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Livre : "Septembre rouge" de Olivier Besancenot

Partisan Magazine N°22 - Décembre 2023

Septembre rouge – Le coup d’État du 11 septembre 1973 au Chili
Olivier Besancenot et Michael Löwy, Ed. Textuel 2023, 154 pages, 18,90 €

130 000 arrestations, 38 000 personnes torturées, environ 3200 militants tués, et des centaines de milliers d’exilés : il est bon de rappeler (p. 134) ce bilan chiffré du coup d’État militaire perpétré sous la direction de Pinochet il y a 50 ans. Bonne idée de vouloir, comme il est dit en première page, « rendre hommage aux militants ». Mais l’intro est assez étonnante :
« Dans le monde entier… beaucoup de questions au sujet de cette expérience politique… une transition pacifique au socialisme est-elle possible ? … l’objectif, ici, n’est pas de répondre à toutes ces questions. Nous nous limitons à raconter certains des événements... ». Pas de politique alors ? En hommage à des militants politiques ? Heureusement les « événements » parlent d’eux-mêmes, et ceux qui croyaient, comme Salvador Allende et comme tous ceux qui l’ont soutenu, à une émancipation légale et pacifique pour les travailleurs, ont fait la démonstration de leur grossière erreur. Ils se sont heurtés à un Etat, tel que défini par Marx, Engels ou Lénine, le quartier général de la bourgeoisie, un groupement d’hommes en armes.

Pas de grandes questions politiques, est-il annoncé, mais pourtant, immédiatement, un positionnement. « Nos sympathies vont en tout premier lieu aux militants du MIR – Movimiento de Izquierda Revolucionaria (mouvement de la gauche révolutionnaire) – et de la gauche du parti socialiste ». Le MIR est clairement un des acteurs principaux du livre. Allende « entretient une relation politique régulière et fraternelle avec le MIR » (p. 49), et le MIR le lui rend bien. Allende respecte scrupuleusement la Constitution et la légalité, le MIR réclame un plus, la gestion des entreprises nationalisées par les comités de travailleurs, et l’armement des travailleurs, et Allende refuse fermement.
Ce va-et-vient du MIR entre réformisme et révolution serait un triste passé s’il n’était pas une vieille politique de classe intermédiaire, en particulier trotskiste, entre luttes des travailleurs et soutien à des unions de la gauche, une politique qui ne risque pas de nous faire sortir du capitalisme, mais empêche à coup sûr l’avènement d’un pouvoir ouvrier. Et, au risque de choquer, de mener à l’écrasement du mouvement ouvrier quand on a été incapable de le prévoir.

Pour avoir des éléments de réponses aux questions posées, il faudra donc nous reporter à la brochure de VP de septembre 2013, « L’impossible voie réformiste du Chili d’Allende » (22 pages), disponible en ligne sur notre site Internet (https://ocml-vp.org/article1110.html). On y lira non seulement un résumé des événements mais aussi la réponse à la grande question suivante : comment peut-on être révolutionnaires, anti-capitalistes, et ramener les travailleurs vers le réformisme bourgeois, quand tout contribue à les en détacher ? La dernière page de la brochure de VP fournit aussi un indice utile : « la nouvelle tactique des bolcheviks envers le gouvernement social-démocrate de Kerenski » en 1917. Une tactique politique victorieuse...

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