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Parti

Partisan N°249 - été 2011

Le marxisme, c’est pas sorcier

ORIGINE
Le mot vient du latin « pars, partis », une part. Les mots « parti » et « partie » (avec un E) ont la même origine. La société comprend des riches et des pauvres, des profiteurs et des travailleurs, de quelle partie êtes-vous ? Le parti, c’est d’abord la partie : la classe.
Le mot « partir » est de la même famille. Partir, c’est se séparer ; comme « répartir », faire des parts. Créer un parti, ce n’est donc pas d’abord se rassembler, le plus nombreux possible, c’est se séparer ! Quitter les partis bourgeois et petits-bourgeois. Déclarer son indépendance de classe !

SIGNIFICATION
La première organisation ouvrière internationale, la Ligue des Justes, avait pour mot-d’ordre « Tous les hommes sont frères ». Une ligue ouvrière, mais humaniste. En 1847, Marx et Engels écrivent pour elle le Manifeste du Parti communiste, affirmation du rôle historique unique du prolétariat.
En 1864, c’est la création de l’AIT, association internationale des travailleurs. Association, et non parti. « Il fallait », écrit Engels en 1888, » que l’Internationale eût un programme assez large pour être accepté par les trade-unions anglaises, par les disciples de Proudhon en France, en Belgique, en Italie et en Espagne, et par les Lassalliens en Allemagne ». Bref, progrès dans l’organisation, mais limites dans la conscience : culte de l’Etat chez Lassalle, de la petite coopérative chez Proudhon.
Pas encore d’articulation claire non plus entre lutte pour les intérêts immédiats et lutte à long terme, entre lutte économique et lutte politique. C’est Lénine, puis la faillite de la IIe Internationale en 1914, qui obligeront à rejeter l’idée de parti communiste de masse, à montrer que syndicats et organisations larges passent spontanément de la réforme au réformisme, et que le parti communiste ne peut être, sous la domination capitaliste, qu’un parti d’avant-garde. Le prolétariat est révolutionnaire ou il n’est rien, affirme Marx ; et le parti du prolétariat n’est majoritaire que dans la révolution, constate Lénine.

LES MOTS QUI SERVENT À CAMOUFLER
Première déformation, garder l’appellation « parti communiste » mais la vider de son contenu. Parler de « parti du peuple tout entier » (Khrouchtchev), de « salariés », de travailleurs manuels et intellectuels, etc. Cibler les « monopoles », la grande bourgeoisie, et faire la part belle aux petits patrons en commençant par les paysans et les artisans. C’est la version réformiste, électoraliste.
Elle dilue le parti jusqu’à en faire un parti « communiste »... bourgeois.
Autre version : rejeter carrément la notion de parti parce qu’elle inclut celle d’avant-garde, et parce qu’admettre une avant-garde, ce serait déjà reconstituer une nouvelle bourgeoisie. Ne pas vouloir sortir de la masse, de la base et de la lutte immédiate. Admettre les soviets mais pas les Bolcheviks. Version libertaire, plus radicale, mais qui peut compléter et cohabiter avec la version réformiste. Et ne permet pas non plus à la classe ouvrière de préparer sa victoire dans la lutte des classes.

POUR EN SAVOIR +
• Manifeste du Parti communiste, avec les préfaces de Marx et Engels.
• Dictionnaire critique du marxisme Labica-Bensussan
• Les 100 mots du marxisme, Gérard Duménil, Que sais-je ?
• Plate-forme politique Voie Prolétarienne, Cahier n° 4

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