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Chine maoïste : éliminer les déchets en les revalorisant

Cause du Communisme N°5 - Avril 1982

L’UTILISATION INTÉGRALE CONTRE LA POLLUTION ÉLIMINER LES DÉCHETS EN LES REVALORISANT

par Ki Wei – Pékin Information N°5 – 31 janvier 1972

Chaque jour, l’industrie rejette de grandes quantités de déchets, sous forme de gaz, de liquides et de solides. Dans les pays capitalistes où prédominent la recherche du profit et une production anarchique, ces déchets polluent l’atmosphère, empoisonnent les rivières, et sont devenus une grave menace pour la santé de l’homme, un problème social insoluble.

« Où en est la Chine à ce sujet ? » Des amis étrangers qui ont été témoins des méfaits de la pollution industrielle se sont montrés très intéressés par cette question.

Dans notre pays, les déchets industriels ne sont pas devenus un problème social, car en Chine, pays socialiste qui « part, en tout, des intérêts du peuple », nous pouvons compter sur la supériorité du système socialiste pour empêcher la pollution industrielle en prenant les mesures voulues.

En 1956 déjà, le président Mao formulait la politique pour le développement de l’utilisation intégrale. Appliquer cette politique n’est pas seulement le moyen fondamental pour prévenir la pollution due au développement industriel mais donne aussi une impulsion à l’économie nationale. Durant la grande Révolution culturelle prolétarienne, nous avons critiqué la ligne révisionniste contre-révolutionnaire de Liou Chao-chi et les idées erronées, nées sous l’influence de cette ligne, qui avaient empêché l’utilisation intégrale. Aussi celle-ci est-elle devenue, ces dernières années, un mouvement de masse sur le front industriel. S’appuyant sur la direction unifiée du Parti et l’esprit créateur des masses populaires, beaucoup de villes et d’entreprises ont déployé de grands efforts afin d’éliminer les déchets en les revalorisant. Elles ont pu ainsi récupérer d’énormes quantités de matières premières et de produits pour les secteurs métallurgique, chimique, textile et de la construction, ce qui a contribué non seulement à accroître la production mais aussi à améliorer les conditions sanitaires urbaines et rurales et à protéger la santé du peuple.

Dans l’intérêt du peuple.

Le but de la production industrielle socialiste n’est pas le profit mais bien la prospérité du pays et le bonheur du peuple. La pratique capitaliste qui consiste à ne rechercher que le profit en se désintéressant du tort causé au peuple par la pollution industrielle n’a rien à voir avec le socialisme.

Les déchets industriels ne doivent pas nuire à la population et doivent pouvoir être revalorisés. C’est là une condition indispensable à laquelle doit répondre l’édification industrielle, depuis l’urbanisme, la disposition et le choix des emplacements d’usines jusqu’aux processus technologiques. Une nouvelle entreprise industrielle n’est pas autorisée à entrer en production si elle n’est pas pourvue des installations nécessaires pour un traitement adéquat de ses déchets. Les anciennes entreprises qui n’ont pas encore résolu ce problème y travaillent activement.

Les eaux résiduaires contenant du phénol de l’Usine générale de produits chimiques de la Société sidérurgique d’Anchan, qui est une vieille entreprise, causaient des dommages aux cultures et aux produits aquatiques et nuisaient à la santé publique. Fallait-il éliminer le phénol des eaux résiduaire ? Les ouvriers et les paysans pauvres et moyens-pauvres étaient pour. Ceux qui étaient engagés dans la voie capitaliste étaient contre et disaient : « Pas question de travailler à perte ».

Durant la grande Révolution culturelle, le comité révolutionnaire de l’usine organisa les membres de son personnel pour qu’ils étudient les enseignements du président Mao et critiquent à fond la ligne révisionniste de Liou Chao-chi, laquelle exhorte à « faire des efforts proportionnels aux profits et ne faire aucun effort lorsqu’il n’y a pas de profit », autrement dit, « le profit avant tout ». La question du phénol devenait ainsi une question de principe, celle de « qui servir » : Fallait-il ou non soutenir l’agriculture et consolider l’alliance des ouvriers et des paysans ? Après être parvenus à une compréhension identique du problème et avoir mis en commun leurs compétences et leurs forces, ils ont élaboré rapidement le plan d’une installation pour la digestion bactérienne du phénol contenu dans les eaux résiduaires, transformant ainsi quelque chose de nuisible en quelque chose d’utile.

