Résistances quotidiennes à l’usine

L’information tournait depuis déjà plusieurs jours dans l’atelier. La direction va, à la fin du mois, recevoir des clients et autres politiques pour une réception en grande pompe. Ce que l’on ne savait pas, c’était comment nous allions devoir coopérer à cette petite cérémonie commerciale.
La réponse ne s’est pas fait attendre. Réunion avec notre chef de site, dans l’atelier, avec plus d’une centaine d’ouvrier et d’ouvrière. Il nous annonce que le parking sera “privatisé”, en d’autres termes interdit aux ouvriers, ainsi que notre réfectoire où les petits fours et autres coupes de champagne seront installés. Il nous parle aussi de l’interdiction d’écouter de la musique à son poste ce jour, et de l’obligation pour nous de porter une tenue de travail propre.
Nous nous attendions à cette annonce, à chaque réception, c’est la même chose. Mais cette fois-ci, avec mes collègues, nous ne voulions pas laisser passer sans rien dire.
J’ai alors pris la parole. Pas simple de parler devant tous mes collègues et d’essayer de retranscrire le ressenti que nous avons tous eu en entendant ces informations. Si la direction reste sourde à nos demandes répétées d’un meilleur salaire (nous sommes à peine au dessus du SMIC) et de meilleurs conditions de travail, elle nous impose facilement ses volontés, à savoir nous tenir éloignés du beau monde et donner l’illusion pendant quelques heures d’une usine modèle.
Mon intervention a été ponctuée par quelques approbations et quelques applaudissements, me soulageant dans mon élan. La réunion finie, j’ai eu le droit aux remerciements des collègues, certains même très chaleureux.
Comme quoi, même petite, la résistance est possible. Nous ne devons pas nous taire, au contraire. Et montrer tous les jours, même dans les petits combats, que nous gardons la tête haute et affirmer que nous sommes un collectif. Un collectif de travail. Un collectif de classe !

Correspondant VP

Bulletin Partisan de Octobre 2015