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Le FN, un parti ouvrier ? Questions et réponses pour la lutte

Tract - Mars 2012

FN : un parti ouvrier ? (4 pages en pdf à imprimer)
Le 4 pages est prêt pour l’impression : n’hésitez pas à le diffuser autour de vous !

Le 12 janvier Marine Le Pen a présenté son pro­gramme économique. Elle a abandonné le libéra­lisme pour des mesures « sociales ». « Réalistes » ou pas, ses propositions peuvent troubler car elle paraît reprendre des idées à la gauche.
Ce programme « social » semble plus « à gauche » que celui du PS, si ce n’est les attaques contre ceux qui parmi nous sont étrangers. Certains d’entre nous ont entendu de leurs collègues, des exploités, leur dire qu’ils partageaient des idées du Front National. Dans notre classe, certains, déçus par l’expérience des réfor­mis­tes au pouvoir, peuvent envisager de voter pour le FN. Il n’a jamais été « aux affaires » et peut tromper en pro­posant des mesures qui semblent « sociales ».

Pourquoi le FN vise un électorat ouvrier ?

Le FN veut arriver au pouvoir. Le soutien des artisans, des commer­çants, des avocats, des petits patrons et propriétaires n’est pas suffisant pour le porter au pouvoir. Par sa démagogie, il veut gagner des tra­vailleurs désorientés par la crise, la précarité. Il veut attirer les absten­tionnistes et ceux qui ne se retrou­vent plus dans l’UMP, ni dans une gauche qui ignore leurs problèmes.
Le FN espère que le discrédit de l’UMP et du PS et l’absence d’un parti réellement ouvrier lui ouvri­ront un boulevard politique. Il a compris que les travailleurs rejettent les politiques libérales dont ils sont les premières victimes. Alors il dénonce la finance, propose un protectionnisme, veut renforcer l’Etat et défendre les services publics, et promet la hausse des salaires.
-  Le FN reste un parti bourgeois qui cherche un électorat parmi les travailleurs désorientés.
- Au pouvoir, il servirait les patrons.

Des ouvriers vont-ils voter FN ?

Certainement. Mais pas la majorité. Un tiers des ou­vriers a toujours voté à droite. C’était des ouvriers isolés de l’artisanat, des petites entreprises, des zones rurales. Ceux des grandes entreprises, aux traditions de lutte fortes, votaient pour le PCF. L’électorat ou­vrier FN, c’est surtout la radicalisation des ouvriers qui votaient à droite.
Aujourd’hui, la crise, le chômage, la précarité, la misère, disloquent les solidarités ouvrières. Dans cer­taines régions, comme le Nord, les partis même réformistes ne sont presque plus rien. La CGT est la dernière organi­sation des ouvriers. Sa direction négocie au rabais nos aspirations, alors que notre situation est dramatique.
-  Le FN tente de prospérer sur le terrain laissé par le recul de la classe organisée par les réformistes.
- Les médias affirment que le FN est le premier parti ouvrier. Ils contribuent à accroître la désorientation des travailleurs et à en pousser un peu plus à voter pour lui.
- Les bourgeois disent que les ouvriers soutiennent le FN. Contre eux, affirmons nos valeurs de solidarité et d’internationalisme.

Le FN est-il fasciste ?

