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Crétinisme parlementaire

Partisan Magazine N°24 - Décembre 2024

Le marxisme c’est pas sorcier

Vous pouvez trouver plutôt injurieuse l’expression de « crétins parlementaires ». Lénine la trouve chez Marx et Engels et la reprend. Ces glorieuses origines ont l’avantage de nous rappeler le fond du problème et de ne pas en rester à la forme un peu vive, quoique méritée.

En 1852, Marx écrit une série d’article intitulée Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte. On y lit une définition intéressante (article V, p92) :
« Ils [la gauche] tempêtaient uniquement parce qu’il [le président] faisait de ce droit constitutionnel un usage antiparlementaire... Ils étaient, par conséquent, tenus de se mouvoir exactement à l’intérieur des limites parlementaires. Et il leur fallait être atteints de cette maladie toute spéciale qui, depuis 1848 a sévi sur l’ensemble du continent, à savoir le crétinisme parlementaire, qui relègue dans un monde imaginaire ceux qui en sont atteints et leur enlève toute intelligence, tout souvenir et toute compréhension pour le rude monde extérieur. »

Dans un article du 13 mars 1884, Engels raconte la révolution de 1848 au-delà de la France :
« Nous démasquions le crétinisme parlementaire — selon l’expression de Marx — des diverses soi-disant assemblées nationales. Ces messieurs avaient laissé glisser de leurs mains tous les moyens de puissance, voire les avaient transférés en partie librement aux gouvernements. Face aux gouvernements réactionnaires ainsi renforcés, il y avait, à Berlin comme à Francfort, des assemblées impuissantes qui néanmoins se figuraient que leurs décrets inopérants feraient sortir le monde de ses gonds. Cette auto-mystification de crétins régnait jusqu’à l’extrême gauche. Nous proclamions à leur adresse : votre victoire parlementaire coïncidera avec votre véritable défaite ! »

En 1878, des « lois anti-socialistes » rendent le parti social-démocrate allemand quasiment illégal. Les dirigeants du parti tentent de respecter ce qui reste de démocratie. En septembre 1879, Marx et Engels leur envoient une lettre circulaire, que Marx commente ainsi : “Ils sont atteints de crétinisme parlementaire au point de se figurer qu’ils sont au-dessus de toute critique et de condamner la critique comme un crime de lèse-majesté !” »

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