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Résolutions de la conférence internationale

La dernière conférence internationale des partis et organisations marxistes-léninistes s’est tenue au 3e trimestre 2010. L’OCML VP a signé les quatre résolutions qui en sont issues, car nous sommes globalement en accord avec leur contenu politique.

A l’occasion de leur publication tardive, le comité central de notre organisation a souhaité apporter des commentaires sur certaines de leurs positions ou analyses. Ces commentaires précisent notre propre point de vue sur des analyses qui peuvent différer des nôtres. Ils peuvent aussi exposer la façon dont nous les interprétons.

Pour lire les résolutions de la conférence :

Résolutions 10ème Conférence Internationale des partis et organisations marxistes-léninistes

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La résolution n°1, titrée « La crise économique mondiale et la crise financière internationale et les conclusions pour le mouvement marxiste-léniniste et ouvrier international », traite de l’analyse de la crise et des tâches des marxistes-léninistes dans la période. Nous souhaitons à son propos apporter cinq commentaires :

 


- Le premier, et sans doute le plus important du point de l’analyse à discuter, porte sur la caractérisation des causes de la crise. Le point 2 de la résolution affirme de façon fort juste que l’on ne peut pas considérer la crise comme « une simple crise financière provoquée par la soif de certains banquiers et boursiers irresponsables ». Ensuite, ce point donne trois causes à celle-ci « La crise n’est rien d’autre que l’expression d’une crise de surproduction relative, et aussi la conséquence de la baisse tendancielle du taux de profit du capital monopoliste. Sa cause ultime résulte de la contradiction existant entre le caractère social de la production et l’appropriation privée des moyens de production, des biens et des richesses produites ». La cause des crises réside effectivement dans le mode de production capitaliste. Dans son développement, il substitue sans cesse du capital fixe (travail mort) au travail vivant (les travailleurs). Or c’est sur ce dernier qu’est dégagée la plus-value qui valorise le capital engagé dans la production. Le développement du capitalisme conduit donc à une suraccumulation du capital fixe (surproduction de capital) relativement à sa capacité à le valoriser à un taux de profit suffisant, par l’exploitation des travailleurs. Pour l’OCML VP, c’est là la cause fondamentale des crises. Suraccumulation de capital signifie évidemment l’existence de surcapacités de production. Les capitalistes pourraient alors produire plus, mais sans pouvoir vendre dans des conditions assurant des taux de profit suffisants. Si les difficultés apparaissent dans la vente, elles ne sont que la conséquence de la suraccumulation de capital. La crise n’est donc pas, d’abord, comme le disent les réformistes un problème de sous-consommation des masses. Et la sortie, provisoire, de la crise pour le capitalisme n’est pas dans la hausse généralisée des salaires, mais dans des formes diverses dévalorisation / destruction de capital fixe et vivant, que sont les restructurations, les fermetures d’usine (réduction du stock de capital engagé dans la production) et dans la hausse du taux d’exploitation des travailleurs par la baisse des salaires directs et indirects, l’intensification du travail, les licenciements, ou les délocalisations. Ces deux actions contribuant provisoirement à redresser le taux de profit.

 


- Dans le point n°3, nous ne comprenons pas bien le sens des guillemets et de la formule « soi-disant crise de l’Euro ». Si c’est pour affirmer que la crise de l’Euro n’est pas la cause de la crise en Europe, nous en sommes parfaitement d’accord. Mais la « crise de l’Euro » est une conséquence financière, bien réelle, de la crise générale du capitalisme. Cette « Crise » accentue la concurrence entre pays impérialistes et non impérialistes en Europe. Elle a des conséquences politiques et idéologiques importantes.

 


- Le point n°7 parle « des mesures de fascisation de l’appareil d’Etat ». Comme la résolution nous constatons le renforcement du caractère répressif de l’Etat bourgeois, en même temps que la restriction des libertés démocratiques. Ces tendances réactionnaires sont pour nous inhérentes au développement du capitalisme à son stade impérialiste. Elles sont aggravées par sa crise. Elles sont une réponse, souvent préventive, aux menaces de révoltes sociales. Mais y voir une « fascisation de l’appareil d’Etat » ne nous parait pas, pour l’heure, juste.

 


- Le point n°10 traite de la situation en Afrique. Le constat fait de la situation économique est unilatéralement accablant, sous-estimant les résistances passées et présentes, en particuliers des paysans. Dire que « les peuples opprimés d’Afrique ont besoin d’améliorer la qualité de leur résistance » n’est pas faux. Mais ce diagnostic ne vaut, dans la résolution, que pour l’Afrique, alors que dans de nombreux pays, dans la plupart même, la « qualité de la résistance » n’est pas à la hauteur des attaques que subissent les opprimés. Cela est vrai pour la France, comme le dit la résolution générale de notre dernier congrès.

 


- Le point n°11 aborde la question des luttes en Asie. Il ne nous parait pas souligner suffisamment l’importance politique et stratégique des luttes armées menées par les communistes maoïstes en Inde et aux Philippines, même si ces luttes révolutionnaires ne concernent encore que quelques pays.

 

 

La résolution n°2 traite de la question de l’environnement et des tâches des communistes. Il est effectivement important comme cela est souligné dans la résolution que ceux-ci s’emparent de cette question. L’OCML VP est dans ce domaine consciente de ses propres lacunes.

 

 

La résolution n°3 a pour titre « la prétendue guerre contre le terrorisme et notre lutte contre la campagne de calomnies et le fascisme ». Elle dénonce avec justesse la « lutte contre le terrorisme » comme le prétexte à de multiples interventions et agressions impérialistes. Elle souligne la « criminalisation » de toute forme de résistance radicale armée, que ce soit celle des peuples en lutte pour leur libération nationale ou celle des révolutionnaires.

 

Nous ne reprenons pas les remarques faites sur la question du fascisme à propos de la résolution n°1. Et nous sommes en accord sur le fait que « la bourgeoisie n’hésite pas un instant à faire tomber le masque [démocratique] de sa dictature » quand ses intérêts sont en jeu.

 


- Le point 12 de cette résolution dit que le prolétariat peut faire barrage au fascisme soit par un large front uni anti-fasciste, soit par la révolution prolétarienne. Nous voulons sur ce point apporter un commentaire qui précise notre interprétation de ce passage. Ces réponses à la menace fasciste nous paraissent correspondre à deux situations politiques différentes. Le front uni anti-fasciste se justifie dans une situation de faiblesse relative du prolétariat, alors qu’il risquerait d’être isolé. Ce n’est pas la réponse adéquate dans le cas où un débouché peut être révolutionnaire. Dans une crise révolutionnaire le prolétariat peut être à l’offensive. Il doit et peut alors sur ses propres mots d’ordre et intérêts gagner les autres couches de travailleurs exploités et des secteurs de la petite bourgeoisie. Dans une telle situation mettre en avant un front uni anti-fasciste, fondé sur la défense des libertés démocratiques, serait un recul, et probablement conduirait à faire des concessions à la petite bourgeoisie qui mettraient le prolétariat à la remorque de celle-ci.

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