L’entreprise socialiste est différente de l’entreprise capitaliste, et sa nature lui interdit de ne considérer que l’aspect économique sans envisager l’aspect politique, que les intérêts de sa propre unité sans considérer les besoins de l’ensemble. Dans la mise en œuvre de l’utilisation intégrale, les ouvriers de l’Usine générale d’impression et de teinture de l’Anhouei, après avoir critiqué l’idée erronée de considérer le traitement des eaux résiduaires comme « un fardeau supplémentaire » et « non rentable », sont parvenus à une meilleure compréhension du fait que l’économie nationale en régime socialiste est une entité. Pour juger si une chose est rentable ou non, il faut partir des intérêts de l’ensemble. Une chose qui n’est pas rentable pour une entreprise peut l’être pour l’ensemble. Dans l’esprit révolutionnaire de faire tout ce qui est profitable pour le peuple, les ouvriers ont travaillé de concert avec les membres des communes populaires et les enseignants et étudiants d’un institut d’agronomie et ont réalisé à la suite de maintes expériences le traitement biochimique des eaux résiduaires de l’usine d’impression et de teinture en recourant à l’oxydation et à la dégradation des substances polluantes par des micro-organismes.

Utiliser les ressources au maximum.

L’utilisation intégrale, c’est non seulement la lutte contre la pollution mais aussi une politique économique importante pour l’édification socialiste en Chine. Les gros efforts accomplis dans ce sens permettront d’utiliser au maximum toutes les ressources. Cette politique est appliquée dans la conception et la construction de nouvelles usines ainsi que dans la transformation technique des vieilles entreprises. Tout en fabriquant leurs produits principaux, les usines sont encouragées à diversifier leurs activités.

A Shanghai, la plus grande ville industrielle de Chine, l’utilisation intégrale s’est rapidement développée, sous la direction des comités révolutionnaires aux divers échelons, selon un plan unifié et grâce à une mobilisation des masses. Étant donné qu’il y a de nombreux arrondissements industriels dans la ville et que les usines sont relativement concentrées dans certains d’entre eux, la ville a porté en premier lieu ses efforts sur les arrondissements industriels de Peisinking, de Wousong, de Taopou et de Nansiang où les déchets étaient comparativement plus importants. En même temps, elle a coordonné l’activité des usines pour intensifier la lutte anti-pollution. L’Usine de résines de Shanghai et l’Usine de produits chimiques Liaoyuan et 27 autres usines de l’arrondissement de Peisinking ont conjointement présenté plus de 200 suggestions sur l’utilisation des déchets. A l’heure actuelle, plus de 90 d’entre elles ont été appliquées et plus de 200 tonnes de substances récupérées. L’Usine de résines de Shanghai a besoin d’une grande quantité d’acide sulfurique et d’acide chlorhydrique pour la fabrication d’un dérivé chloré de l’éther diméthylique. Coopérant avec l’Usine de produits chimiques Liaoyuan, elle le fabrique maintenant à partir des gaz de rebut que celle-ci lui fournit. Ainsi, non seulement les rebuts sont utilisés, mais encore plus de 4 000 tonnes d’acide sulfurique et d’acide chlorhydrique peuvent être économisées.

Par la pratique, les travailleurs ont compris que l’utilisation intégrale peut être largement développée. L’année dernière, les secteurs industriels de la ville ont retiré environ 1,4 million de tonnes de substances chimiques des liquides résiduaires et ont pu utiliser 70 % des déchets solides d’où 20 à 30 sortes de métaux rares et précieux ont été extraits.

En comptant sur leurs propres efforts et en recourant aux moyens du bord, les ouvriers de la Papeterie Hongki, dans la banlieue de Hangtcheou, ont établi, après 40 jours de travail acharné, un atelier qui produit journellement 200 tonnes d’humate d’ammonium à partir des liquides résiduaires rejetés par l’entreprise. Ce produit peut non seulement être utilisé comme engrais mais aussi comme insecticide, et est profitable aux cultures avoisinantes.

Après avoir étudié les œuvres philosophiques du président Mao, les ouvriers, paysans et soldats ont accru leurs connaissances, élargi leur horizon et élevé leur capacité de connaître et de transformer le monde. Les ouvriers d’une usine de produits chimiques étaient persuadés que les déchets industriels ne pouvaient qu’être dispersés dans l’atmosphère, éliminés par des conduites souterraines ou déversés dans la mer. En étudiant la dialectique matérialiste, ils ont compris que le concept « un se divise en deux » s’appliquait aussi à ces déchets qui pouvaient de ce fait être revalorisés dans certaines conditions. Aussi, pratiquent-ils avec enthousiasme l’utilisation intégrale. L’esprit se transforme en matière. Ces dernières années, ils ont produit des polycristaux de silicium, des huiles de silicones, des diodes etc.

