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La riposte au gouvernement Macron doit être générale et de classe !

La séquence actuelle n’est pas reluisante et Macron a réussi son coup - pour l’instant. Après le passage des ordonnances et la nouvelle dégradation des conditions d’exploitation qu’il amène, après les annonces sur la baisse des APL, la CSG pour les retraités, même modestes, après la dégradation des services publics dans les communes (écoles, centres de santé, transports, culture, entretiens généraux), la lutte des classes semble anesthésiée.

Sans surprise le mouvement contre les ordonnances n’a pas réussi à reprendre (on avait déjà échoué en 2016, et Macron a été élu sur cette promesse) malgré la combativité du « dernier carré » mobilisé, et l’opposition est actuellement impuissante et divisée. Les tentatives comme celle du Front social d’aller jusqu’au bout à tout prix en débordant les confédérations syndicales, parfois en se déconnectant de la masse des travailleurs, ont échoué. C’est l’échec de l’anarcho-syndicalisme, c’est à dire la focalisation sur l’appel à la grève générale et le fait de ramener le plus grand nombre possible en manifestation, sans travail d’organisation et de conscientisation politique. Ce cycle anarcho-syndicaliste, qui a pris forme au moment de la lutte contre le CPE/CNE en 2006, semble pour l’instant à bout de souffle.
Cela ressemble fort à ce que les anciens ont connu en 1983-1984 avec le tournant de la rigueur de Mitterrand-Mauroy, il avait fallu attendre 1986, la grève à la SNCF et le mouvement contre la loi Devaquet pour pouvoir redresser la tête. Il faut s’y préparer.

Face à cette situation, le gouvernement et toutes les franges réactionnaires (de BHL, Enthoven en passant par Valls et Wauquiez) lancent une offensive raciste, attaquant tout azimut : attaques de Charlie Hebdo et Valls contre Médiapart faisant soit disant le lit de l’islamisme, accusations « d’anti-républicanisme » par le Ministre de l’Éducation contre Sud Éducation 93 sous le prétexte fallacieux qu’ils organisent un stage contre le racisme d’État avec des ateliers non-mixtes, l’interdiction de différentes conférences antiracistes etc.
C’est une véritable offensive pour fragiliser et stigmatiser tout un secteur du prolétariat, et le désigner comme ennemi intérieur en usant tous les amalgames et méthodes crapuleuses.

Parallèlement et heureusement la parole se libère contre le sexisme et le machisme, et c’est extrêmement positif. Il nous faut encourager toutes les mobilisations qui poussent à construire une résistance contre les violences faites aux femmes en remettant également en cause la hiérarchie sociale capitaliste qui fragilise les femmes les plus exploitées et opprimées, et qui protège les harceleurs et agresseurs. Macron vient de déclarer « l’égalité hommes-femmes » grande cause de son quinquennat, la belle affaire : en facilitant les licenciements, en précarisant les femmes prolétaires, la loi Travail et les ordonnances de l’automne ne font que les rendre encore plus vulnérable au harcèlement et aux agressions, notamment des chefs et des patrons.

Mais force est de constater que les enjeux de classe sont absents d’autant que les forces qui se disent « de gauche », ont abandonné ce terrain : la France Insoumise (FI) ne parle plus que des « gens », et des « pauvres », le PC ne parle plus que de « développement humain ». Devant l’échec des propositions anarcho-syndicaliste, la FI a semblé proposer un débouché politique, mais elle même n’offre rien à dehors de la soumission du mouvement de masse à l’opposition parlementaire, proposant juste d’attendre les prochaines élections pour prendre une revanche, mais quelle revanche ? Le député Quatennens a bien précisé que la FI était pour une régularisation des sans papiers seulement limitée à ceux qui travaillent, est-ce cela satisfaire les revendications urgentes du prolétariat ? Non, c’est le maintenir prisonnier de la logique du Capitalisme. Alors que l’urgence est de se battre pour la liberté de circulation !

Il faut le rappeler avec force. Le gouvernement Macron est le gouvernement du grand capital, des monopoles, qui avance à marche forcée pour restructurer l’impérialisme français dans la guerre économique mondialisée. Ce qui pilote toute la société, c’est le capitalisme et l’exploitation, c’est la domination d’une classe par une autre. Domination renforcée par toutes les formes d’oppressions entretenues et accentuées par le capitalisme.
Il ne peut y avoir d’antiracisme, de féminisme, de combat pour l’égalité des droits, contre la précarité et la pénibilité, contre les licenciements et le chômage, contre la misère et pour le droit au logement, contre les injustices et les humiliations dans les entreprises ou les quartiers que sur une base de classe, pour préparer la mise à bas de cette société barbare de fond en comble et sur tous les aspects.
Dès qu’on abandonne ce fil rouge directeur, on rentre sur le terrain glissant des compromissions et des aménagements, des améliorations supposées d’un système brutal, de la petite-bourgeoisie qui ne cherche pas vraiment à le remettre en cause sur le fond…

Plus que jamais, c’est sur une base de classe que nous devons avancer, en mettant au premier plan les intérêts ouvriers et populaires, dans tous les combats.

Bulletin N°26 - Décembre 2017
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