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Syrie : le tyran sanguinaire est tombé, mais la Révolution reste à venir !
Déclaration 9 Décembre 2024
La déclaration maquettée pour diffusion sous forme de tract, à télécharger au format pdf
C’est la fête à Damas, Alep, Homs, Deraa, dans toute la Syrie, et dans le monde entier parmi les réfugiés syriens. Le régime sanguinaire de Bachar El-Assad est tombé, les sombres prisons du régime ont été ouvertes et ce sont d’excellentes nouvelles. Ce criminel de masse n’avait rien de progressiste ni d’anti-impérialiste, contrairement aux affirmations de certains, et la vitesse avec laquelle il s’est effondré est bien la preuve de sa pourriture.
La principale force rebelle, le HTS, multiplie les signes d’apaisement en direction des Kurdes et des autres minorités, a géré sans trop de heurts la région d’Idlib, mais leur alliés temporaires et rivaux de l’ANS (téléguidés par la Turquie) semblent surtout vouloir en finir avec l’autonomie kurde du nord-est de la Syrie... Cependant, les rebelles des provinces de Deraa et Suweida qui ont marché sur Damas par le Sud, semblent, eux, porter majoritairement un projet démocratique. Et, bien sûr, il y a les « Forces démocratiques syriennes », dirigées par les Kurdes du Rojava, qui portent un projet progressiste voir révolutionnaire et représentent peut-être la seule force politique porteuse d’espoir. Mais la situation est encore confuse, et nous ne nous avancerons pas à affirmer des certitudes. Personne ne sait encore quel régime va prendre la suite, on notera simplement que le chef du gouvernement et l’administration ont été maintenus en place et que le HTS veut éviter toute provocation face à l’impérialisme occidental. Espérons que le peuple ne fera pas les frais d’une nouvelle guerre entre factions réactionnaires.
Cette révolution va-t-elle aboutir à un régime islamiste comme la révolution iranienne de 1979 ? Les rebelles de HTS, milice issue d’Al-Qaïda, se présentent comme modérés et cherchent l’appui de l’occident. Mais Khomeiny, avant de consolider son pouvoir, avait aussi donné des gages. Vont-ils évoluer comme les Talibans revenus au pouvoir en Afghanistan en 2021, qui se sont présentés en gentils démocrates pour déboucher sur l’intégrisme le plus sordide ? Et le HTS ne va pas jusqu’à se prétendre démocrate... Le peuple syrien n’est donc pas encore libre. Il s’est débarrassé de son principal bourreau, mais parmi ceux qui convoitent le pouvoir, certains sont de futurs tyrans.
La révolution syrienne a démarré en 2011, dans la ville de Deraa au sud du pays, et ce fut une révolte populaire, qui mobilisa tout le pays. Une révolte prolétarienne, « plus forte et plus longue que la Commune de Paris », comme le déclarait Omar Aziz, lui qui a lancé la création des « comités locaux », présents partout, du nord au sud du pays. La Syrie a été le sommet du « printemps arabe » démarré en Tunisie en décembre 2010. Elle a été aussi un sommet dans sa répression. La guerre de Bachar El-Assad contre son peuple a été conforme à ce qu’Engels écrivait après « Les journées de juin 1848 » à Paris : « La bourgeoisie a proclamé les ouvriers non des ennemis ordinaires, que l’on vainc, mais des ennemis de la société, que l’on extermine ».
Alors que la révolution populaire était noyée dans le sang et la torture par le régime d’Assad, les forces démocratiques ont été laminées et les islamistes ont pris le dessus dans le mouvement de rébellion. Cela arrangeait par ailleurs le régime de présenter tous ses opposants armés comme des terroristes et des djihadistes et de vouloir effacer les racines populaires et démocratiques du soulèvement. Mais en même temps, nombre de jeunes n’ont rejoint le HTS que parce c’était la seule force efficace contre le régime sans vraiment partager son idéologie.
Les alliés du bourreau de Damas, et ennemis du peuple syrien, sont aujourd’hui affaiblis : L’Iran et le Hezbollah, frappés par Israël ; la Russie, occupée par son occupation en Ukraine... C’est ainsi que les guerres mènent à des révolutions…
Les travailleuses et travailleurs syriens peuvent profiter de la chute de la dictature sanglante, et des promesses des rebelles vainqueurs, pour s’organiser. Nous souhaitons au peuple syrien de trouver un chemin vers la démocratie et l’indépendance véritable, sans se laisser subjuguer par les forces réactionnaires, islamistes, pro-impérialistes et pro-sionistes.
Quant au peuple palestinien, contrairement à ce que répètent certains, il n’a pas perdu un allié. Qu’on ne s’y trompe pas, le régime Assad n’a jamais été un ami de son combat. En 1976, s’il envahit le Liban, c’est pour frapper les mouvements palestiniens de concert avec les Phalangistes. En 2012, il a massacré les Palestiniens du camp de Yarmouk qui avaient rejoint la révolte. Derrière un antisionisme de façade, la Syrie Baasiste était bien un de ces Etats arabes réactionnaires ennemis des peuples en lutte. Le peuple palestinien ne peut espérer triompher en s’appuyant sur un tyran sanguinaire contre un autre : cela finira toujours par se retourner contre lui ! C’est encore la même chose avec l’Iran des Mollahs aujourd’hui !
Liberté syndicale et politique pour les Syriennes et les Syriens !
Egalité femmes-hommes !
Syrie laïque, libre des ingérences étrangères !
Solidarité anti-impérialiste des peuples !
Justice sociale, non au capitalisme, islamique ou non !
Maintien de l’accueil et de l’asile pour les réfugiés syriens !