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Le développement de la crise économique capitaliste mondiale et les défis actuels au mouvement marxiste-léniniste et ouvrier international touchant à la stratégie et tactique révolutionnaires
Résolution de la XIème session pleinière de la CIPOml, signée par l’OCML-VP
1. La crise économique et financière mondiale du capitalisme, la plus longue et plus profonde depuis la Seconde Guerre mondiale, perdure et continue à se développer. Il s’agit d’une crise de surproduction relative, sur la base d’une sur-accumulation chronique de capital.
Au début les États impérialistes tentèrent de gérer ensemble la crise. Cette gestion n’avait pas seulement des objectifs économiques mais aussi politiques : freiner le développement de la lutte des masses et empêcher le développement de crises politiques et révolutionnaires.
Mais on passa vite à la lutte concurrentielle entre monopoles et entre impérialistes pour le contrôle des marchés et des zones d’influence politiques et stratégiques.
2. Pour la stratégie et la tactique révolutionnaires, il faut tenir compte des changements dans les rapports de pouvoir impérialiste au niveau mondial.
L’axe de l’économie mondiale s’est déplacé des États-Unis/de l’Europe à l’Asie.
Le capital excédentaire fut déplacé des anciens pays impérialistes dans les pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), les pays MIST (Mexique, Indonésie, Corée du Sud et Turquie) et dans d’autres pays d’Amérique latine et d’Asie. Dans certains de ces pays se produisit un essor temporaire ou relatif de la croissance économique.
La lutte s’aggrave entre les différents groupes monopolistes dans les différentes puissances impérialistes pour savoir qui sortira le mieux de la crise économique mondiale qui se prolonge. Cela a lieu aussi bien à l’intérieur des pays qu’au niveau international et se manifeste aussi par des crises politiques.
La sur-accumulation chronique de capital produit de nouvelles bulles spéculatives qui sont caractéristiques du mode de production capitaliste. Le développement inégal des pays capitalistes s’accélère.
3. A l’échelle mondiale on constate des tendances à la relance économique. A la fin de 2013, les États-Unis ont atteint le niveau de la production industrielle d’avant la crise. Alors des capitaux ont commencé à affluer vers les États-Unis et d’autres pays impérialistes « anciens » comme conséquence de l’augmentation du taux d’intérêt. Cela provoqua une augmentation énorme des dettes des États et aussi de l’inflation dans quelques pays dont le capital se retire comme d’Afrique du Sud, du Brésil, de Turquie, de l’Inde etc.
La relance économique aux États-Unis est liée à ce que, pour la première fois dans leur histoire, les États-Unis ne sont plus loin de l’auto-approvisionnement et de l’exportation en pétrole et gaz en raison de l’exploitation polluante du gaz de schiste.
La Chine aussi ressent la crise mondiale. En 2013, sa croissance est tombée de plus de de 10 % à 7,7 % comparée au taux d’avant la crise. Elle a réduit ses achats.
Bien que cette crise se termine, une nouvelle crise encore plus profonde est inévitable, liée au fait que le capital excédentaire n’a pas pu être totalement détruit.
4. Dans les pays impérialistes aussi bien que dans les pays opprimés, la surexploitation de la classe ouvrière, la pauvreté, le chômage, en particulier parmi la jeunesse, les femmes et les immigrés, et les coupures budgétaires dans les secteurs de la santé, de l’éducation et du bien-être social ont augmenté ; ce qui a renforcé les souffrances des larges masses populaires. La double exploitation de la masse des femmes s’est aggravée comme l’oppression spécifique de la femme. La surexploitation renforcée de l’environnement accélère le passage à la catastrophe écologique globale.
5. La crise provoque une aggravation des contradictions entre les pays impérialistes, comme le montrent les exemples de la Libye, la Syrie et l’Ukraine, et aussi les interventions impérialistes directes comme celles de la France au Mali (avec le soutien logistique décisif des États-Unis) pour s’assurer le contrôle des matières premières. Cette situation crée de l’instabilité politique.
La Chine impérialiste défie sérieusement les États-Unis aux plans économique et politique dans la lutte inter-impérialiste pour l’hégémonie mondiale.
La Russie se redresse et tente de développer son influence. La Chine développe son influence économique et politique en Amérique latine et en Afrique. Les États-Unis poursuivent une politique agressive pour ne pas perdre leur autorité comme en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie, etc. L’UE accompagne les États-Unis lors de cette agression.
Les impérialistes de l’UE tentent d’élargir leur sphère d’influence vers l’Europe de l’Est, vers l’Ukraine. Ces contradictions avancent vers l’Est. Les contradictions entre les États-Unis et les réactionnaires régionaux et la Chine s’aggraveront et s’étendront pour y inclure la Russie.