Il y a 20 ans, le FN était un parti de la réaction extrême, raciste, défenseur du libéralisme économique, hostile à tout étatisme. Aujourd’hui, une bonne partie de la presse bourgeoise, le juge présentable. Il a mis en sourdine son antisémitisme et cherche à nouer des liens avec la droite sioniste. Nous considérons que le FN est maintenant plus proche d’un parti fasciste qu’autrefois.
L’Etat n’est plus son ennemi. Il veut le renforcer, pour augmenter son caractère policier et répressif, mais aussi pour « mettre la finance sous contrô­le ». Il dé­fend les services publics, au seul bénéfice des Français.
Le FN se présente aujourd’hui contre « la finance qui exploite le travail et le précarise ». Pour un peu, Marine Le Pen nous ferait croire qu’elle est anti­capitaliste !
Le FN promet d’augmenter les bas salaires de 200 €. Cette hausse serait prise sur les cotisations so­ciales. Elle ne coûterait rien aux patrons. Et pour financer notre retraite et notre santé, nous aurions le choix entre payer plus d’impôts ou prendre des assurances privées.
Le FN voudrait une « grande famille » qui unisse le capital et le travail. Dans un discours, Marine Le Pen a dit « regretter le temps où l’on rentrait dans une entreprise comme dans une famille ». Pour elle « l’entreprise n’appartient pas seulement au capital, mais aussi aux travailleurs ». Elle propose que 10 % du capital des entreprises soit col­lectivement possédés par les travailleurs. Elle veut l’entente avec les patrons, pas la lutte de classe.
Elle ne parle pas encore d’interdire les syn­dicats ouvriers, mais propose de le faire dans l’Etat, en interdisant aux juges de se syndiquer. En 2010, alors que nous manifestions avec les syn­dicats pour nos retraites, elle nous dénonçait comme « des émeutiers ». Le caractère répressif du FN ne fait aucun doute.
- Le FN propose une alliance entre les ouvriers et le capital, non pas pour nous défendre, mais pour nous soumettre.
- En cherchant une base ouvrière et en devenant étatiste, le FN se rapproche du fascisme traditionnel, « national-socialiste ».

Fermeture des frontières ?

En fermant les frontières, le FN prétend protéger les travailleurs français de la concurrence que leur fe­raient les immigrés. Cette idée a été celle des partis réformistes. Elle a la vie dure, mais elle est fausse.
La fermeture aux hommes n’empêche pas la concur­rence de s’exercer entre tous les travail­leurs. Même s’ils ne circulent plus, les capitalistes ont encore le pouvoir et la liberté d’investir où c’est leur intérêt (où ils exploitent mieux), délo­caliser, puis importer les marchandises produites. Dans le capitalisme, il n’y aura jamais de barrière pour les capitaux, les marchandises et les cadres qui servent les patrons.
La fermeture des frontières ne limite pas la concurrence entre travailleurs. C’est le contraire. C’est la concur­rence, organisée par la bourgeoisie, qui dresse des ouvriers d’ici contre ceux d’ailleurs. Ainsi divisés nous sommes encore plus faibles contre nos exploiteurs… pour leur plus grand bénéfice.
- La réponse ouvrière à la concurrence entre nous n’est donc pas la fermeture des frontières ou la « préférence nationale ».
- C’est la libre circulation des travailleurs et l’égalité de tous les droits entre nous (sociaux, politiques et d’organisation), pour mieux se défendre ensemble.

La France peut-elle accueillir toute la misère du monde ?

Affirmations fausses : « les immigrés coûtent cher », et « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ».
Les immigrés viennent pour travailler. Ils pro­duisent des richesses dans des conditions d’extrême exploitation. Ils paient des impôts et des cotisations sociales (même les sans-papiers). Ils consomment (paient la TVA). Et ils arrivent en France adultes, sans avoir été une charge pendant les 20 premières années de leur vie.
En 2009 les immigrés ont reçu 47,9 milliards d’euros en retraites, santé, allocations chômage et familiales,… édu­cation. Par contre, ils ont alimenté à hauteur de 60,2 milliards le budget de l’Etat et de la Sécurité sociale. Soit un solde positif de 12,4 milliards. Sans compter les profits tirés de leur exploitation.
La seconde affirmation est fausse aussi. La France pas plus que l’Europe ne supportent « toute la misère du monde ». Elles ne sont pas la destination principale des hommes et des femmes qui émigrent, fuyant la misère ou les guerres provoquées par l’impérialisme. 3,5 millions de Maliens émigrent mais seulement un peu plus de 200 000 vers l’Europe. Les autres vont vers d’autres pays d’Afrique. La très grande majorité des réfugiés Afghans (5 millions) sont au Pakistan. Peu se di­rigent vers l’Europe, car seule une minorité a les moyens de faire de longs voyages.
En France 58 % des immigrés sont des Européens.
- Les immigrés ne sont pas à la charge de la société. Comme tous les ouvriers, ils sont des exploités créateurs des richesses qui engraissent les patrons.
- Les parasites ne sont pas nos camarades, même au chômage, mais ceux qui vivent de notre travail et nous licencient.

