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Pour la politique de l’immigration aussi, Hollande continue le travail de Sarkozy !

Déclaration

Il l’avait déjà martelé pendant sa campagne électorale. Mais beaucoup avaient fait semblant de ne pas l’entendre et avaient préféré se raconter et raconter des histoires sur les améliorations que la gauche allait nous apporter, par exemple avec l’arrêt de la mise ne rétention des enfants…

 

Voilà pourtant ce que le candidat Hollande déclarait avant les élections, et seuls ceux qui se sont bouchés les oreilles ne l’ont pas entendu :

 


- La lutte contre « l’immigration clandestine », c’est à dire contre les sans-papiers et les migrants qui arrivent, doit être menée de manière implacable.
- C’est la condition pour que les immigrés en situation régulière soient bien intégrés…
- Il n’y aura pas de régularisation massive. Il y aura des régularisations au cas par cas, à peu près le même nombre qu’avec Sarkozy.
- Ceux qui ne seront pas régularisés seront expulsés.
- En période de crise, la France doit diminuer « l’immigration de travail ». S’il y a du chômage en France, il faut poser des règles, dans le cadre d’un débat parlementaire, pour limiter le nombre des immigrés que le pays accepte.

 

Aucune raison donc de s’étonner des mesures qui sont tombées et continuent de tomber les unes après les autres :

 


- La loi qui vient d’être votée à l’Assemblée nationale sur les 16h de « retenue » pour les contrôles d’identité des étrangers, véritable mesure d’exception pour relancer la machine à expulser, en contournant l’interdiction de la garde à vue des étrangers sans-papiers gagnée auprès de la Cour Européenne de Justice et de la Cour de cassation. La gauche au pouvoir va pouvoir ré-organiser la chasse aux sans-papiers : 16h données aux flics et aux préfectures pour expédier les sans-papiers dans les CRA où ils seront traités dans les conditions prévues par la loi Besson, une loi hier dénoncée par le PS mais aujourd’hui appliquée sans mot dire. Ce n’est pas la garantie de présence possible d’un avocat qui va nous faire avaler cette nouvelle loi xénophobe et liberticide.
- La circulaire du 7 juillet sur l’assignation à résidence des familles à expulser, qui fait seulement semblant de répondre à l’indignation soulevée par leur mise en rétention. Elle instaure hypocritement un autre régime traumatisant de privation de liberté, en sauvegardant l’essentiel pour le gouvernement : la possibilité d’expulser des familles, et même de les mettre en rétention si elles n’acceptent pas de partir à la première OQTF…
- La circulaire bidon du 28 novembre qui ne changera en rien la manière arbitraire dont seront traitées les demandes de régularisation des sans-papiers, dans le cadre maintenu du CESEDA. C’est surtout, une circulaire qui instaure une période obligatoire de 3 à 5 ans de précarité et d’insécurité maximum pour quasiment tous les migrants arrivant en France ! 30 000 régularisations pour 400 000 sans-papiers environ reconnus = 370 000 sans-papiers qui restent soumis à la surexploitation. C’est une circulaire dont le maître-mot est l’intégration ! Autrement dit, vous vivrez dans la peur, sans revenu et sans logement fixe, surexploité si vous travaillez, mais soyez bon élève assidu et sérieux si vous êtes à l’école, soyez une famille parfaitement lisse avec papa-maman-et tous les enfants réunis, soyez un bon travailleur soumis pour convaincre votre patron de vous accompagner dans vos démarches de régularisation, soyez bien obéissant pour ne pas prendre le risque de vous faire licencier au moment du renouvellement annuel de votre carte temporaire ! Et les centaines de milliers de travailleurs au noir et par intermittence sans contrats ni fiches de paye ? Et les familles séparées par les guerres ? Et les couples ou célibataires sans enfants ? Et des demandeurs d’asile déboutés au bout d’un an de procédure, ou même de 6 mois, le délai d’examen par l’OFPRA et la CNDA déjà promis par le candidat Hollande ?

 

Aucune raison de s’étonner que toutes les saloperies dont nous étions coutumiers n’aient pas cessé :

 


- Les OQTF qui continuent de pleuvoir, les rafles sur les chantiers…
- L’horreur chaque jour pour les sans-papiers enfermés dans les CRA, ou assignés à résidence dans des hôtels, et finalement expulsés.
- La chasse aux mineurs isolés qui arrivent, test osseux, peines de prison et d’interdiction de territoire à l’appui…
- Les démantèlements de camps de Roms.
- Le sur-place du gouvernement sur le droit de vote des étrangers.

