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Jeux olympiques, une vitrine trompeuse
Bulletin Partisan N°41 - Février 2024
Jeux Olympiques de Paris 2024 : « …Les Jeux, c’est du sport, mais tellement plus encore… un festival populaire et multiculturel qui s’adresse au monde entier... » ! On en pleurerait presque…
Au monde entier, mais pas à tout le monde ! Pour notre classe, pour les prolétaires et les habitants des quartiers populaires, la réalité est toute autre.
Sur les chantiers « vitrines » des principaux sites olympiques, la sous-traitance en cascade, les cadences, le manque de prévention et de formation ont déjà causés de nombreux accidents, plus de 160 dont 25 graves. Des chantiers pourtant surcontrôlés pour mieux faire accepter l’insécurité structurelle et mortifère qui règne sur les chantiers annexes des JO comme dans tout le secteur du BTP où un ouvrier meurt chaque jour.
Mais peu importe le prix à nous faire payer, le sport n’est que le support à des investissements juteux, avec l’Etat capitaliste en chef d’orchestre pour assurer que rien ne viendra enrailler la machine à profit.
Pas question de montrer la misère quand tous les yeux seront tournés vers la France, alors la police et la justice nettoient.
Il faut faire place nette. Tant pis pour les Sans-Papiers, les squats sont démantelés sans ménagement, celui d’Unibéton où vivaient 500 personnes sur l’Île-Saint-Denis détruit au printemps dernier pour faire place à des infrastructures du village olympique, d’autres du seul fait de leur proximité avec les lieux des compétitions comme ceux des collectifs Schaeffer et La Seine à Aubervilliers.
En Seine-Saint-Denis, dans le Val de Marne, les expulsions se répètent, beaucoup sont allés grossir les rangs des SDF, harcelés par la police qui multiplie les contrôles, les intimidations et les violences, vole et détruit les affaires. Hors de question de tolérer le moindre matelas posé à même le sol en plein hiver.
Place nette aussi pour accueillir les millions de spectateurs espérés. Les locations sont prises d’assaut, à n’importe quel prix. Jamais la pression sur le logement n’aura été aussi forte. Ça aiguise les appétits des bailleurs prêts à tout pour récupérer leurs biens et le louer à la journée. Les familles populaires sont en ligne de mire, gare aux retards de loyers avec une justice de plus en plus prompt à prononcer les expulsions. Quant aux nouvelles constructions, elles sont vendues à prix d’or.
L’Etat n’est pas en reste. Depuis plusieurs mois il vide les hôtels sociaux en transférant leurs occupants vers d’autres régions et permettre ainsi aux hôteliers de loger des touristes pendant les JO et il a réquisitionné 3000 chambres d’étudiants du Crous Paris pour loger une partie du personnel des JO cet été. Pour les étudiants précaires contraints de travailler pendant leurs études, la perte du logement signe souvent la perte du travail !
Les beaux principes de l’Olympisme s’accommodent très bien de régressions sociales et de répression.
Dans le commerce, les services ou les transports, partout où l’activité va être décuplée pendant la période des jeux, les travailleurs font face à des attaques contre leurs droits. Dans la sécurité, la restauration, l’hôtellerie, la grande distribution… ils sont déjà nombreux qui ne pourront pas prendre de congés cet été. En dérèglementant le code du travail spécialement pour les JO, le gouvernement autorise désormais le patronat de ces secteurs à les exploiter 7 jours sur 7.
Et à quelques mois des JO, pas question de laisser la résistance des salariés s’organiser. Alors la répression s’abat, à l’aéroport de Roissy contre les délégués combatifs de la CGT ou de SUD, comme partout où la colère monte contre l’inflation et les bas salaires.
Rien n’échappe à l’emprise du capitalisme, il envahit tous les aspects de la vie. La culture, la santé, le sport … sont eux aussi régis par ses règles. Aujourd’hui à Paris comme lors des précédentes olympiades, ce sont nous, prolétaires et habitants des quartiers populaires, qui subissons le plus durement l’arrivée des jeux.