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La « tendance à la Réaction », c’est quoi ?
Bulletin Partisan N°40 - Octobre 2023
La société française vit, depuis des années, une « Tendance à la Réaction ». Son symptôme le plus flagrant, c’est la progression électorale des partis d’Extrême-droite. Cette progression s’accompagne d’une « droitisation » du débat public, l’espace médiatique et les discours politiques sont saturés par les réacs de tout poil. Et beaucoup (trop) de prolétaires sont influencés par ces idées. Les libertés démocratiques sont remises en cause, le thème de la « restauration de l’Autorité » est à la mode. Les immigrés, les LGBT, les contestataires, les jeunes prolétaires des quartiers, sont pris pour cibles de manière de plus en plus violente. La répression policière impunie se déchaîne contre notre classe.
En vrai, cette tendance est « naturelle » dans un pays capitaliste impérialiste. Elle vient du fait que nos capitalistes ont réussi à « acheter » une partie de la population (les classes moyennes, mais aussi des prolétaires) avec quelques avantages. Ainsi cette population a tendance à défendre SON impérialisme et à adopter SON point de vue : chauvinisme, individualisme, sexisme, recherche du compromis avec les exploiteurs... et toutes les idées bourgeoises réactionnaires. Les idées dominantes dans une société sont les idées de la classe dominante. Cela s’aggrave en période de crise, comme c’est le cas pour l’impérialisme français aujourd’hui en perte de vitesse face à ses concurrents. Même des partis issus du mouvement ouvrier (PC) se sont ralliés à la logique capitaliste.
Cette diffusion des idées réactionnaires est bien entendu un bon filon électoral, repris de Roussel à Zemmour en passant par Macron : lancez une polémique pourrie sur l’abaya, les allocations familiales ou les personnes trans, et vous êtes certains d’avoir l’oreille d’une bonne part des médias et de l’électorat. C’est bien sûr une manière d’esquiver la critique du Capitalisme. C’est une manière de faire accepter la violence de la restructuration économique et sociale, de la militarisation et de la guerre, sous prétexte de « serrer les rangs » de la Nation (menacée par on ne sait quoi) dans la concurrence mondialisée.
Les réformistes nous chantent que le gouvernement est faible, qu’il ne tient que par la police. C’est faux. Certes, il y a besoin d’une répression féroce contre les empêcheurs d’exploiter en rond, syndicalistes, écologistes radicaux, jeunes en colère. Mais le gouvernement n’est pas fragile, il est fort parce que les idées réactionnaires désarment l’opposition à sa politique. Et cela ne va pas s’arranger tout seul. Vue la progression du RN, on s’achemine probablement vers un gouvernement de coalition entre la Droite et l’Extrême-droite un jour ou l’autre. C’est ce qui s’est passé en Italie ou en Autriche. Ce ne sera pas le Fascisme, mais l’occasion d’appliquer une politique pro-capitaliste et anti-ouvrière encore plus dure.
Le gouvernement Macron est très impopulaire, mais tant que régneront la résignation et l’individualisme dans notre classe, la colère restera stérile. Il faut à la fois mener une bataille sans merci contre ces idées réactionnaires et nous donner des perspectives d’organisation politique indépendante.