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Première Marche pour l’Egalité et contre le Racisme

Pour le Parti N°63 - Novembre 1983

Les marcheurs sont partis de Marseille le 15 octobre. Quelques dizaines de jeunes déterminés à faire le tour de tous les endroits de France où se pose le problème du racisme anti-jeunes immigrés, ils seront à Paris le 3 décembre.

L’origine de cette marche ? Après la tentative d’assassinat de Toumi Djaidja aux Minguettes, le problème de la riposte est posé. Faut-il manifester, s’organiser pour se défendre et risposter aux provocations policières, dire haut et fort d’où vient la violence et réfléchir sur comment s’y opposer ? Non, répondent les curés et les pasteurs de la CIMADE et du MAN. Il faut montrer que nous sommes pacifiques. Il faut refuser la violence. Il faut convaincre les « pouvoirs publics », la police, tout le monde qu’il faut qu’ils arrêtent de nous tirer dessus. Aimez-vous les uns, les autres. Amen.

Ce discours a un certain impact chez les jeunes. Le refus absolu de toutes les forces politiques traditionnelles (CFDT, PS, PC, travailleurs sociaux...), de soutenir toute riposte tant soit peu musclée, notre faiblesse numérique réelle, la perte de confiance, tout cela fait que le discours catho l’emporte. Et la marche s’organise.

L’appel de la marche reflète d’ailleurs cette ambiguïté. Vague, humaniste, sans mot d’ordre concret comme refus des expulsions, refus de la fermeture des frontières, par exemple.

A tel point que même la FASTI (Fédération des Associations de Soutien aux Travailleurs Immigrés) qui soutient la marche a jugé nécessaire de sortir un journal spécial donnant un contenu concret à la revendication d’égalité des droits.

Un peu partout en France des comités d’accueil aux marcheurs se sont formés. Ces comités seront ce que leurs participants en feront. Bien évidemment. Mais il est sûr que dans la période actuelle d’intense attaque contre les immigrés, pas mal de gens regarderont cette initiative avec sympathie. Et qu’il y aura des débats autour des marcheurs.

Nous pensons donc qu’il faut participer à cette mobilisation. Intervenir dans les rassemblements autour des marcheurs, débattre de nos positions, proposer des formes concrètes de lutte contre le racisme, contre la division, contre l’austérité.

Le numéro spécial « Nationalité : ouvrier » doit pouvoir être un instrument pour mener ce débat. Que nos lecteurs le diffusent, qu’ils impulsent des débats autour, sur des positions de classe claires, en refusant le brouillard humaniste des curés de la CIMADE.

Refuser de laisser croire qu’en marchant on « convaincra Mitterrand de tenir ses promesses ». Montrer les enjeux, les intérêts de chacun.
La marche sera aussi ce que nous en ferons.

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