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Une lettre d’ouvriers de l’usine Bic en Grèce

Nos camarades du Parti communiste de Grèce (marxiste-léniniste) – KKE(ml) -, relaient le témoignage d’ouvriers de l’usine du groupe français Bic située dans la banlieue d’Athènes. Cette usine, qui produit 50% des lames de rasoirs vendues par le groupe dans le monde, est présentée comme un modèle de modernité, organisé selon les préceptes du "lean-management".... mais pour la santé des travailleurs, c’est autre chose ! En Grèce également, la bourgeoisie s’acharne à vouloir faire travailler les prolétaires quoi qu’il leurs en coûte au plus fort de l’épidémie. Il n’existe même pas de dispositif de "chômage partiel" dans ce pays. Et le système de Santé y a été ravagé par plusieurs années "d’austérité" radicale. De manière frappante, ce texte fait écho à la situation que vivent bien des ouvrières et ouvriers de France dans leur boîte aujourd’hui.
L’épidémie de Covid-19 a mis au diapason la lutte des classes en Europe !
Nous publions par ailleurs la déclaration du KKE(ml) sur la pandémie dans cet article : http://ocml-vp.org/article2096.html

A l’usine, nous avons touché le fond. Notre santé est aujourd’hui gravement menacée. Par leur attitude, les patrons révèlent de la manière la plus cruelle qu’ils n’ont aucun respect pour nos vies lorsque leur profit est en jeu.

Rien n’a changé dans le process de production. Nous continuons à travailler dépourvus de tout moyen de protection (masques, gants, etc.), ce qui fait courir un grand risque à notre santé et à celle de nos familles. La direction de l’usine a non seulement choisi de la maintenir ouverte, mais aussi de faire faire des heures supplémentaires aux ouvriers et d’augmenter la production. Elle agit comme si de rien n’était et nous demande d’être "calmes" et "patients" sans prendre en considération le risque qu’elle nous fait courir.

La direction est enfermée dans ses bureaux, nous interdisant à nous, les travailleurs, d’y entrer. Elle a ordonné aux cadres supérieurs de ne pas s’approcher de nous. Ils nous traitent comme des sous-hommes, comme si nous n’existions pas. Pour la direction, la vie des ouvriers ne vaut pas grand chose ; elle n’a de valeur que tant qu’elle est utile à la production.

L’usine emploie environ 1200 personnes. Dans chaque bâtiment de l’usine, se relaient trois équipes de 80 personnes chacune, qui utilisent toutes les mêmes machines et outils. La seule, et ridicule, mesure de protection prise est la fourniture de trois bouteilles de gel hydro-alcooliques pour environ deux cents travailleurs. Ces bouteilles sont par ailleurs placées à l’extérieur des ateliers, il faut s’éloigner de son poste pour y accéder (à conditions qu’elles ne soient pas déjà vides). Dans ces conditions, le fait que le nombre de bus qui nous amènent à l’usine ait été doublé ne change rien. Les mesures adéquates font défaut, et celles qui sont mises en œuvre le sont de manière à ce que la production ne soit surtout pas affectée.

De nombreux travailleurs de plus de 60 ans travaillent dans l’usine, et beaucoup d’autres appartiennent aux catégories vulnérables au virus. L’entreprise n’a rien fait pour eux non plus. La direction n’a même pas recensé les travailleurs à risque pour leur faire cesser le travail.

Ces derniers jours, nous avons entendu parler de nombreux collègues tombés malades, peut-être à cause du Covid-19, mais la direction y est indifférente. Elle agit comme si de rien n’était. Il est presque certain que si les mesures de protection ne sont pas prises maintenant, nous allons tous être infectés. L’entreprise en porte seule la responsabilité criminelle.

À l’heure où le gouvernement impose un couvre-feu et nous conseille de rester chez nous et de garder une distance minimale de deux mètres les uns entre les autres, il permet à des usines comme Bic de continuer à entasser les ouvriers dans ses ateliers sans aucun moyen de protection. Ils ne se soucient pas de la vie des ouvriers, qui sont pourtant ceux qui produisent tout dans ce monde. Pour eux, nous ne sommes pas des êtres humains, nous ne sommes que des instruments qui font leur profit. Il est clair que cette pandémie fait apparaître le côté le plus inhumain de la classe dirigeante. Ils n’hésiteront pas à commettre un meurtre de masse pour maintenir les profits du Capital.

La colère juste des ouvriers devrait viser les véritables responsables. Nous devons réclamer d’urgence des moyens de protection. Nous devons être équipés de combinaisons protégeant du virus. Les postes de travail sur lesquels il n’est pas possible de respecter la distance de sécurité entre les ouvriers doivent être arrêtés. Il faut arrêter d’entasser les ouvriers dans les ateliers. Nous devons exiger la désinfection quotidienne de l’usine. Nos collègues vulnérables doivent être protégés, et même s’ils doivent rester chez eux, ils ne doivent perdre ni leur salaire ni leurs droits. PERSONNE NE DOIT TRAVAILLER SANS LES MOYENS DE PROTECTION NÉCESSAIRES. La classe ouvrière ne doit pas être à nouveau sacrifiée sur l’autel du profit. Ce n’est que si nous faisons confiance à notre pouvoir et que nous agissons collectivement que nous pourrons défendre nos droits, et surtout notre droit à la vie.

NOUS NE SERONS PAS IGNORÉS !

NOUS DÉFENDRONS NOS VIES ET NOS DROITS !

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