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Campisme

Le marxisme, c’est pas sorcier

Le mot "campisme" vient du mot "camp" qui vient lui-même du latin « campus » qui signifie plaine, terrain plat. Il vaut mieux être sur le plat en effet non seulement pour des étudiants, mais aussi pour les agriculteurs et leurs champs (mot de même origine) dont l’ensemble forme une campagne, et pour les militaires qui installent leurs tentes, ancêtres du camping.
Mais voyez cette définition d’un dictionnaire : « Campisme : tendance simplificatrice à réduire la situation politique à un affrontement entre deux camps ». « Affrontement » : l’image militaire l’emporte. « Simplificatrice » : dans la réalité, les camps sont toujours plus de deux [1].

Le mot clé de Marx et Engels, vous le savez, c’est le mot classe. Lénine utilise le mot « camp » pour désigner l’opposition entre socialisme et capitalisme [2]. La notion de camp est née avec l’existence d’un pays prolétarien et d’une union entre des nations socialistes : l’URSS. La Russie de la guerre civile révolutionnaire de 1918-1921 s’affronte à un camp impérialiste de 13 pays dont la France. Le « camp socialiste » s’élargira en Asie et en Europe de l’Est, et subira deux déformations, devenant camp de la démocratie contre le fascisme, et s’effaçant en Chine devant la Théorie des Trois Mondes (les pays intermédiaires et les pays dominés unis contre les super-puissances). Ce qui restait de notion de classe, même formellement derrière le mot socialiste, a disparu. Cette disparition sera évidente avec la restauration capitaliste en Chine en 1976 et l’effondrement de l’URSS en 1991. Le terrain est ouvert pour les campistes.

Pour eux, la contradiction bourgeoisie-prolétariat disparaît avec la contradiction pays capitalistes – pays socialistes. Des quatre grandes contradictions mondiales du XXe siècle, il n’en reste que deux : entre pays impérialistes et pays dominés, et entre pays impérialistes eux-mêmes. Ils ignorent que les pays dominés sont eux aussi divisés en deux camps, de classe (exemple : la Syrie de Bachar El Assad). Ils oublient que les pays impérialistes ont eux aussi leur classe ouvrière, multinationale (exemple : les USA ou la Russie de Poutine). Enfin, ils taisent le fait que les pays soi-disant anti-impérialistes sont, la plupart du temps, eux aussi des grandes puissances capitalistes, et même devenus impérialistes (exemple : les BRICS).

C’est ce campisme hors classes qu’il est urgent de dénoncer, condition nécessaire pour construire un camp anti-impérialiste réellement progressiste, allié à un camp des travailleurs. Aucune alliance avec les exploiteurs !

Car la politique étrangère est toujours liée à la politique intérieure. « A mesure qu’est abolie l’exploitation de l’homme par l’homme, est abolie également l’exploitation d’une nation par une autre nation » [3]. Et inversement. Les campistes se contentent de choisir entre deux bourgeoisies. « S’agissant du prolétariat, ils n’aperçoivent dans l’histoire aucune activité autonome, aucun mouvement politique qui lui appartienne en propre » [4]. Et ils soutiennent de nouveaux tyrans contre les anciens…

[1Partisan magazine n° 24, décembre 2024, « Qu’est-ce que le campisme ? »

[2Dictionnaire critique du marxisme, Labica 1982, « camp »

[3Le Manifeste du Parti Communiste, ch. II

[4Le Manifeste du PC, ch. III, 3

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