 

Pourtant, nombreuses et nombreux ont été celles et ceux qui ont voulu croire et faire croire que ce serait quand même mieux sous la Gauche.
Nous comprenons que cet espoir d’un mieux ait pu être partagé par de nombreux sans-papiers ou des jeunes sans expérience politique, même sans trop y croire.
Mais nous dénonçons l’entreprise de tromperie dans laquelle se sont engagées les organisations, partis et associations qui, pourtant bien au courant des politiques anti-immigrés menées dans le passé par la gauche au pouvoir (pour la légalisation des CRA par exemple), ont plus que jamais courtisé le PS et le gouvernement Hollande, spécialement dans la période précédant la parution de la circulaire de novembre.
La Confédération CGT a beau jeu maintenant de justifier le maigre résultat obtenu en expliquant dans son communiqué du 30 novembre que « ce n’est qu’une circulaire ». Mais pourquoi avoir fait croire avant qu’on pourrait obtenir des critères de régularisation « objectifs, clairs et transparents » avec une circulaire ? Pourquoi avoir défendu la politique des critères qui avait été justement dénoncée et rejetée par tous les mouvements de sans-papiers à l’époque des Saint Bernard et après ? C’est que la Confédération CGT traîne derrière elle une longue histoire de compromissions avec l’Etat sur le terrain des luttes de l’immigration. Son hostilité aux mouvements autonomes des Sans-Papiers, l’évacuation de la Bourse du Travail de Paris, son acharnement à présenter comme des victoires les maigres résultats des grèves de sans-papiers parisiens, tout cela la mène aujourd’hui à faire confiance au gouvernement Hollande. « Encore un effort », comme elle le dit au gouvernement dans son dernier communiqué, c’est considérer qu’on tient le bon bout, en attendant le débat parlementaire sur l’immigration économique utile, un débat qu’elle appelle aussi de ses vœux parce qu’elle se reconnaît dans les enjeux posés.
Derrière la confédération CGT, la Plateforme 12 a joué le jeu de la concertation avec le gouvernement de Hollande. En adoptant le principe de critères d’intégration, en plaçant leurs revendications dans le cadre d’une négociation pour refonder la République, tous ont joué le jeu du tri entre les bons et les mauvais immigrés, le jeu de l’immigration choisie. Pour la CGT, le sans-papier intégré est le travailleur utile à l’économie nationale, celui qui paie ses impôts, celui qui se met en règle avec son patron… Pour RESF, beaucoup de ses discours laissent croire que c’est le bon élève assidu et sérieux… A sa création, RESF avait choisi l’école comme terrain de lutte, et ce faisant jouait déjà avec le feu du critère d’intégration scolaire. Au fil des années, en refusant de placer sa lutte partielle dans le cadre de la lutte globale pour la régularisation de tous les sans-papiers, RESF a rabougri son horizon pour ne plus devenir dans beaucoup de villes que le champion de la lutte au cas par cas, ne tolérant pas d’autre politique que celle qui consiste à s’en remettre aux élus de la Gauche pour un peu plus d’humanité.

Non, nous ne tenons pas le bon bout, et les sans-papiers le savent !

Ceux de Lille par exemple se sont mis en grève de la faim il y a plus de 40 jours, et tentent de continuer après s’être fait expulser par le GIGN du temple où ils se trouvaient. Différents collectifs de sans-papiers occupent et manifestent à la permanence de Valls, devant la préfecture de Créteil, dans les rues de Grenoble…

Non, nous ne tenons pas le bon bout, et de nombreux militants de la cause des sans-papiers, dans beaucoup d’associations diverses, le savent aussi !

Des associations, RESF, évoluant au milieu de leurs contradictions, appellent à manifester dans de nombreuses villes tant la pilule de la circulaire est amère.

 

Aujourd’hui, il faut abandonner clairement tout espoir de voir le gouvernement Hollande prendre des mesures « justes et humaines » en faveur des migrants, des sans-papiers, des chômeurs et des travailleurs en général ! Il faut arrêter de rêver d’une République égalitaire ou d’une République citoyenne quand l’Etat dont on parle ne sert au fond qu’à maintenir la domination de la classe des capitalistes à coup de politiques sécuritaires toujours plus dures !

 

Ce n’est pas par manque de courage politique que le gouvernement Hollande marche sur les traces du gouvernement Sarkozy, contrairement à ce que soutient l’opposition de gauche à Hollande. C’est parce que partis de droite ou partis de gauche roulent pour le même système économique et politique.
Le camp du gouvernement Hollande, le camp du PS aussi, c’est celui de la défense des intérêts du Capital. Ce n’est pas la fin de l’exploitation qu’ils veulent. C’est la bonne marche de l’économie capitaliste nationale, son redressement à coups de mesures d’austérité et de précarisation, à coups de restructurations et de licenciements déguisés en reconversions, à coup de reconduites à la frontières des migrants jugés inutiles aux besoins du Capital.

 

En cette période de crise du capitalisme à l’échelle mondiale, la concurrence exacerbée des pays et entreprises impérialistes provoque de plus en plus de misère et de guerres dans les zones où ils étendent leur domination. Les déplacements de populations ne pourront que s’intensifier ; ils doivent être défendus comme un droit contre la xénophobie des Etats capitalistes !

 

L’OCML-Voie Prolétarienne réaffirme sa détermination à lutter pour l’unité de la classe ouvrière et des peuples du monde, pour le renversement du système capitaliste et la construction d’une nouvelle société socialiste.
C’est dans cette perspective que nous travaillons à construire un nouveau parti communiste et que nous participons à la lutte des sans-papiers .

POUR L’EGALITE DE TOUS LES DROITS !
POUR LA RÉGULARISATION DE TOUS LES SANS-PAPIERS !
POUR LA LIBERTÉ DE CIRCULATION ET D’INSTALLATION !
POUR LA FERMETURE DES CENTRES DE RÉTENTION !
CONTRE TOUTES LES EXPULSIONS !
POUR L’ABROGATION DU CESEDA !

Janvier 2013

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