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Réunion clandestine de RAWA à l’intérieur de l’Afghanistan
4 février 2025
en persan : http://pz.rawa.org/pz/rawa/41-activity/871-rawa-event-38th-death-anniversary-of-meena.html
en anglais : http://www.rawa.org/rawa/2025/02/14/rawa-event-commemorating-the-38th-anniversary-of-meena-s-martyrdom.html
Événement de RAWA commémorant le 38e anniversaire du martyre de Meena
Le chemin de Meena : La voie de la libération des femmes afghanes des chaînes de l’impérialisme et du fascisme fondamentaliste !
L’Association révolutionnaire des femmes d’Afghanistan (RAWA) a honoré la mémoire de Meena à l’occasion du 38e anniversaire de son martyre. L’événement s’est déroulé dans l’une des provinces afghanes dans des conditions de sécurité strictes, alors que les Talibans assoiffés de sang cherchent sans relâche à faire taire les voix de la résistance et de la protestation des femmes. La salle était décorée d’images de la martyre Meena et d’autres femmes courageuses, ainsi que de banderoles portant des slogans puissants. L’une des banderoles présentait une photo de la militante palestinienne Khalida Jarrar, tandis qu’une autre affichait des images de deux prisonnières politiques en Iran avec le slogan suivant : « Nous sommes aux côtés de Varisheh Moradi et de Pakhshan Azizi ! Non à l’exécution des femmes révolutionnaires ! »


L’événement a commencé par l’expression de la gratitude de l’animatrice envers les invitées venues de provinces éloignées pour y assister. Les participantes ont ensuite observé un moment de silence en l’honneur de Meena et de toutes les femmes révolutionnaires qui ont sacrifié leur vie. L’animatrice a rappelé à l’assistance que, bien que Meena, leader intrépide et visionnaire, ait disparue dix ans seulement après avoir fondé RAWA, son héritage reste inébranlable. Malgré sa courte vie, elle a posé des fondations si solides pour la première organisation politique de femmes en Afghanistan qu’aucune tempête n’a pu la démanteler. La vie de Meena est pleine de leçons à tirer. Puis, évoquant des souvenirs, elle s’est référé à la forte volonté et au travail acharné de la martyre Meena, y compris une partie de la note « La dernière réunion » écrite par l’un des camarades de Meena sur leur rencontre juste la veille de son martyre. On peut y lire :
« Lorsque Meena est entrée dans mon logement le 3 février vers 21 heures, nous avons eu une conversation chaleureuse et énergique. La douleur de la perte de son mari et d’un tel camarade était évidente sur son visage lors de notre première rencontre. Elle a parlé de la façon dont la « lampe de vie » de son mari s’est éteinte. Le ton de la voix de Meena était empreint de douleur, de calme et de sérénité. Elle n’a pas versé une larme jusqu’à la fin, mais l’immense chagrin était clairement visible sur son visage. La force de Meena est devenue encore plus vivante et brillante dans mon esprit lorsqu’elle a parlé de ses futures fonctions et des questions difficiles qui l’attendaient. »
L’animatrice a poursuivi en disant que malgré la douleur atroce de la perte de Meena, les pensées et les enseignements pratiques de sa vie restent inébranlables. RAWA continue de porter fièrement le drapeau de Meena et est devenue une voix qui, chaque fois qu’il y a une protestation contre les criminels djihadistes et talibans, fait trembler tous ses ennemis qui disent : « C’est l’acte de RAWA ». L’épée de RAWA, inspirée par l’idéologie et les mesures pratiques de Meena, reste tranchante. Comme l’ont dit à juste titre la plupart des lecteurs du magazine « Message of Women » à propos de sa position ferme contre les chefs djihadistes assoiffés de sang, « Oh, vous avez volé nos cœurs ! ». Les révélations et les analyses précises de la nature maléfique du fascisme fondamentaliste réactionnaire et djihadiste ont fait hurler des hyènes comme Sayyaf et Atta Mohmmad Noor (des chefs de guerre bien connus). Aujourd’hui, les talibans considèrent les femmes comme leurs premières et plus dangereuses ennemies, resserrant chaque jour les chaînes de l’oppression sur leurs poignets et leurs chevilles.
L’animatrice a poursuivi :
« Nous devons apprendre des hommes et des femmes héroïques de Palestine, cette terre de souffrance et de défi. Une mère palestinienne éplorée, qui a perdu ses enfants, s’exprime au nom de son peuple courageux : ‘Nous avons beaucoup de tissus blancs pour les linceuls, mais aucun à brandir comme drapeau de reddition !’.
Oui ! La Palestine n’a pas cédé à la soumission et, finalement, le régime sioniste d’occupation d’Israël et ses alliés, par nécessité et par humiliation, ont accepté un cessez-le-feu. Et maintenant, le régime israélien sanguinaire, avec le soutien de ses maîtres américains, s’est tourné vers l’est et a attaqué la Cisjordanie. Il est certain qu’ils seront humiliés là aussi.
Comme la révolutionnaire Meena, la Palestine a ses Khalida Jarrar, ses Leila Khaled et d’innombrables femmes inconnues au cœur de lion. Khalida Jarrar, membre du Front populaire de libération de la Palestine, a enduré de multiples emprisonnements et tortures aux mains du régime israélien, devenant un symbole de résistance et de défi inébranlable. Nous devons nous inspirer des luttes des femmes en Iran, en Palestine, au Kurdistan, en Inde, en Amérique latine et dans d’autres nations qui luttent contre l’oppression pour poursuivre notre combat sans relâche contre le fascisme fondamentaliste et ses maîtres impérialistes ».