Le mécontentement justifié du peuple ukrainien contre le gouvernement de Yanoukovitch a été utilisé par les États-Unis et l’UE pour établir un nouveau gouvernement auquel participent des forces fascistes et pour promouvoir l’entrée de l’Ukraine dans l’UE. L’occupation de la Crimée par la Russie impérialiste a aggravé ces contradictions et augmenté le danger de guerre mondiale. C’est une tâche pour tous les révolutionnaires de s’opposer à la guerre impérialiste et de se solidariser avec les luttes de libération nationale et sociale.
6. Pendant cette période nous avons vécu de grands mouvements de masse pour la liberté et la démocratie. Des gouvernements ont dû être changés comme en Égypte, en Tunisie ou en Grèce etc. Des mouvements de masse ont défié les gouvernements comme en Turquie, au Bahreïn etc. Les mouvements de masse d’un autre niveau ont secoué la société comme au Bangladesh, en Inde, au Brésil, en Mauritanie etc.
Même dans certains pays comme l’Ukraine, la Libye ou la Thaïlande, les puissances impérialistes ont profité du mécontentement des masses pour former de grands mouvements avec des revendications apparemment démocratiques afin de les manipuler dans leurs propres intérêts.
Dans le monde entier se développent des luttes ouvrières et populaires importantes : Les luttes contre le report de la charge de la crise sur le dos de la classe ouvrière et des peuples se transforment en luttes politiques contre les gouvernements et les États qui exécutent la politique d’ajustement comme au Brésil, en Colombie, Uruguay, Argentine, Grèce, Bulgarie, Bosnie-Herzégovine, Afrique du Sud, dans les pays asiatiques comme au Bangladesh etc.
Des luttes dépassant les frontières nationales se développent contre les organisations impérialistes comme le FMI, l’UE, la Banque mondiale, l’OMC.
7. L’offensive contre les travailleurs est accompagnée de lois répressives : des lois antiterroristes, la fascisation de l’appareil d’État, la naissance d’organisations racistes, xénophobes et fascistes. Les classes dominantes promeuvent des campagnes de propagande qui visent à ce que soient acceptées les conditions de surexploitation afin de conserver les emplois. L’anticommunisme moderne est promu.
8. La stratégie et la tactique révolutionnaires diffèrent d’un pays à l’autre selon ses caractéristiques. Il importe de tenir compte des changements dans la structure de classe. Le plus important, c’est le travail parmi le prolétariat des monopoles internationaux. Pour diverses raisons les paysans pauvres sont obligés de se déplacer dans les grandes villes et les jeunes ouvriers d’immigrer dans les métropoles impérialistes au péril de leur vie.
Les mesures économiques et financières des gouvernements ne sont pas neutres ; elles peuvent affecter plus ou moins l’un ou l’autre monopole, l’un ou l’autre pays. Il y a des pays impérialistes plus petits qui sont exploités par les pays impérialistes plus grands comme en UE.
Des pays surgissent aspirant à l’hégémonie régionale comme le Brésil, l’Inde et la Turquie. Il y a un débat à savoir si ces pays se sont développés en pays impérialistes ou s’ils continuent à être dépendants ou néo-coloniaux
9. Il faut tenir compte de la stratégie et la tactique du mouvement révolutionnaire international, ce qui requiert de lier la stratégie et la tactique particulières de chaque pays à l’internationalisme prolétarien. La classe ouvrière et les peuples développent des luttes pour empêcher que la charge de la crise continue de leur retomber sur le dos. Les classes dominantes ont peur d’une effervescence révolutionnaire. Des succès partiels peuvent être obtenus par la lutte, mais nous savons que la seule forme pour que la classe ouvrière et les peuples ne continuent pas à payer la crise, consiste en ce que les partis marxistes-léninistes, en synthétisant les expériences de la lutte de classe dans leurs pays respectifs, puissent diriger les luttes de la classe ouvrière, des peuples opprimés et d’autres opprimés par l’impérialisme vers les révolutions, que ce soient des révolutions démocratiques, agraires, anti-impérialistes ou de démocratie nouvelle ou socialistes qui mettent fin à ce système. Cela exige la construction - là où ils n’existent pas encore - et la consolidation de partis révolutionnaires du prolétariat le plus étroitement liés aux masses et qui pratiquent l’internationalisme prolétarien.
Cela implique aussi la promotion de formes internationales d’organisation, de coordination, de coopération et d’échange du mouvement ouvrier, des peuples opprimés, du mouvement de la femme et des mouvements environnementaux, etc. On ne peut arriver au socialisme que par la voie de la révolution en reconnaissant la nécessité de détruire l’ancien État bourgeois et d’instaurer la dictature du prolétariat.

