Vous êtes dans la rubrique > Archives > Saint-Nazaire : justice de classe

Saint-Nazaire : justice de classe

Partisan N°246 -Avril 2011

La ville de Saint-Nazaire s’est distinguée en termes de mobilisation et de répression lors du mouvement contre la réforme des retraites. Certaines journées ont vu la présence de près de 25.000 manifestants pour une ville comptant 60.000 habitants. Une vive mobilisation à un moment où les carnets de commande des Chantiers de l’Atlantique étaient vides. La population ouvrière est frappée de plein fouet par le chômage partiel et les licenciements. La Direction des Chantiers a recours à la sous-traitance, recherchant une baisse des « coûts » salariaux, une mise en concurrence entre travailleurs, une casse des statuts et une dégradation des conditions de travail : 80% des salariés sont précaires.

En réaction à cette forte mobilisation des Nazairiens, le sous-préfet a répondu par une présence massive des forces de l’ordre (BAC et gendarmes mobiles). Celles-ci usèrent largement de la provocation en infiltrant les cortèges, filmant et photographiant les manifestants, tirant des gaz lacrymogènes et des grenades offensives sur la foule ; le tout suivi d’arrestations et de mises en garde à vue. Systématiquement le lendemain, la procédure de comparution immédiate a envoyé trois inculpés en maison d’arrêt. On a dénombré une soixantaine de gardes à vue et 17 condamnations à des peines de prison ferme, soit un taux record d’incarcération de 28% ! Durant ces comparutions, le procureur n’eut de cesse de rappeler qu’il fallait « des condamnations exemplaires, afin de dissuader ceux qui seraient tentés d’avoir des comportements intolérables pour une démocratie, donnant une mauvaise image de la ville. »

Comme d’habitude, les autorités tâchèrent de scinder le mouvement entre les « casseurs » et les « bons manifestants ». Il fallait séparer le bon grain de l’ivraie. Les heurts entre manifestants et forces de l’ordre furent systématiquement rapportés par les médias locaux, avec comme illustrations des jeunes cagoulés jetant des projectiles. Une scénographie de la violence toujours à sens unique puisqu’il n’a jamais été question des violences policières.

A une précarisation grandissante de l’emploi dont souffre la population nazairienne, les autorités répliquent par une répression exemplaire. A la violence économique se superpose une violence étatique cherchant à mater toute tentative de révolte, simple expression de la crainte d’un avenir incertain. Face à cette répression tout azimut, la mise en place d’une solidarité interprofessionnelle et intergénérationnelle est une nécessité : la solidarité de classe comme rempart à la justice de classe.

Un lecteur

Soutenir par un don