La capacité de l’homme de connaître et de transformer le monde objectif est sans limite et il en est de même de l’utilisation des déchets industriels. Une usine, qui utilise des graines de coton comme matière première, employait autrefois les téguments restants comme combustibles mais par la suite, les ouvriers sont parvenus à en extraire du furfurol, puis à isoler l’acétone contenue dans les gaz émis au cours de la production du furfurol et du glucose dans le résidu et enfin de la glycérine, du butane, de l’alcool et du glutamate de sodium (aromate connu sous le nom de weitsing) dans le résidu après extraction du glucose. Il n’y a donc pas de limites à cet égard. Ils sont persuadés que tout a de la valeur ; il y a seulement du matériel non utilisé et il n’y a pas de rebut absolu qui ne puisse être valorisé. Ce sont des expériences scientifiques continues qui leur ont permis d’extraire d’importants produits des déchets successifs.

Une voie plus large.

Le principe de l’utilisation intégrale s’implante profondément dans l’esprit des gens et est matérialisé dans les actes de millions et de millions d’hommes. Une grande attention a été ou commence à être accordée à ce principe et cela dans chaque secteur, de l’industrie de transformation à l’exploitation minière et à la métallurgie, de l’industrie lourde à l’industrie légère, et de l’industrie au commerce.

Le développement de ce type d’utilisation a rapidement brisé le cadre de l’ancienne division du travail entre les différents secteurs industriels et la ligne de démarcation entre les différentes branches et entreprises. Une usine devient plusieurs, une matière première est utilisée de plusieurs façons, une pièce de machine est employée à de nombreuses fins, un ouvrier est capable d’exécuter un grand nombre de travaux et une usine peut produire un grand nombre d’articles tout en se consacrant principalement à la fabrication d’un produit. On peut obtenir ainsi de meilleurs résultats avec une main-d’œuvre, un équipement et des ressources limités. En utilisant les déchets, l’Aciérie de Talien a, par ses propres efforts, construit dix petites usines qui fabriquent plus de 20 produits. L’Établissement vinicole de Pékin utilise ses déchets pour la production expérimentale d’hydrogène, de chlore, d’hélium, de polycristaux de silicium, de triphosphate d’adénosine, d’insecticide bactériologique 4-24 et d’hormone à usage agricole, combinant ainsi les industries légère, chimique et électronique et les produits pour soutenir l’agriculture.

Le mouvement pour l’utilisation intégrale a mobilisé toutes les forces possibles et favorisé le développement des petites industries locales. Beaucoup de villes, districts et entreprises ont organisé des ouvriers retraités, des ménagères et d’autres personnes n’appartenant pas à la force de travail régulière et leur apprennent à utiliser les déchets des grandes usines comme matières premières. De petites usines gérées par des organisations de quartiers, écoles, districts, villes ou équipes de production ont été mises sur pied. Certaines de ces petites usines fabriquent des produits d’avant-garde.

Les masses de l’arrondissement de Tangkou relevant de la municipalité de Tientsin ont créé des dizaines de petites usines de produits chimiques qui fabriquent de nombreuses sortes de produits à partir des déchets des grandes usines. Les eaux usées de la Fabrique de soude de Tientsin sont utilisées par une petite usine pour produire du chlorure de calcium ; le résidu est utilisé par une autre petite usine pour produire du sel industriel ; les déchets sont utilisés par une autre petite unité, une usine dirigée par une école secondaire, pour produire du chlorure de sodium utilisé comme réactif. Chaque chose est utilisée à plein.

Les secteurs commerciaux dans les bourgs et villes vont dans les usines, quartiers et villages à la recherche des déchets. Ils les transforment ou les remettent aux petites usines comme matières premières,

Le principe de l’utilisation intégrale reflète correctement la loi objective du développement de la production. Sous le système socialiste où les travailleurs sont leur propre maître, saisir et utiliser cette loi permet non seulement de mettre fin à la pollution mais aussi d’imprimer un développement considérable à la production, créant ainsi de nouvelles richesses pour l’État. A présent, les techniques de production en Chine sont encore relativement arriérées et l’utilisation intégrale n’en est qu’à ses débuts. Cependant, à la lumière de la ligne révolutionnaire du président Mao, de vastes perspectives s’offrent à ce type d’utilisation.

Publié dans « De la Révolution Culturelle au X° Congrès du PCC » – Gilbert Mury – Tome 2 p103

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