Le FN, nouveau défenseur des femmes et de la laïcité ?

Dans son programme, le FN dit vouloir alléger la peine des femmes. Il propose aux mères, com­me aux pères, un revenu parental, et la possi­bilité de partir plus tôt à la retraite. Il veut veiller à la sécurité de leurs enfants.
L’opposition à l’avortement, le retour des femmes au foyer et à leur seul rôle de mère ne sont plus dans ce programme. Mais quand Marine Le Pen se lâche, elle dénonce le Planning familial comme « un centre d’incitation à l’avortement ». Les IVG sont pour elle des « mesures de confort » qui ne seront plus remboursées ». Les militants FN participent aux marches contre les centres d’IVG.
Dernier cheval de bataille du FN, la défense de la laïcité. Mais le FN ne vise pas les curés, les pasteurs ou les rabbins qui en Lorraine et en Alsace sont payés par l’Etat. Ni les intégristes catholiques qui s’agenouillent devant les centres IVG. La défense de la laïcité est un prétexte à la restriction des droits des travailleurs français ou immigrés qui pratiquent la religion musulmane.
- Le FN voudrait des femmes dans leur seul rôle de mère, pour repeupler la France « de vrais petits français ».
- Leur défense de la laïcité, c’est opposer les travailleurs selon leur origine ou leur religion. C’est la volonté de nous diviser.

Le FN, une alternative à qui ? Au bénéfice de qui ?

Marine Le Pen se veut une femme politique « propre », « qui n’a été vendue à personne ». Elle veut construire un grand parti de la réaction en misant sur l’échec électoral de Sarkozy en 2012, sur la débandade de l’UMP, puis sur le futur dis­crédit du PS.
Elle se veut la planche de salut politique du capita­lisme en crise, en opposant les ouvriers les uns aux autres et en détournant une partie d’entre nous de la lutte contre nos exploiteurs.
Ce qu’elle propose aux capitalistes, c’est un Etat plus fort, répressif, chauvin ou raciste, qui organise la division et la répression de la classe ouvrière.
Sa défense de l’entreprise et du travail, c’est le renforcement de notre exploitation. Elle dit que « le travail est un moyen d’épanouissement et de liberté pour les ouvriers », quand il n’est plus soumis à la finance !
Où est notre liberté d’ouvrier dans l’usine et dans cette société ? Comme Sarkozy, sa défense de la « valeur du travail » est un argument pour ne pas en réduire la durée et pour l’augmenter… au bénéfice des patrons.
Avec ce capitalisme répressif, les syndicats de lutte seront sinon interdits ; du moins criminalisés dans leur activité.
- Rien de cela n’est vraiment nouveau. C’est ce qui se passe déjà avec Sarkozy. C’en est seulement la radicalisation fascisante.
- Le FN ce n’est pas un parti « des ouvriers », c’est le parti de la « préférence nationale », c’est le parti ultra de la division ouvrière.

Contre le FN, en nous organisant !

Nous devons constater que les nécessaires combats menés au nom de l’antiracisme et de la démocratie n’ont pas réduit l’influence du FN.
Alors qu’il adopte une démagogie ouvriériste pour nous diviser, il nous faut riposter autrement.
Combattre toute forme de chauvinisme ou de nationalisme parmi nos collègues, dans nos syndicats. En nous opposant aussi aux idées des partis démocratiques ou de gauche, qui sont anti-FN, mais qui défendent le patriotisme, le drapeau tricolore et l’industrie française.
Nous organiser contre les partis réfor­mistes. La gauche démocratique a du mal à attaquer les idées du FN à la racine, car elle défend aussi le rang de la France impérialiste en Europe et dans le monde.
Combattre l’impérialisme français. Défendre la nation, à la sauce raciste du FN, ou démocratique du PS, c’est encore entretenir la division. Nos intérêts d’ouvriers et ceux de la bourgeoisie ne sont pas les mêmes.
Pour faire reculer le FN, organisons-nous pour défendre nos intérêts.
Qui menace nos conditions de vie ? Pas nos camarades immigrés ! Non ! mais les bourgeois de la finance, de l’industrie, de l’appareil d’Etat qui vivent des richesses qu’ils ne produisent pas.
- Lutter contre le FN, c’est lutter pour l’unité de tous contre nos exploiteurs.
- Lutter contre lui, c’est rejeter l’unité nationale avec les bourgeois français et la défense de l’industrie française, qui se feront toujours sur notre dos.

