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Pour en finir avec l’intérim !

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Dans notre secteur, l’embauche en CDI n’est pas la norme. En tout cas pour les ouvriers et les prolos... Il faut enchaîner les contrats d’intérim et autres CDD pendant 1 an et demi minimum pour pouvoir y prétendre. Et encore, il faut rester dans la même boîte, si on change par choix ou parce qu’on nous lourde, on repart à zéro.
Dans notre boîte on commence tous par un contrat d’une semaine. Une semaine pour « faire ses preuves » comme ils disent c’est peu… encore plus pour ceux qui sortent tout juste de formation et qui n’ont pas d’expérience.
En général on apprend le vendredi pour le lundi si on est renouvellé. Si ça se passe bien, on nous propose un contrat d’un mois. Et ainsi de suite.
On est nombreux à vivre cette situation, plus de la moitié des collègues de l’atelier est en interim ou en CDD.

L’interim, ça paye ?
Alors on nous dit qu’en échange, on gagne plus en étant précaire. 20 % de plus. Dans ces 20 %, il y a 10 % de congés qu’on nous paye parce qu’on a pas droit de les prendre. Pas avoir de vacances, c’est loin d’être un cadeau et dans tout les cas ce n’est pas avoir « plus » qu’une personne en CDI. Et puis il y a les 10 % d’Indemnités de Fin de Mission (IFM). Voilà ce qui est censé être la compensation financière de notre précarité. Ces IFM on ne les touche qu’en fin de mission, seulement si on n’est pas embauché. Comme si la signature d’un CDI effaçait des mois de précarité… Bref, on gagne (un peu) plus en étant précaire... seulement si on reste précaire.

La précarité au quotidien
En tant qu’ouvriers, on est déjà exploité, et le travail n’est pas facile tout les jours. Travailler debout, respirer de la poussière de métal, environnement bruyant… Nos horaires, c’est les équipes en 2*8 auxquelles s’ajoutent des heures supplémentaires imposées. C’est commencer le boulot à 5h le matin une semaine, et finir le soir à 21h la semaine d’après.
Ces conditions de travail on les partage avec nos collègues embauchés. Mais à tout cela s’ajoute l’incertitude et la pression supplémentaire liées à notre statut d’intérimaire. Ne pas savoir si l’on sera renouvelé la semaine ou le mois prochain ça pèse au quotidien. Et ça te fait travailler plus vite ! Consciemment ou inconsciemment, tu ne travaille pas pareil en étant précaire. Etre irréprochable sur les horaires, le travail, ne pas se faire arrêter alors qu’on est malade par crainte de ne pas être renouvelé… Ton statut fait que tu dois travailler mieux et plus vite que les autres. Et de la boîte d’interim au petit chef, tout le monde te le fait bien comprendre (quand ce n’est pas un collègue en CDI).
Mais le plus dur c’est peut-être de ne rien pouvoir dire ou faire pour changer cette situation. La précarité c’est travail et tait-toi.
Au quotidien on va hésiter à se défendre face à la hiérarchie, même si on est dans notre droit. On va aussi hésiter à dénoncer les remarques ou comportements inacceptables de collègues, pour pas s’afficher « trop à gauche ».
La révolte est bien là, face aux heures supp qu’on nous impose, face à nos conditions de travail, aux bas salaires ; face aux nouvelles attaques de la bourgeoisie aussi (loi travail, ordonnances Macron). Et c’est terriblement frustrant de ne pas pouvoir l’exprimer, en se mobilisant aux côtés de nos collègues embauchés, par la grève notamment. Ne parlons pas de s’organiser dans un syndicat...

La précarité est une arme à double tranchant. Elle aggrave notre exploitation, nos conditions de travail et de vie. Elle nous met en concurrence, elle fragilise notre unité et donc notre capacité à lutter à tous, précaires et embauchés.
C’est unis qu’il nous faut la combattre, et pour cela exiger la titularisation de tout les précaires.

Aujourd’hui, elle est omniprésente : on peut dire qu’elle est structurelle, indispensable au capitalisme. Alors pour nous en débarrasser c’est bien tout un système qu’il nous faudra abattre !

Militant de l’OCML VP

Bulletin N°26 - Décembre 2017
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