour former leurs gouvernements, et mettent eux aussi en prison leurs opposants. Ils n’ont pas vraiment de programme si ce n’est un nationalisme démagogique, qui ouvre les portes à la Russie (via le Groupe Wagner) sous prétexte de se débarrasser de la France, de même qu’à l’impérialisme chinois qui ne cesse de renforcer sa présence économique via les Routes de la Soie. Or, les impérialismes russe et chinois ne valent pas mieux que le français. Les militaires putchistes ne sont pas des révolutionnaires ; ils veulent au contraire sauver et perpétuer les Etats néo-coloniaux menacés par les djihadistes. En rien ils ne sont les héritiers de Thomas Sankara.
Ce djihadisme se développe d’autant plus facilement que les Etats faillis sont largement discrédités dans la population. Il peut s’appuyer sur un terreau profond d’injustice, de pauvreté, et des conflits locaux que les régimes néo-coloniaux ont été incapables de régler, voir ont aggravés.
Une intervention armée de la CEDEAO (Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest) ne ferait qu’aggraver la situation pour le peuple du Niger. De même, les sanctions économiques feront souffrir avant tout les masses laborieuses. C’est l’expérience de l’Irak, de la Libye, de l’Afghanistan.
Nous devons nous y opposer.
Le Niger, tout comme les autres Etats de la région, doivent gagner leur véritable indépendance par une révolution nationale, démocratique et populaire, qui les débarrassera des ingérences impérialistes et des dictatures militaires. Pour cela, les masses populaires doivent compter sur elles-même et non pas sur des sauveurs providentiels.