Une membre de RAWA a prononcé un discours analysant la situation politique actuelle et l’héritage durable de Meena :
« À 23 ans à peine, Meena a fondé l’Association révolutionnaire des femmes d’Afghanistan. Elle a compris que les femmes afghanes, écrasées par l’oppression, la pauvreté, la violence, la discrimination sexuelle et le patriarcat féodal, disposaient d’un immense potentiel de courage et de résistance. Si elles s’éveillent et s’organisent, elles peuvent jouer un rôle décisif dans la transformation de la société.
Meena, en tant que femme révolutionnaire et engagée, avait atteint une profonde conscience politique et ressentait de tout son être sa mission envers les femmes de sa patrie captive. C’est pourquoi elle a travaillé avec détermination et abnégation à l’éveil et à l’organisation des femmes, et rien ne pouvait être considéré comme plus sérieux ou plus important que ce précieux objectif.
Meena nous a enseigné que nos voix ne devaient en aucun cas être réduites au silence et que nous devions utiliser toutes les occasions et tous les moyens pour éclairer et mobiliser les femmes, en portant un coup à l’ennemi et en troublant sa tranquillité. L’héritage de Meena pour ses camarades est la bannière de l’indépendance, de la liberté, de la démocratie et de la justice sociale, qui ne doit jamais tomber à terre, ne serait-ce qu’un instant... »
Poursuivant son exposé sur les politiques criminelles des États-Unis au cours des dernières décennies et sur le rôle des traîtres et des vendus dans le pays, l’oratrice a rappelé à l’auditoire :
« ...Il y a trois ans, les États-Unis ont nommé leurs mercenaires réactionnaires et sanguinaires, les Talibans, à la place des régimes corrompus de Karzai et de Ghani. Ce groupe est fondamentalement lié au suicide, au terrorisme, au meurtre et aux exécutions extrajudiciaires, ainsi qu’à des idéologies anti-femmes et malfaisantes.
Pendant les années d’apaisement et de soumission aux talibans, des femmes et des hommes vendus comme Habiba Sarabi, Jamila Afghani, Malalai Shinwari, Mari Akrami, Hamdullah Mohib, Abdullah Abdullah et Hamid Karzai les ont qualifiés de « frères mécontents », « changés », « modernes », et même Fawzia Koofi, liée à la mafia, a propagé l’idée que les talibans avaient « de bons projets pour les femmes ».
Simultanément, les États-Unis et l’Occident ont couvert d’éloges ces traîtres et républicains djihadistes qui, si nécessaire, imposeraient à nouveau l’esclavage à notre peuple sous la direction de quelqu’un comme Ahmad Massoud. Le peuple afghan, qui se souvient de son histoire honteuse, ne peut créer le pouvoir de vaincre les talibans et d’établir un gouvernement démocratique fondé sur la laïcité que par l’unité et la lutte au sein de l’Afghanistan. Sinon, il sera toujours victime des politiques coloniales des États-Unis et de l’Occident.
Malgré l’atmosphère étouffante créée par les talibans, le rôle de RAWA dans la sensibilisation des femmes au cours des trois dernières années a été inestimable. Les premiers cris contre les talibans meurtriers ont été poussés par les femmes, qui sont descendues dans la rue et, malgré le risque d’emprisonnement, de torture, de mort et de répression, ont lancé des protestations généralisées et continues en utilisant tous les moyens disponibles ».
Tout au long de l’événement, des poèmes en persan et en pachtoun, écrits par des sympathisantes et des membres de RAWA, ont été récités, ainsi que des chants révolutionnaires d’Afghanistan et du monde entier. Un moment particulièrement émouvant a été l’interprétation en direct de la chanson « Hamwatan » (Patrie), qui, bien qu’elle ait été composée il y a des années, résonne encore profondément dans la douleur et les luttes actuelles du peuple afghan.
Une vidéo spéciale a également été projetée, montrant une chanteuse coréenne, Hye-Kyung Ahn, interprétant une adaptation musicale du poème de Meena « I Will Never Return » (Je ne reviendrai jamais) en anglais.
À l’occasion de l’anniversaire du martyre de Meena, dirigeante et fondatrice de RAWA, des messages ont été reçus de personnalités éminentes et de forces progressistes de plusieurs pays, soulignant la poursuite d’un alignement actif et engagé sur la juste lutte de notre peuple, ainsi que la solidarité et le soutien à l’Association révolutionnaire des femmes d’Afghanistan (RAWA). Un résumé de plusieurs messages a été présenté par trois membres de l’Association révolutionnaire des femmes d’Afghanistan (voir le message de l’OCML-VP, lu à la tribune https://ocml-vp.org/article2746.html).
L’événement s’est conclu par un engagement solennel de l’animatrice à poursuivre la mission de Meena, à lutter pour la liberté, la démocratie et la justice sociale et à maintenir le flambeau révolutionnaire allumé. L’assemblée s’est unie lorsque les jeunes de RAWA ont interprété l’hymne « Femme, Debout ! », rappelant avec force que la bataille est loin d’être terminée.
