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Textes de Mao et des maoïstes du PCC sur la critique de Staline
Texte interne de VP - Début 2010
Les textes produits par le PCC, par Mao puis par les maoïstes au terme de la Révolution culturelle qui expriment leur point de vue sur l’expérience de la DDP en URSS, sont de trois types. Le premier type correspond à des textes officiels du PCC, ayant fait l’objet d’un débat dans la direction du parti (textes 1 et 2, puis 7 à 9). Un deuxième type de texte correspond soit à des interventions de Mao, n’ayant pas fait l’objet d’une publication officielle, soit des textes de travail de Mao (textes 3 à 6), mais qui ont circulé pendant la Révolution culturelle et fait l’objet de publications en France. Le troisième type de textes correspond aux textes produits par les maoïstes au terme de la Révolution culturelle pour mener le débat dans le PCC contre le courant bourgeois (textes 10 et 11).
Les documents officiels sont des textes politiques en ce sens qu’ils prennent en compte dans la critique de Staline et de l’expérience de la DPP, les enjeux tactiques du moment. Les textes de la fin des années 1950 n’attaquent pas frontalement la direction du PC d’URSS, et reprennent beaucoup des critiques faites à Staline au XXe congrès, tout en affirmant que celui-ci reste un grand ML. Les textes postérieurs à la rupture avec l’URSS affirment plus nettement un soutien à Staline comme grand ML sans rien retirer des critiques faites antérieurement. Il y a dans cette attitude une volonté de faire front contre le révisionnisme développé en URSS en ménageant entre autre l’Albanie qui a rompu avec l’URSS avant la Chine, mais sur la base d’une défense inconditionnelle de Staline et en reprenant pour l’essentiel sa conception de l’édification du socialisme. Les textes non publics de Mao sont bien plus critiques sur l’orientation suivie par Staline tout en maintenant une référence formelle à l’œuvre de Staline alors que toutes les critiques politiques et idéologiques qui lui sont faites dévaluent son rôle et soulignent sa responsabilité dans la restauration du capitalisme en URSS. Les textes des maoïstes de la fin de la révolution culturelle adoptent la même attitude, mais en insistant plus encore sur le poids des erreurs non corrigées de Staline. Les maoïstes, qui ont impulsé en 1974 une campagne d’étude sur la DPP, publient un recueil de citations de Marx, Engels, Lénine [NdlR également disponible par ailleurs sur le site], sans aucune citation de Staline qui a pourtant dirigé l’URSS pendant 30 ans.
Les principales critiques faites à l’orientation de Staline portent sur la période 1931 à 1953, pour la période antérieure, Mao et les maoïstes tiennent Staline pour avoir été le continuateur de Lénine. Ces critiques sont les suivantes :
Concernant la transition socialiste Mao et les maoïstes :
Ils considèrent que Staline ne prend en considération que la technique et les cadres ou les experts, mais pas la politique et les masses (textes 4, 5, 10 et 11). Plus généralement l’économie et pas la politique. Ils lui reprochent d’avoir accordé plus d’importance au développement des forces productives qu’à la lutte pour la révolution, en s’appuyant uniquement sur les stimulants matériels (texte 6) et non sur la lutte idéologique et la transformation des rapports sociaux, encourageant ainsi la voie bourgeoise.
Ils lui reprochent d’avoir considéré qu’il n’y avait plus de contradictions de classes antagonique en URSS à la fin des années 1930 dans la mesure où la collectivisation de l’agriculture avait été accomplie, (texte 10)
Lui reprochent de ne mener la lutte de classe que du haut vers le bas, et pas du bas vers le haut (texte 4) par la lutte des masses. Ils lui reprochent de considérer que sous le socialisme les réformes peuvent se faire pacifiquement (texte 4), alors que pour eux le passage au communisme exigera d’autres révolutions (texte 6), et que l’on ne peut pas construire sans détruire (texte 6).
Mao reproche à Staline pour ce qui concerne les droits des travailleurs d’oublier leur droit à diriger le pays (texte 6), et d’avoir rétablit dans les entreprises la direction unique du directeur au détriment de la direction collective (texte 6), et qu’elles fonctionnent ainsi comme des entreprises capitalistes. D’avoir accordé des salaires élevés aux intellectuels renforçant ainsi les tenants de la voie bourgeoise (texte 10).
Le PCC reproche à Staline des entorses graves au centralisme démocratique (texte 1) et d’avoir mené la lutte contre la réaction que par le haut, tuant gratuitement des citoyens (texte 1 et 2) et mené la répression en négligeant la lutte idéologique (texte 3). Cela n’empêchant nullement le développement de la voie bourgeoise.
En philosophie
Mao considère que Staline n’est guère un dialecticien et a versé dans la métaphysique vers la fin de sa vie (années 30) (texte 3 et 10).
De ce fait il n’a pas compris que c’est la contradiction qui est le moteur de la transformation de la société (contradiction FP/RP et lutte de classe) et non pas le développement des forces productives et l’unité (texte 6 et 11).
Mao et les maoïstes considèrent qu’il est responsable de la propagation d’idées fausses (métaphysiques) dans le mouvement communiste (texte 3).
Mao lui reproche la rupture avec la ligne de masse dans la lutte pour l’édification du socialisme (Texte 4 et 10), et d’avoir considéré en toutes circonstances qu’il fallait combattre en premier les forces intermédiaires (texte 1), ce qui a conduit dans de nombreuses circonstances à l’isolement des communistes.
Le PCC critique du culte de la personnalité (texte 1) et l’incapacité de Staline de corriger ses erreurs (contrairement à Lénine).
En politique internationale
Mao et les communistes considèrent que le PC URSS a eu en de maintes occasions une attitude internationaliste (texte 2). Toutefois, ils reprochent un certain nombre d’erreurs graves à Staline.
Une ingérence dans les affaires des partis communistes des autres pays (texte 2) avec des conséquences graves. D’avoir soutenu des points de vue erronés dans le PCC au cours de la guerre civile (1927-1936) qui lui ont fait courir des risques graves (texte 1 p8). De s’être opposé à la révolution chinoise en 1945, en mettant en avant le maintien de l’alliance avec le Guomindang (texte 7).
De n’avoir pas fait preuve de suffisamment de vigilance face au risque fasciste avant la seconde guerre mondiale (texte 1).
D’avoir fait preuve à l’égard de la Chine d’une tendance au chauvinisme de grande nation (texte 2).
En conséquence
Les maoïstes ne mettent nullement sur le même plan Staline et Lénine, et considèrent n’avoir suivi ses enseignements qu’en certains circonstances (texte 3). De fait malgré les références à Staline la politique maoïste s’est essentiellement développée en opposition aux orientations portées par lui. Ils considèrent (texte 10) que dans les années 1930, Staline « a développé le droit bourgeois sans appliquer une dictature intégrale sur la bourgeoisie. Ainsi, l’enseignement scolaire a-t-il dévié de la ligne révolutionnaire, créant ainsi un terrain favorable aux forces de la réaction bourgeoise. Ceux qui suivaient la Voie capitaliste dans le domaine de l’enseignement purent ainsi en profiter pour changer fondamentalement la nature de l’école ». De ce fait les critiques faites aux tenants de la Théorie des forces productives s’appliquent à la politique suivie alors par Staline (texte 11).
La plaquette complète avec tous les textes, téléchargeable au format pdf ci-contre