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Impérialisme français hors d’Afrique !

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Ce début janvier 2014 marque un an d’intervention au Mali, et depuis décembre 2013, une seconde intervention militaire est en cours en Centrafrique. Après la Côte d’Ivoire, la Libye, le Mali, les tentatives en Syrie, l’impérialisme français prétend « soigner » en Centrafrique les maux qu’il a lui-même provoqués. Mais cette succession d’interventions militaires en Afrique ne se fait pas à l’aveuglette. L’impérialisme français dévoile clairement ses intentions pour « regagner ses parts de marché » en Afrique. On voit bien que l’impérialisme ce n’est pas simplement des interventions militaires, mais une politique d’ensemble économique, politique, diplomatique et militaire. Dans un contexte géopolitique international où la concurrence inter-impérialiste est exacerbée et où rien n’est joué d’avance, l’agressivité militaire rappelle les prétentions de la France à rester parmi les puissances dominant le monde.

L’instabilité politique et la violence en Afrique sont le jeu des impérialistes !

L’impérialisme fait ses ravages en se présentant comme le sauveur ! Mais l’instabilité politique en Afrique est l’héritage du colonialisme qui a toujours joué une communauté ethnique contre une autre, et diviser pour régner. Cette instabilité été aggravée par les indépendances en 1960, par les coups d’état appuyés par la France lorsque le régime ne servait pas ses intérêts. Au Mali en 1967 contre Modibo Keïta jugé trop nationaliste, et de multiples fois au Tchad et en Centrafrique où la France n’a cessé d’intervenir en appui de divers coups d’état (Bokassa…).

 

La France justifie ses interventions par « l’épouvantail » des guerres dites ethniques et religieuses, qu’elle a contribué à créer. Elle nous sert « la démocratie » contre le terrorisme de bandes armées, lorsque les « dictateurs » ne sont pas assez dociles et favorables aux intérêts français. Depuis les luttes populaires anti-coloniales des années 60, les impérialistes, la France dans beaucoup de cas n’a eu de cesse que d’écraser les courants démocratiques et populaires en appuyant des coups d’état, pour maintenir l’accaparement des richesses (Uranium, or, diamants) et son profit et implanter les entreprises françaises.

 

Les régimes mis en place par le France à l’indépendance et ceux qu’elle a ensuite soutenus, n’ont jamais eu d’autre souci que de servir leur maître impérialiste pour garder le pouvoir pour eux-mêmes. Ceux qui ont lutté pour construire leur pays, en contrôlant leurs ressources et en les mettant au service d’un réel développement pour les peuples ont été soit tués (Thomas Sankara au Burkina), soit renversés (Modibo Keïta au Mali).

 

Sans développement l’unité des territoires a été fragilisée, exacerbant les tensions entre régions plus développées et celles plus pauvres, aggravant les contradictions au sein du peuple.
Hier comme aujourd’hui, les impérialistes profitent du développement des villes, en particulier côtières, contrôlent les ports africains comme Bolloré, s’assurant le libre accès aux richesses en sécurisant les principaux sites de matières premières laissant des pans entiers de territoire aux pillards et au banditisme organisé, qui rackettent et violentent les populations.

Contre le redéploiement de l’impérialisme français en Afrique ! Solidarité internationale !

Le récent rapport Védrine-Lianxou (décembre 2013) fait de l’Afrique la cible stratégique de l’impérialisme français. Le rapport note que l’Afrique c’est « plus de 5% de croissance par an » , que les classes moyennes africaines représentent déjà entre 300 et 500 millions d’individus et les quarante Africains les plus riches ont une fortune cumulée qui dépasse 70 milliards de dollars ». Des potentialités « impressionnantes » qui font se frotter les mains du gouvernement Hollande.

 

Dans les zones anciennement francophones, l’impérialisme français a perdu du terrain face à la Chine et compte bien les reprendre ! En Afrique subsaharienne, la France est le troisième investisseur et des grands groupes, tels Total, Alstom, Schneider, Sanofi ou Orange, sont de plus en plus présents.
Areva renégocie actuellement la « rente » sur Arlit au Niger en faisant des concessions aux bourgeoisies nationales sur le dos des mineurs ! "Nous respectons Areva comme partenaire stratégique mais nous voulons un partenariat équilibré", a déclaré le ministre nigérien des Mines, Omar Hamidou Tchiana.

 

Dans ce cadre, l’enjeu de la « sécurité » est très important. Quant aux moyens militaires de la France, la loi de programmation militaire votée en décembre prévoit l’envoi possible simultané de 15000 hommes sur un front voire l’envoi de 7000 à 8000 soldats sur trois fronts en même temps, la bourgeoisie française a conserve donc encore les moyens militaires de ses ambitions, alors qu’elle n’hésite pas à couper dans l’éducation et la santé. L’essentiel des troupes françaises à l’étranger sont déployées en Afrique, en particulier pour maintenir son hégémonie dans la zone sud-sahélienne dans le contexte de réduction du budget ces interventions sont aussi un compromis et une concession au complexe militaro-industriel.

