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Les luttes, bien sûr, mais pour aller où ?

Chez bon nombre d’entre nous, c’est vraiment le dégoût face au système électoral, aux petites magouilles et traîtrises habituelles des élections parlementaires. Ras le bol d’être manipulés, ras le bol des experts politiciens qui parlent en notre nom. Alors, on cherche dans la confusion une autre issue, une autre perspective, mais quoi ?
Ce dont on parle pas mal, c’est de la voie des luttes, le « troisième tour social » comme ils disent. Ne compter que sur ses propres forces, mener le combat collectivement, courageusement et radicalement, faire plier le patronat et le gouvernement, pour nos revendications. C’est vrai pour tout, qu’il s’agisse de luttes d’entreprises, des sans-papiers, du combat écologiste, anti-impérialiste, des luttes féministes, antiracistes, des quartiers etc. Un peu « les élections on s’en fout, ne comptons que sur la lutte ».
Franchement, c’est déjà un bon point : on sort la tête du marigot politicien, on ouvre les yeux, on cherche à agir par soi-même, c’est bien.

Après, est-ce que les luttes vont déboucher sur une perspective politique ? Parce qu’au final, la question c’est bien une question politique, celle du pouvoir, de l’Etat et du gouvernement, c’est là que ça se joue. Et bien non, et c’est bien ça le problème. Les luttes immédiates, c’est le quotidien constamment renouvelé, les combats gagnés et perdus (souvent), la régression générale où on tente de limiter la casse. Et au final les bourgeois sont gagnants quasi à tous les coups, parce qu’ils gardent la maîtrise sur ce qui est déterminant, le pouvoir d’Etat et l’appareil économique.
Il nous manque un projet, une perspective, une force politique des ouvriers et des travailleurs en général pour le porter, pour donner du sens aux luttes, pour les orienter vers notre libération. Karl Marx disait que ce qui comptait, plus que le résultat immédiat, c’était l’union grandissante des prolétaires, union autour d’un vrai projet de libération, on va dire communiste, tel que le mot avait du sens à l’origine.

Aujourd’hui, certains ne rêvent que de grève générale, en imaginant que cela débouchera automatiquement sur un avenir meilleur. Mais qu’a donné Mai 68, la plus grande grève générale de notre histoire ? Bien sûr des acquis sur le moment, mais qu’en reste-t-il ? Et un parlement à 80% de droite aux élections de juin 1968.

Autre gros obstacle qu’il faudra bien un jour affronter de face au lieu d’essayer systématiquement de le contourner : la corruption et la collaboration des dirigeants syndicaux avec le pouvoir. N’est-il pas scandaleux que la direction de la CGT ait accepté sans broncher le principe de la réforme du Code du travail par ordonnance, en cherchant simplement à grappiller quelques semaines sur le calendrier ? S’organiser à la base c’est bien, mais si nous voulons ressusciter une organisation centralisée de combat de la classe ouvrière, il faudra bien affronter ces choses-là aussi.

L’heure est à nous regrouper, à organiser nos combats, sur tous les terrains, sur une orientation de classe pour ouvrir le chemin de notre libération, pour construire notre organisation. C’est moins spectaculaire que d’en appeler à la grève générale, mais c’est bien plus constructif.
Et bien sûr, nous sommes de tous ces combats, contre la pénibilité et les licenciements, pour la libre circulation et la régularisation sans condition des sans-papiers, l’arrêt du nucléaire et des grands projets pompes à profits, la défense de Georges Ibrahim Abdallah, contre l’homophobie et pour le droit à la PMA, contre toutes les formes de racisme et les violences policières etc. Avec toujours les intérêts des ouvriers et des prolétaires au premier plan !
C’est cela que nous vous proposons de construire avec nous !

Bulletin Partisan de juin 2017
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