Pas facile de vivre sa folie au Québec ou ailleurs tout en menant sa mission prolétarienne

Nous publions ci-dessous un texte atypique, le témoignage en forme de testament d’un militant maoïste dont la santé mentale était affectée depuis très longtemps. Atypique, mais extrêmement émouvant dans l’engagement communiste, malgré les difficultés de la maladie.
Ce camarade québécois, décédé en octobre dernier, avait longuement réfléchi sur lui-même, sa maladie, son militantisme et le rapport entre tout cela. On sait que le marxisme n’a que très peu avancé sur le sujet, bloqué dès l’origine par les contradictions entre Marx et Freud, et que rares ont été les chercheurs à oser reprendre la réflexion.
Lors de son décès, nous avions envoyé un message à ses camarades de la Maison Norman Béthune au Québec, ci-dessous en encadré.

le document complet à télécharger au format pdf.

Nous avons appris avec tristesse le décès du camarade Claude Gingras.

Nous ne nous connaissions pas physiquement, mais voilà plusieurs décennies que nous étions en relations politiques, par-delà les continents et les océans.
La création de En Lutte ! au Canada en 1972 et celle de Pour le Parti en France en 1976 relèvent de la même période, et la recherche de liens internationaux, facilités par la même langue parlée, avaient permis l’établissement de liens informels.

Claude Gingras avait toujours suivi avec intérêt le développement de notre organisation et était un fervent diffuseur de nos publications, de longue date.
A la veille de sa mort, il nous faisait parvenir par son frère deux longs textes, dont le premier était une note de lecture fouillée du numéro 15 de notre magazine Partisan, sur les toxiques chimiques et la chimie capitaliste.
Le deuxième document est un long texte très émouvant sur le combat contre la maladie mentale d’un militant communiste conscient. Le combat pour ne pas se laisser submerger par la peur, mais aussi la réflexion approfondie dans un domaine où le marxisme n’a jamais brillé par ses avancées, et enfin l’engagement militant prolétarien pour se maintenir ferme sur un chemin difficile. Althusser, Badiou, Tom Thomas, le post-modernisme, l’anti-psychiatrie, la construction d’un parti prolétarien, la constitution d’un mouvement alternatif et de défense des droits en santé mentale faisaient partie de ses préoccupations critiques permanentes. Claude Gingras n’était pas un militant figé sur ses certitudes, mais jusqu’à la fin un vrai communiste à la recherche des voies nouvelles de la révolution.

Nous militants de l’OCML Voie Prolétarienne saluons la mémoire de Claude Gingras.
Nous assurons ses proches, ses enfants, de notre affection pour leur dire que leur familier était véritablement quelqu’un hors normes, au-delà de toutes les difficultés qu’il a vécues et partagées.
Nous saluons ses camarades de combat et de lutte, dans la situation difficile pour la reconstruction d’un Parti Prolétarien au Canada.

Vive l’internationalisme prolétarien !
Les grands hommes – et femmes - sont immortel.le.s, pourvu que nous sachions poursuivre leur chemin et faire vivre leurs réflexions !

OCML Voie Prolétarienne (France) – le 15 novembre 2022