 

Cette nouvelle orientation impérialiste se matérialise aussi par un renforcement de « l’immigration choisie » au profit d’une immigration économique mais de classe moyenne ! Former en France, les futurs cadres dirigeants et notamment la circulation des étudiants par de faibles droits d’inscription universitaire. Le rapport dit aussi : « Pour relancer l’influence de la France, l’ancien ministre recommande de relancer les relations de haut niveau de l’État français vers le continent africain, d’associer davantage encore la diaspora africaine de France à la définition et à la mise en œuvre de la politique économique africaine de la France tout en intensifiant le dialogue économique entre la France et l’Afrique. » Le consensus bourgeois matérialisé par le PS sur ce renouvellement du rapport impérialiste par rapport à l’Afrique peut aussi lui profiter électoralement alors même que sur le sujet l’UMP s’est encore récemment exprimée pour la restriction drastique des modalités du regroupement familial, et veut en faire un thème de campagne.

Contre l’intervention française en Centrafrique !

Le 5 décembre, la veille de l’ouverture du sommet « pour la paix et la sécurité sur le continent africain » François Hollande avait annoncé le lancement de l’opération« Sangaris » en Centrafrique. L’enjeu serait comme toujours "humanitaire". Laurent Fabius affirmait ensuite que « la République centrafricaine est au bord du génocide », comme il affirmait « Nous n’avons pas vocation à être le gendarme de l’Afrique, mais le Mali serait mort si nous n’étions pas intervenu. » La presse reprenait ce discours afin de préparer l’opinion publique. L’ONU a donné quitus à la France pour maintenir l’ordre et épauler la force africaine de la Misca.

 

En mars 2013, les milices séléka dirigées par Djotodia ont renversé le gouvernement de Bozizé qui lui-même avait fait un coup d’Etat en 2003. Avant Bozizé, Patassé était arrivé dans les fourgons de l’armée française comme auparavant Bokassa, l’ami de Giscard. A travers la succession brutale des équipes au pouvoir, la domination française continue sous d’autres noms : partenariat, accords de défense, aide au développement, conseil à l’organisation de l’Etat, formation des « élites ».
Depuis les débuts des interventions coloniales et impérialistes en Afrique, la République Centrafricaine occupe une position stratégique entre Tchad, Soudan et Congo.
Cela fait 50 ans que la France a des troupes dans ce pays. Comme l’écrit l’organisation Survie : " Les bases militaires de Bouar et de Bangui assurent une présence permanente de l’armée française, qui a fait de la RCA un de ses terrains de jeu de prédilection, écrasant toute tentative de rébellion et assurant à la France une gestion quasi directe du pouvoir politique." Pays maintenu sans perspectives économiques, où l’impérialisme français favorise des clans contre d’autres. La république centrafricaine n’est pourtant pas un désert aride ; le pays se prête à de nombreuses cultures, vivrières ou d’exportation, mais l’impérialisme, les privatisations exigés par l’OMC ou le FMI et dernièrement la crise de 2008 en ont fait un pays très pauvre et sans grande possibilité de développement indépendant.

 

Les impérialistes et Hollande voient la violence s’aggraver en Centrafrique depuis des mois. Mais en RCA, comme en Afghanistan l’impérialisme soutient les chefs de guerre, les mafias en tapant de temps en temps pour rappeler par la force qui est le plus fort, et à qui il faut faire allégeance.

 

Mais la situation est compliquée. Le régime tchadien qui est un « allié » de la France au Mali, a été le principal soutien des rebelles musulmans, en même temps qu’il participe à la force d’interposition. Hollande a déjà envoyé 1600 hommes, il demande des renforts à l’ONU alors qu’il existe déjà une force de 3600 hommes, la MISCA (Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique sous commandement africain) qui ne veut pas d’une nouvelle force onusienne. Des armes nombreuses circulent depuis les nombreux conflits dans les pays voisins. 400 000 personnes sont déplacées, 70 000 réfugiés dans les pays voisins.

Contre les impérialistes, c’est tout le continent africain qui doit se libérer !

Guerre, exploitation et misère, c’est ce à quoi les africains doivent mettre fin en chassant notre impérialisme et les autres. Guerre, exploitation et misère, c’est ce qui pousse les Africains à quitter leurs pays. L’impérialisme dit pleurer sur le sort des Africains en Afrique, mais il n’a aucun scrupule à les chasser, à fermer les frontières à les condamner à mourir en mer ou au Sahara.

 

Communistes de Voie Prolétarienne, nous dénonçons la politique tant économique que diplomatique et militaire du gouvernement français qui répand la guerre et la misère dans une partie croissante du continent africain.

 

Brisons le consensus pro-impérialiste qui va du Front de gauche à l’extrême droite !
Hollande peut compter sur un consensus national (momentané). Comme l’écrit le Parti de Gauche : "C’est légitime, le gouvernement n’interviendrait pas si nos intérêts nationaux n’étaient pas en jeu". Chauvinisme mêlé avec un soutien à l’impérialisme français voila pourquoi la résistance organisée a du mal à exister contre l’intervention !

 

Cela suffit ! Nous appelons tous les travailleurs en France à exprimer publiquement leur opposition à cette intervention plus fermement que jamais.

Troupes françaises hors d’Afrique !
Annulation de la dette, droit des peuples à exproprier les entreprises étrangères.
Pour mettre fin à la misère et à la guerre dans les pays dominés, la voie des prolétaires et des paysans pauvres, c’est celle de la révolution, contre l’impérialisme et la bourgeoisie qui le sert

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