A bas l’intervention armée contre la Lybie !

Une fois de plus, les puissances impérialistes et leurs instances internationales provoquent une intervention militaire. Cette fois c’est en Libye, avec les mêmes justifications que pour l’Irak ou l’Afghanistan : libération des peuples et transition démocratique. L’histoire récente nous a déjà instruits des véritables motivations des États impérialistes : sauvegarder des intérêts économiques et politiques par la mise en place et la protection de régimes plus soumis à leurs intérêts. Mais par dessus tout, ils craignent davantage des peuples qui pourraient se libérer et affaibliraient leurs intérêts, comme en Tunisie et en Egypte, que des dictatures mêmes instables et imprévisibles comme celle de Kadhafi.

Aujourd’hui, c’est la France qui a été en pointe pour déclencher les bombardements. Soutenue par le dispositif militaire des Etats-Unis et de la Grande Bretagne, la bourgeoisie française peut espérer obtenir de la chute de Kadhafi un accès privilégié à son marché pétrolier. La Libye représente un enjeu économique important. Elle est en effet le troisième pays producteur de pétrole d’Afrique (1.8 millions de baril par jour) et son sous sol en contiendrait d’énormes réserves (44 milliards de réserves prouvées). Elle est donc l’objet des convoitises des puissances impérialistes et excite leurs rivalités. C’est pourtant le même gouvernement qui déroulait à Paris, en 2007, le tapis rouge pour le maître de Tripoli. La France a été un des principaux fournisseurs d’armes à la Libye que le régime vient maintenant de retourner pour massacrer ses opposants. De 1973 à 1989, les gouvernements français de droite et de gauche ont livré 153 Mirages Dassault et 60 batteries de missiles Sol-air de Thomson CSF. Lors de la réception de Kadhafi à Paris, Sarkozy a tenté de lui vendre 14 avions Rafales, 35 hélicoptères Tigres, 60 véhicules blindés Renault Truck, ainsi que des missiles. Il y a encore quelques semaines, le ministre Patrick Ollier faisait des allers-retours à Tripoli pour faire aboutir des contrats, et déplorait que la France « ne récolte que des miettes » face aux rivaux impérialistes ! Les retournements de « l’amitié » ne doivent pas nous tromper : ils sont monnaie courante dans le jeu des rivalités entre impérialismes !

La puissance des luttes populaires dans le monde arabe a forcé les impérialismes à changer de tactique pour maintenir leur contrôle. Après avoir soutenu jusqu’au bout la clique de Ben Ali en Tunisie, le gouvernement de Sarkozy s’est retrouvé particulièrement discrédité. Cela avait profité aux concurrents américains et le forçait à agir rapidement en Libye. Ayant apporté son soutien à la résistance populaire qui avançait vers la capitale, il fallait impérativement intervenir après que les forces du régime aient soudain repris du terrain. Nous ne savons pas encore quelles conséquences auront l’engrenage et l’agressivité que l’impérialisme français est en train de déployer en ce moment.

Nous refusons de choisir entre la guerre réactionnaire menée par l’OTAN et le régime pourri de la Jamahiriya libyenne (le régime libyen). Kadhafi a joué un rôle particulièrement réactionnaire en renforçant le tribalisme comme outil de son propre pouvoir. L’ennemi d’hier étant devenu l’allié d’aujourd’hui, il a reçu aide et équipement de l’Union européenne pour traquer les migrants voulant rejoindre l’Europe. Il a attiré et chassé de la façon la plus brutale les nombreux migrants arabes et africains travaillant dans le secteur pétrolier, suivant les aléas des cycles économiques. La révolte en Libye est juste, elle vient du peuple, de la jeunesse, des masses laborieuses contre le système d’exploitation et d’oppression pour une partie et c’est cette partie que nous soutenons et pas celle qui est prête à livrer son pays aux puissances étrangères. Des membres du régime passés opportunément à l’opposition intriguent pour en prendre la tête. C’est sur eux que l’impérialisme compte pour mettre en place un régime aux ordres, prêt à lui offrir grands ouverts les champs pétroliers encore sous-exploités ! Le peuple libyen ne serait libéré ni de la dictature, ni de la domination impérialiste qu’il a déjà tant subi depuis la colonisation italienne.
Le prolétariat de France comme le peuple libyen a intérêt à la défaite de l’impérialisme. Cette guerre a pour but, pour ces initiateurs, de prendre de meilleures positions sur les marchés et dans le rapport de forces entre les différents pays impérialistes. La crise du capitalisme pousse à une fuite en avant dans cette conquête, aiguise les rivalités des grands pays, poussent à une tension maximale. Les peuples dominés, pillés économiquement et écrasés politiquement ont le même intérêt que le prolétariat de France, exploité lui aussi par ces mêmes capitalistes. Nous avons intérêt à la défaite des impérialistes qui écrasent les peuples dans les pays qu’ils dominent afin de perpétuer leur système d’exploitation et d’oppression ici même !

Nous dénonçons l’hypocrisie bourgeoise et les prétextes qui nous sont donnés pour justifier l’engrenage militaire. Leur prétendue inquiétude sur les dommages subis par les populations civiles n’a jamais été réveillée alors que le peuple palestinien était bombardé à Gaza en 2008-2009 ou lorsque le camp de Gdeim Izik au Sahara occidental était pris d’assaut par les forces réactionnaires du Maroc en novembre dernier. Ils permettent aussi qu’en ce moment la répression se poursuive au Bahreïn en complicité avec d’autres relais locaux des grandes puissances, État client des impérialistes où les Etats-Unis possèdent une base navale.

 Non à l’union derrière les partis bourgeois et la guerre impérialiste qui nous mène vers la même situation désastreuse que pour les peuples afghans et irakiens. La juste indignation populaire en France contre les massacres en Libye ne sera pas manipulée au service des intérêts impérialistes !
 Solidarité avec la révolte courageuse du peuple libyen pour son indépendance, les libertés politiques et le progrès social !
 Prenons toutes les initiatives à notre échelle pour donner corps à la lutte de tous les peuples contre l’impérialisme et les régimes réactionnaires. Notre combat contre l’étau du capitalisme est international.
 Droit de séjour et de travail à tous les travailleurs fuyant la répression et la guerre !
 Prolétaires et peuples de tous les pays unissons-nous !!

Rassemblement Organisé des Communistes Marxistes-Léninistes
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