Ouvriers, nous portons l’avenir de tous les exploités !

Si le FN espère gagner des voix ouvrières, c’est parce qu’il n’y a plus de parti suffisamment fort pour nous organiser sur les bases de classe et inter­natio­nalistes. Il n’y a plus de parti pour défen­dre les intérêts des prolétaires et pour faire ainsi obstacle aux idées réac­tionnaires ou à celles des réformistes, moins dange­reuses, mais qui souvent labourent le terrain pour les autres.
Ouvriers de toute origine, opposons nos valeurs de solidarité internationaliste au mépris des bourgeois, au racolage raciste et diviseur du FN. Valeurs de la Commune de Paris, des Révolutionnaires russes, des FTP Partisans dans la résistance au nazisme.
Pour le bien de tous, notre classe a été en avant dans le combat contre l’exploitation et pour la liberté. Alors, étrangers ou français, seuls comptaient nos buts communs. Le sang versé avait la même couleur : le rouge de notre drapeau. Aujourd’hui, face à barbarie du capitalisme en crise, unissons-nous.
Beaucoup d’entre nous ne sont pas trompés par les mensonges du FN. Mais ce n’est suffisant. Nous de­vons avoir des idées justes, mais aussi agir, discuter, et nous organiser pour lui faire barrage. Barrage partout où des ouvriers sont désorientés et influencés par les diviseurs racistes. Repoussons le FN par la persuasion et par l’action.
Camarades, discutez de ce tract avec vos collègues.
Bâtissons notre organisation, l’outil pour faire reculer les idées de la bourgeoisie, faire vivre les solidarités qui font barrage à l’individualisme, au racisme, en renforçant notre lutte commune contre les exploiteurs.
Cette organisation est celle des communistes. Elle combat pour le pouvoir des ouvriers de toutes nationalités. Pour éliminer l’exploitation de l’homme par l’homme, la concurrence et les guerres entre les peuples : une société socialiste !

Le FN, c’est le parti de la division ouvrière,
Le FN, c’est le parti de la réaction bourgeoise !
- Unité de la classe ouvrière multinationale de France
- Français ou étrangers, hommes et femmes, Egalité de tous les droits
- Régularisation de tous les sans papiers
- Frontistes hors de nos syndicats, hors des usines ou de leurs portes.

Les propositions
« social-réactionnaires »
et démagogiques du FN

- Défense des salaires, avec 200 € d’augmentation nette pour ceux inférieurs à 1,4 fois le SMIC, et échelle mobile.
- Retraite à 60 ans après 40 ans de cotisation, prise en compte de la pénibilité, retraite par répartition, taxation des revenus du capital pour la financer.
- Critique de la réduction du temps de travail comme ayant entraîné le blocage des salaires
- Défense des services publics « qui ne sont plus au service du public ». Dénonciation de la perte du sens du bien commun sous les coups de la finance.
- Critique du tout pour la compétitivité et de l’accaparement des fruits du travail ouvrier par les actionnaires.
- Dénonciation de la financiarisation de l’économie qui précarise le travail….
- Protectionnisme économique, en imposant des taxes aux produits importés.
- Sortir de l’Euro et contrôle de l’économie par un pouvoir politique fort.
- Limitation de l’immigration légale, et préférence nationale dans l’attribution des logements sociaux, des allocations familiales, suppression du RMI et de l’AME pour les étrangers,…
- Arrêt du regroupement familial, suppression de la carte de 10 ans, pour une de 3 ans.

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